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mardi, 10 mars 2020 13:46

Une femme blessée. Jn 4, 1 sss.

Fait étonnant dans l'Évangile de Jean, Jésus commence sa vie publique dans un pays païen qui a rejeté toutes formes de pratiques religieuses du temps et que l'on appelle souvent les "maudits." C'est dans ce pays que Jésus s'assoit au puits de Jacob pour demander de l'eau. Une femme vient cueillir l'eau pour ses besoins. Cette femme est blessée. Elle fut rejetée par cinq maris déjà et pour éviter les commérages elle vient le midi alors qu'il n'y a personne au puits.

Mais ce jour-là, au puits, il y a un homme, un juif qui a l'audace de lui adresser la parole brisant les traditions de son temps où un juif ne parle pas à une femme en public et surtout pas une païenne.  Jésus conteste les coutumes de son temps, mais peut être aussi que Jésus s'adresse à une païenne parce que les païens seraient plus réceptifs que les bons religieux juifs prisonniers de leurs structures et traditions. Il accueille cette femme au niveau de sa perosnne et non de son agir. Jésus l'accueille comme un être humain blessé par la vie et les lois des hommes. Ce qui compte pour Jésus n'est pas l'agir mais la personne humaine. Il l'accueille non comme une pécheresse, mais comme un être blessé qu'il faut guérir et aimer. Quelle belle exemple Jésus nous donne pour nous aujourd'hui dans l'acceuil des personnes qui ont pris des distances à l'égard de l'Église.

Jésus accueille cette femme au bord d'un puits, lieu de l'eau, lieu de la vie. Jésus part de sa soif personnelle pour conduire la femme à ses soifs intérieures, soif d'être aimée et d'aimer, soif d'être reconue comme être humain créée à l'image de Dieu. "Si tu savais le don de Dieu," Si tu connaissais cette eau spirituelle déposée en toi et qui pourrait te satisfaire. l'eau du puits est extérieure, mais l'eau déposée en toi est intérieure, vient du dedans et ne s'épuisera jamais. Tu n'aurais plus jamais soif. Pas besoin de venir au puits, il s'agit de laisser monter cette eau de l'intérieur. Jésus nous apprend à ne pas juger à partir de l'extérieur mais à partir de l'être, de la personne.

Cette femme accueillie, aimée, respectée pour ce qu'elle est, laisse sa cruche, et part annoncer la merveille qui l'habite. elle laisse ses peurs, sa culpabilité donnée par les autres et va la tête haute annoncer le Messie qu'elle vient de rencontrer. Elle vient de passer de l'amour purement humain, amour possessif qui dégrade à un amour vrai, un amour qui redonne sa dignité et sa valeur. Jésus nous donne une magnifique leçon  d'évangélisation.

Jésus vient de briser le mur entre les juifs et les samaritains en répondant à la soif de l'unité, de l'accueil sans condition, du respect et de la reconnaissnce. L'accueil de Jésus a cette femme brisée par la vie, les lois et les mentalités humaines est un exemple que nous devons méditer profondément dans notre contexte de société. Jésus l'accueille comme un mendiant en lui demandant un service. Il entre d'abord en relation avec elle. C'est une rencontre d'amour. L'époux divin entre en relation avec ceux et celles qui viennent puiser l'eau au puits de l'Amour. Il n'arrive pas avec des doctrines mais comme un mendiant qui a besoin de l'autre.

La réponse de la femme à la question de Jésus: "Je n'ai pas de maris," c'est le cri d'angoisse des femmes violentées, violées, qui sont seules et qui ont soif d'un amour vai et respectueux. Ce cri, nous l'entendons encore trop souvent aujourd'hui.  C'est le cri des personnes surtout les enfants mal aimés, maltraités, abusés, qui cherchent un peu de respect et d'amour et qui demandent que nous fassions quelque chose pour eux. Jésus vient nous révéler qu'au creux de toute relation humaine, il y a un coeur humain fait pour aimer et être aimé. Jésus veut nous faire comprendre qu'avant l'acte posé ou subit, il y a une personne blessée à acueillir et aimer. Ceci vient questionner, il me semble, nos célébrations du sacrement du pardon qui doivent être non le sacrement de l'AVEU mais la célébraiton de l'amour miséricordieux du Seigneur.  

Une fois ses soifs reconnues et satisfaites, cette femme part à la rencontre des gens pour leur annoncer la merveille qu'elle vient de vivre. Elle est devenue témoin de l'accueil de Jésus Christ. Elle vient nous révéler que si nous sommes désaltérés à cette source de l'amour déposée en nous, nous pourrons espérer aider les autres dans leurs soifs d'amour, de respect et de liberté.

Et Jésus ajoutera cette phrase merveilleuse: "Ce n'est plus au temple ou sur la montagne que vous adorerez, mais en esprit et en vérité." La source d'eau est en nous, le Divin est en nous, c'est là d'abord qu'il faut l'adorer. Une  nouvelle façon d'entrer en relation avec le Seigneur vient d'être annoncée. Nous sommes des tabernacles vivants et nous devons éviter d'enfermer le Christ ressuscité dans nos églises.

Cette rencontre nous donne une façon merveilleuse d'évangéliser. C'est la mission que Jésus nous a donné le jeudi saint: "Faites ceci en mémoire de moi." Ce que je vient de faire avec vous, rendez-le vivant, présent et agissant au coeur du monde. Aller à l'Eucharistie, c'est s'asseoir au puits de l'amour du Christ pour se désaltérer en vue de la mission de faire découvrir cet amour inconditionnel déposé dans le coeur et la vie de chaque être humain. Cette merveilleuse aventure d'amour est venu jusqu'à nous et il nous apprtient de la continuer.