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Homélies, réflexions et spiritualité

Textes de réflexion

lundi, 20 juin 2016 18:30

Une vieille Dame.

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J'ai rencontré une vieille Dame essoufflée et qui se plaint de n'avoir pas de relève. Je lui demandai si elle était stérile ou si elle ne voulait pas avoir d'enfants. Cette vieille Dame me disait que les jeunes ne veulent rien savoir de ce qu'elle fait comme si ce n'était pas bon.  Cette vieille Dame était un peu découragée. Nous avons de beaux parcours catéchétiques et quand c'est fini on ne  revoit plus nos jeunes. On a de belles messes et les jeunes ne veulent plus venir. Nos confessionaux sont vides, nos églises sont vides, les caisses de la Fabrique sont vides. Et les jeunes ne veulent rien savoir de tout cela.

Je sors sur le trottoir et je rencontre une jeune Dame. Elle me dit: On ne va plus à l'église parce que les vieux ne veulent ren changer et ça ne nous intéresse pas. On vit des choses et on voudrait célébrer ce que l'on vit, mais les rites sont décidés d'avance et on ne peut rien changer. Alors on reste chez nous.

J'étais pris entre ces deux Dames. Je me suis dit: la vieille Dame n'est pas l'Église d'aujourd'hui mais celle d'hier qui essaie de se garder la tête en dehors de l'eau, et la jeune Dame voudrait bien célébrer ce qu'elle vit mais elle ne le peut pas. Alors que faire?

Je rencontre et j'accompagne parfois la jeune Dame -l'Église d'aujourd'hui et de demain- et je la trouve très belle. Beaucoup de ses membres chaque matin ouvrent la porte de la miséricorde dans la lutte contre la pauvreté, l'intimidation, l'homophobie, la violence ... Cette jeune Dame aimerait célébrer son vécu en Église mais elle se bute aux rites préfabriqués intouchables.  Pierre-René Côté dans la préface du livre: Devenir partenaires de Dieu, fait une brève mais intéressante analyse de la situation.

Alors j'ai dit à ma vieille Dame: Ne cherchez pas de relève, vous n'en trouverez pas. les jeunes ne viendront pas célébrer à notre façon, faire de la liturgie à notre façon, vivre la catéchèse à notre façon. La relève est là  tout près de vous,mais différente, les prêtres sont là près de vous mais différents, les diacres et diaconesses sont là près de vous mais différents. Alors laissons-nous convertir à l'Église d'aujourd'hui et de demain.  Cette Église nous invite à sortir des rites pour célébrer la vie, à sortir des dévotions pour prier, sortir des croyances pour avoir la foi. Je suis membres de la vieille Dame mais je sens bien que ce que je crois et célèbre est dépassé. Réjouissons-nous ensemble car je crois avec tant d'autres que la fin de la période de chrétienté fut le moment de la libération du christianisme. Laissons la vieille Dame s'en aller sereinement au cimetière et prenons la route allègrement avec la jeune Dame qui commence à percer ses dents.

mercredi, 15 juin 2016 14:40

En réfléchissant.

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J'ai présidé une funérailles dernièrement d'une dame qui soufffrait de maladie dégénérative. Durant sa maladie, elle avait laissé un témoignage intéressant à sa famille. Je me permets de vous le partager.

"Maintenant il ne me reste plus beaucoup de temps sur la terre. Je vais aller me reposer avec mon fils décédé. Je m'ennuie beaucoup de lui. Je sais qu'il est heureux dans ce ciel merveilleux. Ne pleurez pas lorsque je partirai. Je vais être libérée de ce corps et de ces fatigues accumulés depuis plusieurs années. Mon âme n'était pas prête à partir. Mais aujourd'hui, je sais qu'elle est prête à vivre une vie nouvelle. Elle va retrouver la paix dans cette nouvelle vie qui sera merveilleuse. Je vais marcher, je vais pouvoir danser comme j'aurais aimé le faire sur la terre. Maintenant je peux tout faire et je vais veiller sur vous comme vous avez veillé sur moi. Je sais ce n'a pas été facile, je t'aime de tout mon coeur, mon amour. Je prendrai soin de mon fils ne vous en faites pas. Car je vais être bien avec notre Seigneur et Marie, et les anges. A très bientôt mon amour."

