Jos. Deschênes
La mission de Joseph. Mth 1, 18-24.
Quelle fut la mission de Joseph et comment cette mission nous rejoint aujourd'hui? Telle est la question que l'Évangie de Mathieu me pose aujourd'hui. Contrairement à Luc qui met l'accent sur Marie, Mathieu s'inscrit dans une société patriarcale et place Joseph à l'avant cène. Mathieu dégage une mission donnée à Joseph laquelle est venue jusqu'à nous.
Joseph est un homme juste nous dit le texte. Donc une personne dont la vie est ajustée sur la présence de Dieu en lui et donc capable d'accepter un projet qui le dépasse. Le pauvre homme venait tout juste d'être accordé en mariage avec Marie lorsqu'il découvre qu'elle est enceinte. Une situation qui mérite le réprobation et même la mort. Il va imaginer un plan: renvoyer Marie en secret. C'est un projet humain. Il devra entrer dans le projet de Dieu. Comme il était juste, il comprend par une intuition intérieure que le Seigneur lui confie son projet pour le monde: "Prends chez toi Marie, car ce qui est en elle vient de Dieu." Nous pourrions parodier cette affirmation s'adressant à chacun et chacune de nous: Prends chez toi ce qui vient de Dieu. Accueillir en nous le projet d'amour du Seigneur avec nous. Être capable de s'ajuster sur le projet de Dieu avec nous. Le projet de Dieu avec Joseph et Marie est de faire naitre un être humain rempli de Divin. Il était homme et Dieu. Notre première mission comme chrétien est de devenir pleinement humain rempli de divin. Nous ne serons jamais des dieux.
Joseph reçoit une autre mission. Tu l'appeleras "Emmanuel, Dieu avec nous". Joseph va donner l'ADN civil à Jésus, il lui donne son identité en lui donnant un nom. Sa mission est de faire découvrir un "Dieu avec nous." Un Dieu en nous. Remarquons que l'Évangile de Mathieu commence avec ce mot: "Dieu avec nous" et se termine avec ce même mot:"Je serai avec vous jusqu'à la fin du monde." 20, 28. Mathieu voudra tout au long de son Évangile nous faire découvrir ce "Dieu avec nous., ce Dieu en nous. "
Notre bon Joseph est investit d'une mission: être le père d'un Dieu avec nous. Cette mission est la nôtre encore aujourd'hui. Si nous voulons présenter un Dieu avec nous, il est essentiel de l'avoir d'abord découvert pour nous. Nous ne pouvons présenter ce que nous ne connaissons pas. Si pour nous Dieu est un ^peu genre montgolfière" qui plane dans l'espace, nous regarde agir pour nous récompenser si nous agissons bien ou nous punir pour le contraire; il nous faudra purifier notre image de Dieu. Saint Jean de la Croix écrivait: "Dieu est le centre de notre âme." Nous sommes invités à découvrir cette présence de Dieu en nous. Dieu ne se fait pas reconnaitre dans des mots, des théories mais dans une expérience de vie. Il ne se comprend qu'avec le coeur. Notre mission à l'exemple de Joseph est de dire -dans le sens de faire découvrir- au monde un Jésus Emmanuel, Dieu avec nous.
Depuis au-delà de 50 ans nous parlons de la nécessité d'évangéliser. Nous prenons conscience que nous sommes sacramentalisés et non évangélisés. Le message de Joseph aujourd'hui nous incite à passer à l'action: faire découvrir un "Dieu en nous." Prenons le temps de regarder comment Dieu se fait découvrir autour de nous. Écoutons la solidarité des gens envers la famille qui vient de perdre le père dans un accident juste avant Noël; regardons le travail de bénévole à l'occasion des paniers de Noë; Dieu se fait découvrir par un agir. Avant d'être dans l'église pour les célébrations, Dieu est d'abord dans la vie qui agit avec nous pour se faire découvrir dans le coeur des personnes. Ce que Joseph me dit ce matin: "Va faire découvrir Dieu avec vous au coeur de votre quotidien." Quand vous aurez bien vécu cela ensemble, vous pourrez venir le célébrer avec le goût de revenir. Emmanuel, Dieu avec nous.
