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vendredi, 19 février 2016 15:45

Au moment d'être livré

Ce matin à l'Eucharistie, j'ai répété le mot: "Au moment d'être livré", je me suis arrêté un moment pour réfléchir au moment où aujourd'hui en 2016, Jésus est encore livré. Hier on nous apprenait l'état lamentable dans lequel des inuits étaient gardés dans les cellules du poste de police de leur région: au moment où il fut livré... Je pensais à la souffrance des  victimes de pédophilie qui sortent de l'ombre de plus en plus nombreux: au moment où il fut livré ... Je pensais à toutes ces femmes disparues et victimes d'un système patriarchal: au moment où il fut livré ... Je pensais à tous ces ouvriers que l'on jette sur le carreau  comme de vieilles guénilles: au moment où il fut livré ... Je pensais à tous ces hommes de pouvoirs plus rapides à défendre leur poste que les personnes: au moment où il fut livré ...

Nous pourirons allonger la liste. La Passion du Christ d'il y a 2000 ans est terminée, celle d'aujourd'hui continue. Notre chemin de croix, ce n'est pas à l'église devant des images que nous devons le faire mais devant chaque maison de souffrance, d'injustice, d'intimidation ... Comme chrétiens supposément disciples du Christ, ne nous donnons-nous pas trop vite bonne conscience à genoux dans l'église alors que le Christ est toujours livré autour de nous? jean Vanier disait: "Si tu ne peux pas t'agenouiller devant les crucifiés de la vie, tu ne peux le faire en vérité devant le Grand crucifié".

Le Christ a donné une mission, une passion à vivre et nous en avons fait un rite. Au moment où il fut livré Jésus nous a envoyés en mission dénoncer l'injustice, défendre le pauvre, la veuve et l'orphelin et nous nous sommes repliés sur les sacrements. La porte de la miséricorde à ouvrir ne serait-elle pas celle du coeur et non de béton? Ce matin, j'ai le coeur un peu en bouilli devant la souffrance que la télé dépose dans mon salon et que je n'entends plus la voix de mon Église et je sens mon  impuissance. Je demande pardon au Seigneur de notre silence. Voila mon carême.