En regardant cette vie de femme, je pensai au chant de Jacques Michel: "Emmenez-vous chez moi." Si tu ne peux pas mordre dans la vie qui t'emporte parce que c'est la vie qui te mord chaque jour. Si tu ne peux répondre aux coups qu'elle te porte, Amène-toi chez moi. N'oublie pas que ce sont les gouttes d'eau qui alimentent les ruisseaux. Si les ruisseaux savent trouver la mer. Peut-être trouverons-nous la lumière."

Tout cela me rappelait le texte de Jésus: "Venez à moi vous tous qui ployez sous le fardeau et moi je vous soulagerai." J'ai utilisé le texte de la dame comme première lecture de la célébration et le texte de Jacques Michel dans mon homélie avec la parole de Jésus: Je serai avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps. J'ai touché du doigt la foi profonde de gens simples et bons qui ne s'embarassent pas théories mais vivent des valeurs évangéliques profondes. Le chant de J. Michel serait un beau chant de funérailles. Jésus nous dit à travers ce chansonnier: si tu as perdu espoir, si tu ne sais plus où aller, emmène-toi chez moi, ensemble nous trouverons la lumière. Un 4e membre de la famille assistait en chaise roulante et prochainement nous célébrerons avec elle. Je suis revenu heureux  en dedans et je me disais, il nous faut humaniser nos célébrations de funérailles.

lundi, 13 juin 2016 13:49

Un drame. Pourquoi?

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Les États Unis vivent un drame affreux depuis quelques heures. Des familles sont décimées. Les forces policières comme les pouvoirs politiques prendront des mesures plus serrées pour préserver la sécurité de la population. Mais on peut se demander; Qui a-t-il de nouveau? Le monde a commencé avec un meurtre. Le 11 septembre 2001 dans les tours de New York, combien de morts? Quand les français sont arrivés en Amérique et ont délogés les amérindiens pour s'emparer du pays, combien de morts? Quand les anglais sont arrivés par la suite pour déloger les français, combien de morts? Lors des croisades et de l'inquisition, combien de morts?

Un mot nous échappe dans la langue française: POURQUOI? Pourquoi  a-t-on envahi le Canada? Pourquoi avoir détruit les tours de New York? Pourquoi l'inquisition? Pourquoi nos jeunes se radicalisent? Serait-ce la nouvelle façon de faire la guerre? Serait-ce la nouvelle façon de se faire entendre par une société qui n'a plus d'oreille? Les raisons sont multiples et pas facile à guérir. Mais si nous ne travaillons pas suffisamment sur les causes les conséquences vont continuer d'empirer. Il nous faut dépasser le visible pour voir le lisible.

Comme chrétiens, il nous incombe peut-être de poser des gestes radicaux et signifiants. Regardons les luttes que les femmes doivent vivre pour se faire reconnaitre dans nos sociétés et nos Églises. Méditons le sort que l'ont fait aux homosexuels (les) dans nos sociétés et nos Églises. Quelqu'un écrivait: Ce qui ne vient pas danser sur les lèvres devient un champ d'agressivité dans le coeur. Et j'ajoute: dans l'Église la conséquence est l'indifférence et dans la société, c'est la colère. Nous sommes dans l'année de la miséricorde, qu'allons-nous en faire? Aurons-nous bonne conscience parce que nous aurons traverser la porte de la miséricorde et récité le chapelet de la miséricorde? Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux. Le ciel souffre violence et les violents seuls le ravissent, nous dit le Seigneur.