Présence réelle
La présence réelle de Jésus dans l'Eucharistie, dont témoigne en permanence la lampe du sanctuaire, n'est réelle pour moi, ou du moins n'a de sens, que dans la mesure où je suis moi-même une présence réelle à toute l'Église et à tout l'univers." Maurice Zundel.
Le sens de l'Eucharistie, pour moi, est d'abord celui d'une action qui s'accomplità la messe où nous allons à la rencontre de la croix, et où nous devenons nous-mêmes le corps et le sang du Christ. L'exposition du Saint Sacrement n'a de sens que si elle renouvelle notre donation de nous-mêmes en nous permettant de devenir universels. M. Zundel.
Célébration de la Parole.
Je viens de recevoir une lettre pastorale des nos Évêques de l'Inte-Est, soit les diocèses de Gaspé, Rimouski et Baie-Comeau concernant les célébrations de la Parole en paroisse. Depuis un certain nombre d'années, par suite de la diminution des célébrations eucharistiques, nous avons vu naitre des célébrations de la Parole. Nous partons de loin et la Parole de Dieu n'a pas été trasitée selon son importance dans nos célébrations en latin et les sermons où il n'y avait pas de référence à la Parole. Cette lettre pastorale nous arrive pour un nouvel élan dans une situation qui dérange et questionne. On y fait la promotion de la Parole de Dieu et de l'importance de veiller à la qualité de la célébration qui doit faire prier et nourrir la vie de foi et l'engagement chrétien. J'espère que les bulletins paroissiaux y feront écho.
Dans sa lettre de présentation, Mgr Grondin de Rimouski écrit: "Je souhaite ardemment que le tournant missionnaire de nos communautés chrétiennes retrouve son dynamisme à partir du Christ et, donc d'une rencontre persoennelle et communautaire renouvelée qui a sa source dans la Parole de Dieu. Le climat de laïcité et de redéfinition des appartenances appelle plus que jamais les baptisés à vivre des relations vraies et transformantes, porteuses de vie et d'une espérance qui soutiennent note témoignage d'amour et d'engagement à la suite de Jésus que les Écritures nous révèlent.
Et plus loin dans le texte on nous dit: "En Jésus le Christ, Dieu nous parle (...) C'est la manière de Dieu de se livrer en personne aux amis que nous sommes. C'est le fondement de toute célébration de la Parole." Dans son exhoration apostolique sur la Parole de Dieu dans la mission de l'Église le Pape Benoit XV1 nous a rappelé que les Écritures sont le sacrement de la Parole. Elles révèlent Celui qui nous parle. elles nous font entrer dans son mystère. (...) Si on savait toute la grandeur d'une célébration de la Parole, nous comprendrions qu'elle n'est pas une suppléance à une absence de célébration eucharstique ni une célébration à rabais." Lettre de nos Évêques. La diminution de célébration eucharistique n'est pas la raison pour vivre des célébrations de la Parole, (comme si c'est mieux que rien, ou encore quand on n'a pas de pain, on se contente de galettes,) mais c'est l'occasion de découvrir la valeur et la richesse de ces célébratiosn au coeur de nos communautés chrétiennes.
Pour les chrétiens, il est difficile de goûter ces célébrations habitués à l'Eucharistie obligatoire et aux sermons tonitruants de certains dimanches qui résonnent encore à nos oreilles. Nous avons un long compagnonnage avec la Parole à parcourir afin que ces célébrations prennent toute leur valeur. Jésus est présent dans sa Parole d'une présence réelle comme dans l'Eucharistie. Mais comme nous le dit Paul V1, cette présence n'est pas sacramentelle.
