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Homélies, réflexions et spiritualité

Textes de réflexion

lundi, 06 janvier 2020 15:30

Chez-nous ...

Chez-nous, c'était St-Octave de l'Avenir; c'était calme et paisible, la vie coulait doucement entre les heures de l'horloge et le train train quotidien. C'était la forêt qui reculait un peu plus chaque année pour faire place à la terre où ondulait les blés mûrs au soleil du mois d'aout.

Chez-nous, c'était la vache qui broute l'herbe des champs, le cop qui chante le réveil chaque matin, la grenouille qui croasse dans l'étang, c'était le silence qui ne finit plus de s'étirer entre le coucher du soleil et le chant du coq, c'était les maringouins qui arrivaient en meute goûter le bon sang des colons.

Chez-nous, c'était la messe du dimanche, le chapelet en famille, le bénédicite qu'on oubliait bien souvent. C'était la paix entre le travail et le repos. Ma  mère chantait toujours comme pour rendre son travail moins pénible. Ce n'était pas la richesse, c'était le bonheur.

Chez-nous, c'était la fierté du colon qui avec la force de ses bras et le courage plein le coeur se bâtissait jour après jour un avenir. C'était aussi les voisins, l'amitié, l'entraide, les coups durs à encaisser et les joies à partager.

Chez-nous, c'était chez-nous.

Un jour, ce chez-nous nous fut enlevé par le force du pouvoir; nous n'étions plus heureux chez-nous.

Notre chez-nous fut dépossédé de ses maisons, de ses enfants, de sa vie. Des étrangers sont venus reboiser ce que nous avions défriché; 40 ans de labeur et de fierté disparaissaient sacrifiés sur l'autel du pouvoir et du rendement.

Il nous reste la montagne  qui se découpe comme une caravane de dromadaires sur le bleu du ciel. Il reste cette nouvelle forêt un peu gênée d'envahir le territoire porteur d'une histoire de courage et de fierté. Il y a aussi ce lourd silence , triste comme un cortège  funèbre qui semble attendre quelqu'un. Il y a encore le vent du sud qui n'a plus de cheveux à défriser. Il y a toujours les maringouins qui attendent une bonne chair à piquer.

Mais on dirait que le coeur du village ne veut pas mourir. L'église, le presbytère et le couvent sont demeurés debout témoins d'un passé tenace et sont devenus des lieux de rassemblement  public.

Mais pour comprendre ce chez-nous il faut l'avoir vécu. Chez-nous reste enconre vivant dans le coeur de celles et ceux qui l'ont bâti.
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