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mardi, 15 janvier 2019 00:08

Vieillir ...

Avancer en âge, c'est comme escalader une montagne. Quand je suis au pied de la montagne, mon horizon est limité, les gens bougent, la vie est animée autour de moi. Je vois toutes les aspérités du chemin. Plus je monte,  l'horizon s'élargit, la vie devient plus calme, les obstacles du départ s'estompent, les détails sont moins importants, l'agitation s'amenuise et les présences humaines se raréfient. Doucement le silenc m'envahit.

Sur la montagne, je suis au coeur de la vie. Le calme est complet. La vie s'étend devant moi et on dirait que mes bras ne sont pas assez grands pour embrasser toute la vie. Mon regard se porte au loin. C'est beau, c'est grand. Je suis seul. Les gens ne sont plus autour de moi, ils sont en moi, je dirais.

Vieillir, c'est un peu cela. Doucement on s'éloigne des responsabilités, du tracas des détails du quotidien; mon regard se porte davantage sur l'essentiel. Je vois autrement la vie, le calme descend doucement et m'habille de plus en plus, la simplicité se fait une place, je suis seul.

Assis presqu'au faite de la montagne, loin de l'agitation du quotidien, habillé de silence et de calme mon univers se remplit non seulement de souvenirs, mais surtout de leçons et d'héritage que la vie a déposé dans les replis de mon coeur. La solitude de l'âge avancé est le temps de la cueillette des fruits de l'expérience muris sur l'arbre de ma vie. C'est le temps "qui fleurit" dirait christian Bobin. Le temps qui semble perdu parce que nous travaillons moins fleurit en qualité. Nous apprenons à lire la vie autrement.

J'en prends comme exemple les Fêtes de Noël et Pâques. Assis presqu'au faite de ma montagne, ces fêtes n'ont plus la même couleur que celles de mon enfance. Cependant elles ont acquis de la valeur  en profondeur et en silence. Elles sont devenues des moments divins à couleurs d'un brin de sagesse et de spiritualité.

Mais pour goûter au mieux les valeurs enfouies au fond du coeur et de la solitude, il faut comme dit Jacques Salomé beaucoup d'amour et d'humour pour bien vieillir. Assis presqu'au faite de ma montagne, je laisse trotter sur le miroir des mes jours l'amour de mon Église communauté de croyants, cet amour que j'ai donné et que je donne encore et celui que je reçois toujours de mes frères et soeurs en humanité. C'est pourquoi je dis que mes bras ne sont pas assez grands pour embrasser toute cette vie qui m'entoure.