S. Jérôme au 5e siècle écraivait: "Pour nous j'estime que l'Évangile est le corps du Christ et que les Saintes Écritures sont sa doctrine. Quand le Seigneur parle de manger sa chair et de boire son sang, cela peut s'entendre certes du mystère de l'Eucharistie. Cependant, son vrai corps et son vrai sang, ce sont aussi la Parole des Écritures et sa doctrine."
La Parole de Dieu est d'une importance capitale dans la vie du chrétien et de l'Église. Depuis plus de cinq cent ans, nous l'avons mis de côté ce qui a pour conséquence que nous sommes sacramentalisés et non évangélisés. Vatican 11 timidement a voulu lui redonner ses galons, mais la route est longue et difficile. J'accompagne des groupes de partage biblique depuis une dizaine d'années et les effets se font reconnaitre doucement dans les changements de mentalité, de vision de l'Église et de la vie chrétienne. L'avenir est en avant.
Nous avons joué de la flûte ....
"Nous avons joué de la flûte et vous n'avez pas dansé. Nous avons chanté et vous n'avez pas applaudi" Mth 11, 16. Je m»'amuse a parodier ce texte pour aujourd'hui question d'inviter à réfléchir. Nous avons fait des messes et vous n'êtes pas venus, nous avons fait des chemins de croix et vous n'êtes pas venus. Nous avons chanté de beaux chants religieux et vous n'avez pas dansé. Pourquoi?
Je lisais, hier, un reportage sur le Congo où un médecin qui soigne et défend les femmes violentées et violées se disait catholique mais ne pratiquait plus parce que le langage tenu à l'église ne le nourrissait plus dans sa vie. C'est le cri qui devient universel. Nous avons là un gros questionnement dans notre démarche ecclésiale. Si nous voulons évangéliser, prendre le tournant missionnaire, nous devrons nous évangéliser les premiers pour devenir évangélisateurs. Sinon nous allons continuer de chanter, célébrer et personne ne viendra danser.
Jésus est venu révéler l'être humain à lui-même et du même coup faire découvrir l'Esprit divin en nous qui nous soutien et nous accompagne. Jésus est venu nous dire que l'être humain est un être en croissance vers un idéal. Sur cette route il fait des faux pas, mais l'important est de se relever et de continuer. L'être humain a soif de spiritualité parce qu'il est d'abord un être spirituel. Notre Dieu est un Dieu du présent qui accompagne l'être humain d'aujourd'hui. Il n'est pas le Dieu mort de nos souvenirs du passé, il est le Dieu de la vie d'aujourd'hui en marche vers demain. Méditons le texted 'Isaïe: "Je te donne un enseignement utile, je te guide sur le chemin ou tu marches. Si seulement tu avais prêté attention à mes commandements, la paix serait comme un fleuve, la justice comme les flots de la mer." is. 48, 17 ... Durant ce temps de l'Avent ouvrons nos oreilles et notre coeur pour faire l'expérience de cette présence en nous d'une force divine qui nous pousse vers l'avant.
Un modèle...
L'Évangile de Luc que nous lisons à la liturgie d'aujourd'hui, nous présente une modèle d'évangélisation pour notre temps. Marie dès qu'elle prend consience qu'elle est habitée par le Fils de Dieu part rapidement vers Élisabeth partagée sa joie. Le texte de Luc nous dit qu'elle se rendit avec empressement. Le texte ne dit pas qu'elle va présenter Jésus à Jean Baptiste, cela ne semble pas son but. C'est dans la rencontre des deux femmes que Jésus va saluer Jean dans le sein de sa mère. C'est à L'occasion d'une rencontre d'amitié, de fraternité, de partage et de joie que Jésus agit. Les deux enfants existent, sont présents mais on les voit pas.
Le premier pas de l'évangélisation ne serait-il pas dans ces rencontres d'amitié, de partage où l'on crée des liens et où on sème la joie et l'amour? Nous dès que nous pensons évangélisation, nous pensons rencontre de catéchèse d'une part ou bien des rencontres ou le but est d'évangéliser. Je crois de plus en plus que l'évangélisation va passer à travers nos rencontres journalières si elles sont chargées de l'amour du Christ, et si le Christ nous habite au lieu des connaissances sur Lui.