Dans l'Évangile, Jésus pose la question à ses disciples: Pourquoi me suivez-vous? Etes-vous des "suiveux" ou des disciples? Posons-nous sérieusement la question. Le monde nous lance un énorme défi: sommes-nous des êtres de foi ou de croyances? Sommes-nous des êtres de prière ou de dévotions? Sommes-nous des "suiveux" ou des disicples? La société nous demande de devenir des chrétiens.

jeudi, 09 juin 2016 14:27

Devenir contemplatif.

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Ce matin, je reçois une invitation: Devenir contemplatif. Les apôtres se sont amusés à contempler l'action de l'Esprit au coeur de la communauté. Ils ont vécu la Penteôte des juifs, Act. 2,1ss; puis la Pentecôte des Samaritains 8, 1ss, et enfin celle des Païens 10, 44 ss. Et dans le récit, on voit souvent les apôtres faire référence à l'action de l'Esprit dans la vie des communautés et ils s'en émerveilaient.

Saint Paul fait de même à l'égard de ses communautés. Aux Philippiens , il écrit: "Je rends grâce à mon Dieu chaque fois que j'évoque votre souvenir (...) à cause de la part que vous prenez à l'Évangile." 1, 3. Il reprend les mêmes expressions aux Thessaloniciens: "Nous rendons grâce continuellement à Dieu pour vous tous dans nos prières, nous gardons mémoire de votre foi active, de votre amour .." 1, 2. Nous retrouvons les mêmes expressions d'action de grâce dans d'autres lettres de Paul.

Les animateurs, apôtres et évangélistes des communautés étaient des contemplatifs de l'action de l'Esprit dans la vie quotidienne des communautés. Quand ils se rencontraient pour la célébration, ils apportaient ce climat d'action de grâce et de reconnaissance. Ces célébrations devaient être très vivantes et nourrissantes.

Il me semble que notre monde d'aujourd'hui et surtout dans cette année de la miséricorde nous invite à devenir des contemplatifs. Doucement dans l'histoire, nous avons retiré la contemplation de la vie pour la rentrer dans le temple la contemplation du S. Sacrement. Dans l'église, nous avions les bénitiers à l'entrée pour se purifier du monde méchant d'où nous venions avant d'entrer dans le temple. Je crois que nous avons déplacé la contemplation. Jésus nous avait dit en Jean: "Ce n'est plus dans le temple ou sur la montagne que vous adorerez, mais en esprit et en vérité." Jn 4, 22.

Depuis 30 ans, chez nous, chaque matin des personnes ouvrent la porte de la miséricorde à la maison Louise-Amélie pour aider et soutenir les femmes victimes de violence; depuis 25 ans des personnes ouvrent la porte de la miséricorde chaque matin à Partageance pour accueillir et aider des familles en difficultés financières, et nous pourrions allonger la liste. Pensons au téléton Enfant-Soleil. Nous devrions reprendre les expressions de Saint Paul: "Nous rendons grâce à notre Dieu pour vous tous et toutes qui chaque jour faites du bien aux plus petits d'entre les miens." C'est l'action de l'Esprit qui se manifeste sous nos yeux. Soyons des contemplatifs au quotidien. Nous qui avons de la neige sur la couverture, c'est peut être la seule eouvre qui nous reste: Contempler l'action de l'Esprit dans la vie quotidienne de nos communautés et rendre grâce. L'Eucharistie deviendra cette force de contemplation  et d'action de grâce. Devenons des êtres d'acion de grâce et d'émerveillement.

mardi, 07 juin 2016 13:53

Si tu cries ...

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Quelqu'un écrivait: "Si tu cries, ton prochain deviendra sourd." Regardons deux personnes en colère qui crient l'un après l'autre comme des déchainés. On crie, on hurle, on ne s'entend plus, on ne s'écoute pas du tout. Les politiciens s'engueulent comme du bois pourri de sorte qu'on n'a plus le goût de les entendre.

