Imprimer cette page
lundi, 30 novembre -0001 00:00

Un cri du coeur. Mth 15, 21-28.

Avec ses disciples, Jésus s'en va faire une petite randonnée dans un pays étranger et païen: Tyr et Sidon. Ils avaient besoin d'un peu d'air frais et de paix. Mais voila que le cri d'une femme dérange ces bons messieurs. Elle est une étrangère, une païenne, ce n'est certes pas pour ces gens là que Jésus est venu. Il est venu pour les enfants d'israël.

Lorsqu eje suis arrivé comme vicaire, il y a de cela 50 ans, un soir, j'étais allé isiter une jeune famille que j'avais rencontrer sur le terrain des sports. Le  lendemain, au déjeuner J'étais heureux de raconter ma visite au curé. Il me répond brusquement: ces gens ne paient pas de dime et ne viennent pas à la messe, on n'est pas pour s'occuper d'eux. Je suis resté un peu abasourdi. En lisant l'Évangie de ce jour, ce souvenir m'est remonté à la surface. Comme pour Jésus Christ, il nous a fallu faire un bout de conversion.

Le cri de la Cananéenne dérange les disciples qui veulent la renvoyer. Mais madame est tenace. C'est le cri du coeur. Ce cri fait avancer Jésus en l'obligeant d'ouvrir sa mission aux païens. Merveilleux mnistère de la femme dans la communauté: ouvrir notre coeur aux besoins des autres et comme le dit le prophète Isaïe, que la maison de Dieu soit une maison pour tous les peuples. Le cri de la Cananéenne est le cri d'un coeur de mère. L'Église est une mère, nous dit le Pape François, elle doit donc accueilllir et parler comme une mère. Jésus pourra lui dire«; "Que tout se passe comme tu le veux."

Le cri de cette femme aujourd'hui est celui des mères impuissantes devant la maladie de leur enfant, comme la télévision nous le rapporte souvent; c'est le cri des réfugiés qui cherche un peu d'amour et de paix; c'est le cri du pauvre et de l'opprimé qui essaient de survivre dans un monde dominé par l'argent et le pouvoir. C'est un cri qui dérange et que nous aimerions faire taire.

C'est aussi le cri des chrétiens et chrétiennes qui ont délaissé la pratique sacramentelle et se retrouve devant un vide. Ils sont à la recherche de spiritualité et de sens. comme Jésus Christ nous sommes confrontés à ce cri de nos frères et soeurs et nous avons besoin de conversion pour accueillir ce cri et non l'ignorer.

Jésus a accepté de se laisser déranger par ce cri du coeur d'une mère. C'est non seulement un cri de foi, mais surtout un cri d'amour. La réponse de Jésus me fait penser au chant de Nicola Ciconne: Je t'aime tout court. Jésus aime cette femme comme elle est, un être humain rempli de l'Esprit Saint. C'est le regard que le Seigneur nous invite à poser sur les autres: les aimer tout court, pour ce qu'ils sont et non ce qu'ils font. N'oublions pas que ce cri qui nous dérange aujourd'hui est aussi le cri du Christ  présent dans nos  soeurs et nos frères humains.

Ceci nous fait comprendre également que la religion avant d'être une rencontre de foi est une rencontre d'amour. Que la maison de Dieu que je suis soit une maison pour tous les peuples.