Marie est partie avec empressement. Et moi? Est-ce que cette présence du Christ en moi est assez forte et importante pour que je parte en hâte partager ma joie avec d'autres. Non pas leur donner des connaissances ou de la théorie sur Jésus, mais porter la joie d'une présence et une joie contagieuse. J'écoutais à la télé des personnes qui partagent du temps avec les enfants blessés qui ont besoin d'amour, des gens à la retraite qui donnent du temps aux personnes seules et souvent abandonnées. Ces gens semblaient tellement heureux; ne serait-ce pas cela aussi évangéliser? Évangéliser, ne serait-ce pas descendre des oreilles au coeur? Le texte de Luc 1, 39-48 m'apparait une source de méditation pour un agir évangélique. Le Christ est ressuscité, il est présent mais on ne le voit pas comme Marie et Élisabeth, c'est à travers nous qu'il passe et souvent à notre insu. Notre mission ne serait-elle pas d'abord de laisser passer Jésus?
Encore ...
Les nouvelles de ce matin nous apportent encore une collection d'événements heureux et mauvais. Des gens s'angagent au service des pauvres alors que des personnes âgées sont maltraités dans des hopitaux et que trois corps sont retoruvés dans une maison, etc ... C'est notre quotidien. Nos hopitaux sont devenus des monstres en grosseurs et plus le géant grossit plus il devient dangereux. Plus on éloigne le centre d'animation du milieu plus il risque de devenir inopérant pour le bénéficiaire. Ces événements me conduisent à réfléchir sur l'importance de créer des communautés à taille humaine. Comme chrétiens nous devons être des contestataires de ces structures qui prennent la place des services.
Depuis la soi disant révolution tranquille, notre Église s'est structurée sur le modèle de la société. Nous voulons faire de grands ensembles avec un prêtre. Les communautés deviennent horphelines parce que nous n'avons pas d'équipes en paroisse pour animer la vie et la présence des prêtres n'est plus suffisante pour rassembler les chrétiens. Et comme dans la société civile, les regroupements sont toujours fait par en haut, en partant du prêtre, en descendant, et non à partir de la communauté selon ses besoins.
Ce matin, L'Évangile nous présente le pasteur qui va à la recherche de la brebis qui a pris un autre chemin. Ce matin la télé nous a apporté la vie de ces brebis, les unes se sont tuées, d'autres sont maltraitées, comment en tant que chrétiens, en tant qu'Église, nous pouvons apportés un baume sur ces blessures. Pourrions-nous changer un petit quelque chose? Notre monde a besoin de "pasteurs qui sentent le mouton," ces pasteurs capables de donner plus de place à l'Évangile qu'aux lois et règlements. Une question me hante toujours: Comment être pasteur aujoud'hui dans cette société nouvelle? Le Père Radcliffe parle des nouvelles boussoles du coeur. S'agit-il pour nous d'être contre ce qui se vit ou de prendre la route avec eux pour accompagner et en découvrir les beautés ? Je suis un vieux retraité, mais mon moteur tourne touours.
Es-tu celui que l'on attend? Lc 11, 2-11.
Dans sa prison, Jean envoie des messagers auprès de Jésus: Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre? Ce que Jésus fait est tellement différent de ce que Jean avait annoncé que celui-ci a des doutes. Il envoie donc des éclaireurs. Es-tu bien le Messie que j'ai annoncé? Nous resssemblons à Jean, même si nous avons la foi, il nous arrive de douter parce que Jésus ne nous donne pas la réponse que nous atttendons et nous sommes déçus. Jean s'était fabriqué une image de Jésus comme libérateur du peuple et Jésus se contente de guérir des lépreux ...