Il n'y a pas seulement les cris qui rendent les autres sourds. Il suffit de redire toujours les mêmes affaires sans tenir compte des personnes pour que les gens ne s'intéressent plus. J'ai médité ces expressions, j'ai regardé autour de moi, j'ai écouté  les personnes sur la rue et au magasin, et j'en ai conclu que c'était un peu cela que j'avais fait comme prêtre dans les paroisses. Les chrétiens ont délaissé la pratique à l'église pour se replier dans leur monde. Mon langage ne les intéresse plus. Ils sont devenus sourds.

Échanger, écouter, accueillir l'autre n'est pas vouloir le changer ou le convertir à nos idées. J'ai souvent frappé un mur quand j'ai voulu convertir à mes idées que je croyais excellentes. J'ai souvent vécu cette fermeture aux idées que j'avançais. Les oreilles étaient là mais le coeur n'y était pas. Ce fut aussi mon cas.

Les chrétiens à travers le monde écoute le Pape François parce qu'il parle avec son coeur. Il ne veut pas convertir, il veut attirer, faire avancer par le coeur.  Le partage peut être aussi un témoignage qui réchauffe le coeur et la vie. Jésus a écouté les disciples d'Emmaüs, a réchauffé leur coeur et ils ont compris. L'échange, l'écoute, le partage créé la communion même dans les différences profondes.  

Notre dialogue en Église doit être un vrai dialogue, notre parole doit être une parole chaude qui réchauffe les coeurs, notre accueil doit être l'accueil du Père aimant qui écoute fait avancer, ainsi nous pourrons sans doute guérir la surdité qui nous enferme.

dimanche, 05 juin 2016 13:58

Jésus touche ...

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Jésus s'avance et touche le cercueil: Jeune homme, je te l'ordonne, lève-toi." Lc 7, 14. Dans l'Évangile, Jésus touche souvent les personnes qui viennent à lui. Il touche le lépreux pour le guérir, Mth 8,3; il touche la belle mère de Pierre prise de fièvre, et elle se lève pour servir, Mth 8, 14;il touche les aveugles, Mth 9, 28; il touche les enfants, Mc 10, 16; il touche le sourd-muet, Mc 7, 33. Toucher les gens est un geste fréquent dans la vie de Jésus, ce qui faisait dire au Père A. Grün que la main est un "organe sacerdotal."

L'Église dans sa liturgie a retenu ce geste de Jésus dans la célébration des sacrements. L'imposition des mains au baptême, sur les malades, au mariage, à l'ordination sacerdotale, sur les offrandes à l'Eucharistie. Dieu pose sa main sur nous pour nous bénir et nous remplir de son Esprit. Je dois me laisser empoigner par Dieu.

Au jour de mon ordination sacerdotale, l'Évêque a oint mes mains avec le St-Chrême.  Cette onction venait me remplir de l'amour et de la tendresse de Dieu. Mes mains devenaient comme le porte parole de cette présence de Dieu. "Il ne s'agit pas de tout contrôler, organiser dans la paroisse, mais de laisser passer l'amour et le tendresse de Dieu." Ouvre mes mains, Seigneur, qui se ferment pour tout garder."

Hier, je suis allé au marché aux puces organisé par le service "Partageance" de notre milieu. Il y avait là des jeunes adolescents et adolescentes qui se donnaient au service de l'ensemble, des parents heureux de servir. J'ai bavardé un moment avec des responsables pour prendre conscience de l'importance de ce service dans le milieu. On me parlait de la souffrance des gens, des relations difficiles,  de l'injustice dont souvent ces personnes démunies sont victimes. Leur coeur et leurs oreilles sont souvent plus utiles que leurs mains. J'ai vu une Église vivante et active, j'ai vu la charité en action. je n'ai pu m'empêcher de bénir ces gens. Dire du bien d'eux et demander au Seigneur de rendre cette action ecclésiale encore plus féconde dans le milieu. J'ai touché du doigt une Église en vie près des gens, de leur souffrance, de leur cri et j'ai dit: Merci Seigneur. Les mains de ces  personnes engagées laissent passer l'amour et la tendresse de Dieu et ma main de prêtre doit le reconnaitre et le bénir au nom de Dieu. Oui, ce matin, je peux dire  en action de grâce: Merci Seigneur.

