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Homélies, réflexions et spiritualité

Textes de réflexion

jeudi, 04 avril 2019 14:20

J'ai un demi siècle.

Le 13 juillet 1969, la paroisse de Gaspé vivait un moment important. La communauté chrétienne entrait dans sa cathédrale neuve. Depuis longtemps les célébrations se vivaient dans la crypte qui est devenue le sous-sol de l'église actuelle. Au départ, Mgr Ross  avait préféré bâtir le Séminaire avant la cathédrale et ensuite la crise économique a fait retarder le projet. Alors, ce matin de juillet, c'était jour de fête et de joie.

Ce matin là, nous pouvions lire des sentiemnts divers dans les yeux et le visage des paroissiens. Les uns étaient heureux: "Enfin nous avons notre église comme les autres paroisses." D'autres par contre affichaient des sentiments plus mitigés: cette église ne ressemblait pas à un église, surtout pas à une cathédrale. Mais la joie de s'y retrouver en famille a vit fait oublier ces  nouveautés.

Un autre événement se produisait aussi ce matin là qui piquait un peu la curiosité. Un nouveau vicaire arrivait en même temps. C'étatit un inconnu et les gens se demandaient bien quelle "bébite" leur arrivait. Je faisais aussi ce jour là mon entrée comme vicaire à Gaspé. J'arrivais des études en Europe et c'étairt mon premier jour de ministère dans le diocèse.  Je me souviens encore du thème de l'homélie que nous avions développé le curé Michel Lemoignan et moi-même. A partir des textes de Saint Paul, nous avions exploité le thème du temple. Nous sommes le temple de l'Esprit Saint, la communauté est le temple de Dieu et cette église où nous entrons est la maison de Dieu, c'est à dire le temple où la famille chrétienne se rassmenble pour fêter et célébrer.

La cathédrale m'a beaucoup parlé. On a répété a satiété que l'architecte avait imaginé la strcuture de l'église à partir de la nature environnante. Il avait adapté l'archetecture à l'environnement. Cette réalité me révélait l'importance d'adapter ma présence pastorale aux gens avec qui je vivais. Nous étions à la sortie du concile, la société quebécoise se transformait rapidement, les défis étaient autres, ceci exigeait une présence pastorale différente répondant à ces besoins nouveaux. La cathédrale me donnait une leçon à ce sujet. L'architecture de cette église m'invitait ailleurs au coeur du monde qui m'entourait.

L'intérieur de l'église me livrait aussi son message. En entrant nous étions accueillis par une grande salle de rencontre et de célébration. La réserve eucharistie était située dans une chapelle latérale favorisant la prière et le silence; le choeur de l'église nous présentait les trois lieux importans d'animation de la célébration: le lieu de la Présidence, le lieu de la Parole, et le lieu de l'Eucharistie. L'importance était placée sur la célébration  et l'assemblée. C'était vraiment la maison de Dieu, maison de la famille des enfants de Dieu. Ce lieu où les enfants de Dieu sont heureux de se retrouver pour créer des liens, fraterniser et célébrer.

Mais l'intérieur de l'église m'a envoyé un autre message qui m'a souvent chambouler intérieurement. Chaque dimanche avant l'Eucharistie, nous étions, le curé et moi, à l'arrière de l'église pour accueillir les gens, créer des liens qui favorisaient la célébration. Nous entrions ensuite et montions au choeur pour célébrer. Le choeur est haut et la lieu de la présidence est loin au fond du choeur. Les gens nous disaient souvent: "Nous avons l'impression que vous n'êtes plus avec nous." Vous êtes au-dessus de nous et loin. Cette remarque m'a souvent chatouillé et je me disais est-ce que ma présence pastorale donne l'impression que je ne suis plus avec eux?  Que je suis au-dessus d'eux,  loin et que je ne les écoute pas? Cette église m'invitait, nous invite encore ailleurs. Nous étions invités à descendre du CHOEUR pour être au COEUR de la communauté. J'ai essayé de vivre cela au mieux, mais je n'ai pas toujours bien réussi.

Je me suis souvent assis le jour pour écouter le silence de ce lieu. Nous mettions parfois de la musique douce et des étudiants venaient souvent s'asseoir pour lire et méditer dans le silence chaud de cette église. Noua avions ainsi l'occasion d'avoir avec certains une rencontre pastorale très intéressante. Nous n'avions pas l'impression du sacré devant le tabernacle comme dans les autres églises. Nous avions l'impression d'être au coeur du divin. C'était la maison de Dieu, c'était notre maison. La simplicité du milieu nous envahissait d'une présence chaude, silencieuse et qui invitait à la louange. Non seulement elle est une église, un cathédrale ou peut être demain un basilique, elle sera toujours un message d'Évangile au coeur de la Gaspésie. Je crois ,naïvement sans doute, que le retard à sa construction était un clin d'oeil de l'Esprit Saint qui voulait nous inviter  ailleurs. Je souhaite que notre cathédrale demeure longtemps une parole d'Évangile qui nous invite à adapter notre présence pastorale à la vie des femmes et des hommes de chez nous, une parole d'Évangile qui nous invite à mettre l'accent sur le rassemblement des chrétiens au coeur de la fraternité humaine à l'instar de Mgr Ross le bâtisseur de chez nous.  Alleluia.

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