La réponse que donne Jésus est merveilleuse. Il ne se définit pas avec des mots ou des théories, mais par un agir en faveur des gens. Il dit aux envoyés de Jean, regadez ce qui se passe et vous saurez qui je suis. Jésus ne dit pas: OUI, je suis le Fils de Dieu, le Messie qui va vous libérer de la puissance des romains. Sur le Sinaï lorsque Moïse a demandé à Dieu quel est ton nom? Celui-ci a répondu: Je suis celui qui suis. Regardez comment je vais vous accompagner dans le désert et vous saurez qui je suis. La découverte de Dieu est une expéreince de vie et non des choses apprises par coeur. La réponse de Jésus nous invite à regarder autour de nous pour découvrir comment Jésus se manifeste à nous aujpurd'hui. Cette réponse de Jésus nous invite aussi à regarder comment nous concevons et présentons Jésus. Jésus nous invite à être témoin et à le révéler à travers un agir et non des théories ou des pratiques.
Les boiteux marchent, toutes ces personnes qui ont peur d'avancer, quiont perdu confiance en eux et même en Dieu qui les habite qui retrouvent l'audace et l'assurance dans l'avenir. Les aveuglent qui se sentent perdus, qui ne voient plus la lumière dans leur vie pour avancer retrouvent la route et reprennent espoir grâce à la présence de témoins qui les aident à cheminer. Les sourds qui ont perdu confiance et refusent d'entendre parce que les paroles sont étrangères à leurs besoins se remettent à écouter parce que des chrétiens leur ont apporté une parole de réconfort qui redonne goût à la vie.
J'entendais hier une dame qui fut enfant de la DPJ se lever et s'engager avec d'autres afin d'apporter du soleil dans la vie des enfants d'aujourd'hui. Je vois aussi celles qui se battent contre la violence faites au personnes, femmes, hommes et enfants, ces gens engagés contre l'intimidation, dans la lutte coontre le cancer ... C'est la réponse de Jésus aux envoyés de Jean. Regardons ce qui se passe autour de nous et nous saurons que Jésus est toujour bien vivant.
Jean était venu annoncer un Jésus de pouvoir et Jésus n'a que le pouvoir de l'amour. Nous, quel Jésus annonçons-nous? C'est à travers nous maintenant que Jésus se fait reconnaitre. Jésus ne nous demande pas des théories, des enseignements, mais d'abord un témoignage de vie. Jean annonçait un Jésus qui venait faire un grand ménage et Jésus n'est que l'humble témoin de l'amour et de la miséricorde..
Pour Noël, guérissons notre main paralysée pour qu'elle se tende dans un geste d'accueil; quérissons notre jambe boiteuse qui se met en marche dans un geste de soutien et d'entraide. Ouvrons notre coeur dans un geste de partage. Que nos communautés chrétiennes deviennent des maisons d'accueil, de partage, de communion. Que nous puissions dire comme le Christ: Regardez ce qui se passe chez nous et vous saurez qui nous sommes et qui est le Christ. C'est la mission donnée le jeudi saint au soir. C'est le Faites ceci en mémoire de moi.
Quelqu'un a dit:
La mort, c'est la vie qui fleurit dans un éternel rayon de l'AMOUR infini.
La communauté chrétienne que nous sommes invités à bâtir est une république des amis où tous s'aiment au-delà des différences et des divisions.
Une des caractéristiques de notre société d'aujourd'hui est que nous passons de la théorie professorale à la communication et à la communion. C'est pourquoi notre théologie doit être en constante évolution parce que Dieu est Vie et que la vie est un perpétuel mouvement. Tout mouvement est Dieu en devenir.
Un bon moment à savourer.
Ce soir, une émission de télé le vrai monde m'a ramené des souvenirs délicieux que je ne peux m'empêcher de partager. Grégory charles pésentait des étrangers venus travailler ou vivre ici et il y avait des vietnamiens. Et je suis retourné 35 ans en arrière. J'avais accueilli au presbytère des soldats vietnamiens qui avaient fuit l'armée au temps ou leur pays était envahi par les communistes. On les applait les "boot people".