jeudi, 02 juin 2016 16:02

La fête du Pasteur

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Fâte du Sacré-Coeur, 3 juin 2016, c'est l'invitation que nous fait la liturgie de ce jour. Cette fête est la fête du Bon Pasteur qui part à la recherche de la brebis égarée. Luc 15, 3-7. le texte d'Ézéchiel nous conduit sur la même route, Ez. 34, 11-16. "J'irai moi-même à la recherche de mes brebis et je veillerai sur elle."

Voila figure du Bon Pasteur qui éprouve une grande joie quand il retrouve sa brebis partie à l'aventure. Il agit avec son coeur. Il est capable d'écouter la faim ou la soif de sa brebis, d'être attentif à ses besoins plutôt que de lui servir un plat de lois et obligations. le pasteur ne s'occupe pas seulement des personnes qui célèbrent l'Eucharistie, mais de toutes celles au milieu desquelles il vit. Son premier souci est de rassembler dans l'amour autour de Celui qui est AMOUR. Je pense au Pape François  qui nous parle souvent du pasteur.

"Réjouissez-vous car j'ai retrouvé  la brebis qui était perdue." La parabole de Luc est celle de la joie des retrouvailles comme celle du père miséricordieux qui retrouve son fils et met la maison en fête. La joie du pasteur qui rencontre un chrétien venu demander un service à l'Église, soit un baptême, soit un mariage ou même seulement une causette sur ses joies et ses souffrances. La joie du pasteur qui salue un chrétien à l'épicerie en train de remplir le garde-manger pour la famille.

Le pasteur est aussi à l'écoute du cri qui monte du coeur de l'autre, que ce cri exprime la joie comme la souffrance, le mépris comme l'indifférence. Ce cri souvent est l'expresison d'une souffrance intérieure qui a de la misère à sortir. Ce chapitre 34 d'Ézéchiel, comme Luc 15 suivit de Jean 10 sont des textes d'une excellente actualité dans notre contexte de société et d'Église. La fête du Sacré-Coeur ne doit pas rester une dévotion, mais une action missionnaire et ecclésiale. Ces pasteurs selon le coeur de Dieu naissent aujourd'hui de l'intérieur même de nos communautés chrétiennes. "Ils sont les cueilleurs et ceuilleuses  de vie" que l'Esprit Saint fait surgir chez nous. Prions en cette fête pour que ces pasteurs et pasteures soient reconnus et accompagnés au coeur de notre Église. 

lundi, 30 mai 2016 09:23

Une "Radoterie."

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Autrefois, quand j'étais jeune adolescent, il n'y avait pas de radio à la maison. J'allais chez le voisin chaque soir écouter Séraphin. Mes parents rouspétaient chaque fois mais ne voulaient rien savoir d'acheter une radio. Finalement mes frères ont acheté la fameuse radio qui est vite devenue un moment de rassemblement de la famille. Plus tard, dans le programme d'électrification rurale, l'électricité est passée près de la maison. Les parents ne voulaient rien savoir de payer l'électricité. Mes frères ont installé l'électricité. C'était la merveille: plus de lampe à l'huile, la veille laveuse à linge a fait place à un grande dame électrique, la pompe à l'eau a cédé sa place à une pompe électrique. La vie devenait plus facile et les parents doucement s'ajustaient. Le téléphone a fait son apparition. Grand Dieu! Pas question d'avoir cette boite à placottage chez nous. Mes frères ont installé le téléphone. Non seulement on écoutait les gens à la radio, on pouvait aussi leur parler à distance et ils répondaient. La communication s'établissait avec l'extérieur. Mais voila que la boite à images s'amène. La télévision nous amène le monde dans notre salon. Les coréens, les chinois se promènent chez nous. Extraordinaire. Les parents s'ajustent à cette nouvelle vie et y prennent goût. On y découvre des richesses incalculables. On découvrait  le monde avec ses beautés, ses richesses, ses valeurs comme ses misères et ses souffrances.

