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Homélies, réflexions et spiritualité

Textes de réflexion

mercredi, 14 juin 2017 14:13

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Il y a déjà 50 ans que Mgr Jean-Marie Fortier m'a ordonné prêtre. Aujourd'hui, asssi au balcon de ma vie, je veux jeter un bref regard sur la route parcourue.

D'abord, j'ai grandi à St-Octave de l'Avenir, village d'arrière pays, où il fallait défricher, faire reculer la forêt pour se bâtir un lieu pour vivre. Nous avions près de 40 ans de travail, nous avions bâti une ferme à bout de bras lorsque des Messieurs bien endimanchés sont venus nous dire qu'il fallait partir. Il a fallut quitter, laisser derrière nous ces années de labeur pour recommencer ailleurs, victimes d'un système sans coeur. Dès notre départ, ils ont replanté de petits sapins là où nous les avions enlevés. Ce fut aussi ma vie comme pasteur et a marqué toute ma vie.

Au lendemain de mon ordination, mon Évêque m'envoya étudier en Europe. J'ai reçu de l'enseignement des théologiens du Concile: Le Père Congar, Chenu, Jounel et compagnie. Ils m'on planté dans le coeur une autre vision d'Église que celle que je portais. De retour en Gaspésie, j'ai voulu défricher cette Église moins cléricale, davantage communauté et peuple de Dieu. Mgr Ouellet à l'époque nous a orienté vigoureusement vers cette Église. Nous avons inventé des structures, des projets en pastoral, des conseils, des équipes, mais cela n'a pas tenu le coup de la transformation rapide de la société du Québec. En 2002, l'Église était ailleurs. Quelqu'un est arrivé dans notre Église et nous a dit que nos projets n'étaient pas bons, il les a fermés et a "replanté des petits arbres là où nous les avions enlevés." Alors j'ai pris un genre de retraite et je suis allé défricher ailleurs.

J'ai pris mes distances de l'Église de Jérusalem avec son temple et ses rites pour me rapprocher de l'Église de la Gallilée et de la Samarie de nos paroisses. Là, il y avait dans cette "Église hors les murs" une Église vivante au plan de la charité au quotidien. Seize services communautaires avaient grandi au service de la vie, plus de 100 bénévoles ouvrent chaque semaine la porte de la miséricorde pour secourir les familles en difficulté, les femmes victimes de violence, les gens en déroute psychologique, etc. Pendant que nos structures pastorales s'écroulaient, les services mis en route par les chrétiens au service de la vie grandissaient."Ce que vous faites aux plus petits d'entre les miens, c'est à moi que vou sle faites."

J'y ai toruvé aussi une Égise qui a soif de la Parole de Dieu et de spiritualité. Les gens sont souvent allergiques à la pratique sacramentelle mais plusieurs ont soif de sens, de valeurs évangéliques, soit de fraternité. Actuellement cinq groupe de partage de la Parole de Dieu m'ont demandé de les accompagner et je touche du doigt le changement opéré dans la vie de ces personnes.

J'y ai toruvé aussi une Église blessée et souffrante. Blessée par tous les systèmes mis en place par la société tant éconimique, politique que religieux. Une Église qui a besoin d'une écoute attentive et aimante. Une Église qui a besoin d'une pastorale des fesses et de l'oreille du coeur. Prendre le temps de S'asseoir avec les gens pour les écouter là où ils sont et leur apporter la parole dont ils ont besoin pour aller plus loin. C'est ainsi que je suis heureux d'entendre le Pape François nous demander d'être des contemplatifs du monde et de la Parole de Dieu. Depuis plus de dix ans, j'essaie de vivre près de cette Église, elle me fait vivre, me rend heureux. Je découvre davantage le sens de mon ministère prsbytéral au coeur d'une communauté qui se sent abandonnée comme nous l'a dit l'Heureux Naufrage. Le petit gars de St-Octave continue de défricher ...  Je suis aujourd'hui un retraité qui s'amuse à vieillir.

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