Je les vois encore descendre de l'avion à l'aéroport de Mont-Joli; ils n'ont pour seul bagage que le linge qu'ils portent: une chemise mince, un pantlaon et des souliers pas de bas. Pour nous la température était bonne, mais eux grelottaient comme feuille au vent d'automne. Nous sommes arrêtés en route pour leur acheter des vêtements chauds afin qu'ils soient confortables. Un stagiaire vietnamien qui se préparait à devenir prêtre logeait au presbytère et cette présence m'a facilité les premiers jours d'apprentissage.
L'un est demeuré un an avec moi et l'autre deux ans. Les cours de français à l'école des adultes leur a permis de se débrouiller rapidement. Ils nous racontaient des choses vécues dans l'armée communiste. Un soir qu'ils étaeint en route vers le Laos, l'armée avait compé en forêt près des frontières du Laos et ils entedaient les cris des prisonniers vietnamiens que l'on dépeçaient vivants afin d'apeurer les autres et qu'ils rebroussent chemin. Ils se disaient: demain, ce sera peut-être notre tour. L'armée les poussait toujurs en avant. ALors en faveur de la nuit, ils ont fuit l'armée vers un camp de réfugies en Thaïlande. C'est de là qu'ils sont arrivés au Canada.
Un jour, l'un D'eux reçoit une lettre du Viet Nam, il dit: c'est ma mère. Il disparait dans sa chambre. Il n'avait pas reçu de nouvelles de sa famille depuis cinq ans et il ne savait pas ce que cette lettre lui réservait comme nouvelle. Mais tout était bien chez lui. L'un est parti à Vancouver chez des amis pour travailler et l'autre est allé à Montréal pour travailler avec des amis vietnamiens.
J'ai gardé de cet événemenmt deux leçons importantes. D'abord la joie dans les yeux de ces jeunes qui se sont sentis libres et aimés. Réalités qu'ils avaient perdues depuis l'invasion communiste de leur pays. Je les ai aimés comme s'ils étaient ma propre famille. Une deuxième leçon fut la grande générosité des gens d'ici qui m'ont aidé financièrement. Des marchands de vêtements les ont habillés pour l'hiver. Ce fut un moment de bonne rigolade quand ils se sont vus dans le miroir habilés pour le pôle nord. Un matin, j'étais dehors près du presbytère, une voiture s'arrête et le monsieur me donne une enveloppe: C'est pour t'aider à prendre soin de tes garçons, me dit-il. Et il repart. J'ouvre l'enveloppe, elle contenait dix billets de cent dollars. Cette générosité des gens d'ici, j'en ai été témoin et même profité très souvent dans ma vie en paroisse.
Quand ces souvenirs remontent en moi, c'est l'occasion d'un moment d'action de grâce. Le Seigneur m'a comblé et j'ai mieux compris qu'il y a plus de joie à donner qu'à recevoir. Accueillir des gens d'ailleurs, c'est difficile à la fois pour nous et pour eux. La seule voie possible est d'accepter la différence et de nous aimer comme ça. Un vieux proverbe disait: Il est plus facile de sortir un gars de la campagne que de sortir la campagne du gars. La même chose est vraie pour un vietnamien, un africain.... Mes vietnamiens ont du apprendre à vivre en québécois mais ils sont restés vietnamiens.
L'Évangile féminin.
Ce matin, six décembre, où le souvenir du drame de la polytechnique revient nous hanter, je me permets de méditer une page d'Évangile qui me nourrit depuis quelques jours. Elle est inspirée du livre du Père Arnold: Dieu derrière la pote, P.177 ss.
Nous parlons beaucoup de l'option de Jésus pour les pauvres et les mal gommés de la société. Cependant Jésus a fait une option fondamentale pour la place des femmes dans la société, il a bousculé les traditions patriarcales de son temps et nous n'en parlons presque pas. L'Évangile de Luc est un exemple percutant à ce niveau. Le drame de la polytechnique serait peut être une occasion pour se tourner vers ces passages de l'Évangile.