Hier,  je suis allé présider l'Eucharistie dans la paroisse. Une poignée de vieillards participaient. J'écoutais parler les gens à la sacristie, je croyais entendre ma mère il y a  75 ans: les jeunes ne sont plus là, ils ne comprennent rien, leur faut des cellulaires, des tablettes.... Après la célébration, j'arrête à l'épicerie et les jeunes me disent: on ne va plus à la messe, c'est seulement des vieux et ils ne veulent rien comprendre, faut qu'ils restent dans leur vieilles affaires.

J'écoute cela et je me dis: Dans mon Église, on a jamais installé le téléphone pour établir la communication entre les générations. On est resté à la radio, on se parle sans s'écouter et se répondre. Je me disais la télévision n'est jamais entré parce qu'on n'a pas vu le monde avec ses richesses, ses beautés, son besoin de spiritualité et de sens. On n'a jamais installé l'électricité parce que personne ne semble au "courant" de l'Évangile, des paraboles de la miséricorde, du Concile Vatican 11. Nous aurions fait l'inverse de la famille. Les jeunes ont du quitter pour vivre. Moi, chaque, soir je sortais écouter Séraphin et je revenais; mais dans l'Église, les jeunes sont sortis et ne sont pas revenus. Le courant n'est pas passé. Mon Église est devenue une vieille dame qui voudrait retrouver son passé mais qui n'a plus la force de découvrir le monde. Alors l'Église renaitra ailleurs avec la jeunesse de l'Esprit du Seigneur. Amen

samedi, 28 mai 2016 14:01

J'ai médité.

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A la suite de certains théologiens et biblistes, je m'arête ce matin sur deux textes du récit de l'institution de l'Eucharistie. J'y découre un sujet de méditation fort intéressant.

Concernant le vin, Mathieu écrit: "Buvez, ceci est mon sang, le sang de l'alliance, versé pour la multitude pour le pardon des péchés." Mth. 26, 27-28. De son côté Luc écrit: "Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang versé pour vous." Lc 22, 20.

Notons que Mathieu met l'accent sur le sang versé et donc fait référence à l'alliance avec Abraham et Moïse dans les sacrifices d'animaux. Le sang était répandu sur les parties de l'animal et le reste répandu sur le peuple. Et comme le dit le Père You, nous devenons consanguins avec Dieu de l'alliance. Ici l'accent est davantage placé sur le sang et le sacrifice. Elle m'apparait encore un peu extérieure.

Luc par contre met l'accent sur la vie donnée, sur l'alliance scellée dans le sang du christ. Nous participons à la vie même du Christ dans la communion sacramentelle. Le Christ est descendu sur terre pour nous hisser avec Lui vers le Père, vers la vie divine. C'est ce que dit l'évangéliste Jean: "Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous." Jn 6, 53. Ici l'accent est mis sur la vie donnée et partagée. L'alliance fait partie de ma vie. "L'Alliance avec Dieu n'est pas établie par une mort sacrificielle, mais par la foi inébranlable de Jésus en l'Alliance de Dieu, même devant la mort." Le Sacré de la vie, J. Stinckens, p.236.

Si nous jetons un coup d'oeil sur les Actes des Apôtres, nous y découvrons la puissance de l'Esprit et du ressuscité à l'oeuvre dans les apôtres. Ils font des guérisons, prêchent sans peur; ils ne font qu'un avec le Christ. L'Eucharistie nous prend avec le Christ pour nous "christifier" et devenir corps vivant du Christ.

