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lundi, 11 septembre 2017 21:00

Les fruits de la miséricorde.

Un jour en 1566, Antonio Ghislieri fut élu Pape et prit le nom de Pie V. A cette  époque, le Pape s'ahabillait comme les Cardinaux. Comme ce nouveau Pape était dominicain et  que leur costume était blanc, il voulut conserver son costume comme Pape. Il voulut rester fidèle à ce qu'il était: Voyez d'où je viens, ce que je suis et c'est ainsi que je veux servir l'Église. Être fidèle à ce qu'il est, à ses valeurs, à sa passion, c'est ce que fit Jésus et aussi ce à quoi nous sommes invités à notre tour.

L'Évangile d'aujourd'hui nous y invite aussi, Mth 18, 21-25. Prenons conscience d'abord que nous sommes tatoués de l'Esprit même de Dieu, porteurs du divin en nous. Notre agir doit révéler cette réalité ou du moins nous devons nous y rapprocher le plus possible. Ma vie doit être animé par cette passion intéreure qui était celle même de Jésus durant toute sa vie.

Le pardon ne se mesure pas à la quantité comme le pense Pierre. Le pardon ne vient du dehors imposé par des lois ou des comportements, il vient du  dedans comme la respiration. Dans la mesure où je suis conscient que je suis animé de l'Esprit même de Dieu que mon agir sera en accord avec ce que je suis. Je ne peux seul donner des pardons. J'ai besoin du divin qui m'habite.

Donner véritablement un pardon, être miséricordieux envers quelqu'un qui m'a blessé, c'est être capable de s'abaissé jusqu'à la blessure de l'autre pour l'accueillir,  se relever ensemble et aller plus loin. Ne serait-ce pas ce que Jésus a fait avec la femme accusée d'adultère, avec la samaritaine, Pierre après son reniement? Jésus les a rejoint là où ils étaient pour les conduire plus loin.

Un jour, je faisais la visite paroissiale comme vicaire, j'entre dans une maison. La Dame est seule. Je me présente, elle m'indique un fauteuil où je m'assois. La Dame prend un tabouret et va s'asseoir à la télé dos à moi. Nous ne sommes que les deux dans la pièce. L'homme rentre et s'assoit sans un mot. J'essaie de lier conversation, impossible. Soudain la Dame ferme la télé et vient s'asseoir devant moi et j'ai eu droit à une bonne "volée de bois vert." Les sacrements, les curés, les évêques, tout y a passé. Intérieurement, je ne savais plus quoi faire. Plusieurs familles m'attendaient, Après 40 minutes, je me suis levé, me suis excusé que je devais partir, je donne la main à la Dame et lui dit: Vous avez du beaucoup souffrir de l'Église pour avoir autant de colère en dedans de vous. Ils ont paru un peu étonnés de ma réactio et me disent: Monsieur revenez donc nous voir, on aurait besoin de parler avec vous. Oui, je reviendrai. J'étais entré chez des inconnus et je repartais avec deux amis. Ne serait-ce pas là les fruits de la miséricorde?

Rester fidèle à soi-même, être capable d'aller rejoindre la souffrance de l'autre pour avancer ensemble, n'est-ce pas la leçon de l'Évangile? Il ne s'agit pas de compter le nombre de pardon. La pire injure à faire à quelqu'un sera certes de ne pas écouter sa souffrance. Cette souffrance sort de travers parfois, plus la plaie est béante, plus ce sera difficile à guérir.

Dans cette parabole, Jésus expose sa façon de voir la vie en communauté. La communauté chrétienne est une école de vie et une école de pardon. Pour le réaliser, il est essentiel de se laisser imprégner de la miséricorde et de l'amour du Christ Jésus. Un pardon qui vient du coeur, un pardon sans limite participe au pardon divin. Nous devons laisser entrer la miséricorde Dieu dans tous les recoins de notre être, c'est le seul moyen de nous rendre capable d'un pardon sans limite.