Le texte de l'Annonciaiton dans Luc est percutant. Marie décide seule devant la parole de l'ange d'accepter le projet de Dieu. Elle est fiancée, mais ne s'occupe pas de Joseph. Il est peinturé dans le coin. Ceci est inconcevable dans leur tradition, c'est briser une tradition patriarcale séculaire. Si nous clignotons vers Mathieu, c'est Joseph qui est mis en évidence et Marie est la petite soumise. La décision de Marie en Luc devrait provoquer pour elle l'exclusion sociale et religieuse et même la mort. Cette décision de Marie l'élève au même rang de dignité que les hommes. elle devient servante du Seigneur comme le furent Abraham et Moïse ... Ceci nous conduit à une nouvelle conception du féminin et empêche de réduire la femme au foyer pour élever des enfants. elle n'est pas seulement épouse et mère, elle est FEMME d'abord, elle est une personne humaine créée à l'image de Dieu. Nous avons sans doute trop réduit Marie à un rôle de priante, les mains jointes et les yeux fermées. Elle est la femme forte de l'Évangile qui brise les tabous du patriarchat et secoue dans sa base même le préjugé masculin.
L'épisode de la "prostituée" qui entre chez Simon pour baigner les pieds de Jésus, Lc 7, 36, nous questionne aussi. Nous avons mis l'accent sur le pardon que Jésus accorde à cette femme. Pourquoi n'y verrions-nous pas une amante qui vient briser les tabous masculins. elle est un témoin de l'amour qui se permet de briser les traditions patriarcales pour nous enseigner notre relation avec le Seigneur. Là où les hommes voient une prostituée, Jésus voit une amante qui dit son amour sans gêne et nous conduit sur ce même chemin. Jésus accueille cette femme et lui redonne sa dignité de femme et de personne humaine et Il nous dira le jeudi saint: Faites ceci en mémoire de moi.
Une autre occasion forte est la présence des femmes au tombeau le matin de Pâques. Alors que les disciples sont enfermés à Jérusalem comme un groupe d'adolescents peureux, les femmes vont au tombeau découvrir et révéler la résurrection face au scepticisme de ces messieurs possesseurs de la vérité. Lc 24, 22-23. Écoutons-les: "Certaines femmes qui sont des nôtres sont venues nous dire que des anges leur avaient dit que Jésus Était ressuscité." Mais peut -on se fier à des paroles de femmes? Jésus a pris une option fondamentale pour la place de la femme dans l'Église et la société ....
La visite de Jésus chez Marthe et Marie en est un autre exemple significatif. Marie est assise au pied de Jésus. C'est la place et l'attitude du disciple pas celle des femmes mais celle de l'homme. la place des femmes est celle de Marthe qui prépare le repas et fait le service. Marthe veut rester à la sacristie pour préparer la liturgie alors que Marie devient disciple et témoin du Christ. Jésus veut redonner la dignité de disciple à cette femme et à toutes les autres après elle. La meilleure part que Jésus annonce est cette dignité de disciple inaugurée par Jésus de Nazareth. Cette dignité de disciple n'était réservée qu'aux hommes.
Si nous apprenons à lire l'Évangile dans cette optique, nos mentalités pourraient chager, du moins je le souhaite. J'ai eu une femme comme mère; dans mon ministère, j'ai été marqué par des présences de femmes comme compagne de travail, J'ai découvert un intérêt pour la Bible grâce au travail de biblistes féminins qui ont ouvert des chemins nourrisants et motivants. Quand je relie des écrits contemporains dans la société et dans l'Église, je suis un peu gêné pour toutes ces femmes. Si je regarde ce qui se passe aujourd'hui encore dans notre monde, dernièrement nous avons suivit un reportage sur Mme Casgrain la première députée au Québec, le souvenir du six décembre 1989, sont encore des questions posées à notre mentalité ecclésiale. Où est passé le message de Jésus?