Si dans l'histoire et la lturgie nous avions mis l'accent comme Luc sur l'alliance et la vie donnée, nous aurions peut être une célébration eucharistique plus dynamique. Le peuple chrétien que nous sommes est un peuple d'alliance, d'action de grâce et non un peuple qui écoute encore les coups de marteau sur les clous au moment de la crucifixion. Ce qui faisait écrire à un théologien: l'objet de ralliement des chrétiens n'est pas un Christ sanglant sur la croix mais un christ ressuscité et lumineux. "Nous sommes devenus Christ" dit S. Augustin. Relevons la tête et soyons des témoins du ressuscités, nous sommes devenus Christ.

samedi, 21 mai 2016 00:11

Un vieux médite.

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En feuilletant l'Évangile, le Seigneur me dit que je suis l'enfant bien-aimé du Père et tatoué de l'Esprit de Dieu. Jésus est venu me révéler à moi-même. Et Jean-Paul 11 nous a dit que nous l'étions dès notre conception. Dieu n'étant pas visible avec nos yeux, quelqu'un est venu nous le faire connaitre tel qu'il est. A mon sens  Jésus devient le signe ou le sacrement du Père pour nous. D'ailleurs à l'époque du Concile, un théologien, le Père Schillebeeckx a écrit un magnifique volume intitulé: "Jésus  sacrement de la rencontre de l'homme et de Dieu." Il écrit: "Les sept sacrements de l'Église ne sont que les foyers d'une sacramentalité aux dimensions plus vastes, aux dimensions du monde." Le sacrement est donc à l'origine une personne.

En continuant ma  lecture, le Seigneur dit aux disciples après la résurrection: "Vous serez mes témoins jusqu'aux confins de la terre." Act. 1, 8. Alors je deviens le sacrement du sacrement, ou le signe visible du Christ ressuscité. Étant un être spirituel, il a besoin de d'autres personnes pour se faire connaitre. Le Père Congar nous disait dans ses conférences qu'il n'y avait qu'un sacrement Jésus continué dans la communauté chrétienne. En relisant l'Évangile, Monseur Jésus Christ me révèle cette réalité. C'est tout un honneur de découvrir que nous sommes le sacrement du ressuscité. C'est pourquoi chaque fois que j'ouvre une célébration je dis à la foule présente; "Le Seigneur est avec vous." Je salue le sacrement du Christ ressuscité et je fais un acte de foi en la présence du Christ en eux. Les sacrements sont une vie célébrée. Dans le sacrement, il y a un temps et un moment. Le temps est la vie et le moment est la célébration.

Alors les sept sacrements sont à la fois la célébration de ce qui existe déjà et le don de grâce ou de mission selon le cas. Comme quelqu'un disait parlant du baptême, c'est un sceau posé sur ma réalité d'enfant de Dieu. La célébration me donne une force pour vivre mieux ma réalité  d'enfant de Dieu. J'ai compris aussi que je ne vais pas aux sacrements "pour" mais "parce que."  Je vais à l'Eucharistie parce que je suis un être en communion avec Dieu et mes frères et soeurs, je vais célébrer cette réalité et grandir ensemble dans cette communion. La vie sacramentelle est comme un aimant qui m'attire et me colle sur le Christ.

La célébration du sacrement  vient donc ajouter à mon agir en me donnant une présence spéciale du Seigneur pour vivre ce que je suis et en témoigner. La célébration me donne la force de mieux vivre ma communion à Dieu et avec mes frères et soeurs en communauté; il vient confirmer l'action de l'Esprit agissant en moi, etc ... C'est une réalité vivante, dynamique qui me fait avancer. Le sacrement est une expérience de vie, et la célébration une réponse d'amour à un amour qui m'habite, me soutien et me fait vivre.

L'Évangile est inépuisable, il est un trésor que nous ne pourrons jamais découvrir à fond. Mon rêve, mon souhait aujourd'hui, que mon Église devienne une Église biblique, une Église où le livre de l'Évangile est grand ouvert pour qu'ensemble nous nous évangélisions. S'évangéliser, c'est être proche de la vie, proche de l'être humain, et ainsi est tout près de Dieu. Alléluia.

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