Jos. Deschênes
J'ai fait un rêve.
Cette nuit, j'ai fait un rêve. Je ne me prends pas pour Martin Luther King. J'ai fait un rêve en deux temps et je me suis amusé à l'interpéter un peu comme Joseph dans la Bible.
Je partais porter la communion dans un centre de personnes âgées. en route, je m'arrête chez quelqu'un faire une commission. Au sortir de la maison ma voiture est glissé un peu de côté, avec de l'aide nous la remettons sur la route et je continue mon chemin. Je m'éveille.
Le sommeil revient et mon rêve continue. En route j'arrête encore une fois chez un ami et à ma sortie de la maison, ma voiture est glissée dans un fossé et sur le toit, les quatre fers en l'air, comme on dit. Je m'éveille de nouveau. Une question m'est venue: Qu'est-ce que je vis présentement que mon subconscient me ramène. J'essaie donc d'analyser.
Au fil des jours précédents, j'ai fait une constatation. Je prenais conscience que doucement dans notre Église par divers prise de position qui dénote une mentalité, nous repoussions un peu plus les chrétiens dans la sphère de l'exécution en les éloigant du partage de décision et de responsabiltié. Le cléricalisme comme dit le Pape François prenait plus de terrain et beaucoup de chrétiens m'interpellaient devant cette menace exprimant leur déception et leur souffrance. La voiture de mon rêve glissait doucement jusqu'au moment où elle était sur le toit; c'est à dire que les roues -les chrétiens- sont moins nécessaires puique c'est le toit- le pouvoir clérical- qui mène. Un curé m'a dit un jour devant les réactions des chrétiens: S'ils ne sont pas contents qu'ils restent chez eux. Nous sentons l'église se refermer doucement sur elle-même comme un coquille en train d'étouffer. Le tournant missionnaire ....
C'est ce que je vis présentement et que mon subconscient a fait remonter en moi. L'Évangile de dimanche prochain, premier dimanche de l'avent, nous invite à l'espérance dans la naissance d'un monde nouveau.
Prière.
Ce matin, une prière d'action de grâce monte en moi inspirée de Monsieur Épictète.
En ouvrant mes tentures, je te rends grâce, Seigneur, pour avoir inventé les yeux qui me permettent d'admirer ton oeuvre, de reconnaitre la grandeur de ton amour et de ta présence dans cette belle nature qui nous entoure.
Je rends grâce aussi de d'avoir inventé les papilles gustatives qui me permettent de savourer les bons aliments qui me révèlent aussi ta bonté et ton souci pour nous.
Je te rends grâce d'avoir inventé le cerveau qui me permet de te connaitre, de te rencontrer et aide mon coeur à t'aimer.
Je te rends grâce d'avoir inventé mon estomac et mon ventre magnifique usine de transformation qui peut faire rougir de jalousie tous nos bons savants de la terre.
Je te rends grâce de m'accompagner dans mes faux pas pour m'apprendre à me redresser pour me réaliser au mieux comme ton enfant bien-aimé.
Et ma prière d'action de grâce continuera aujourd'hui ...
Liberté intérieure.
Sur le chemin de la liberté, la mort est est la fête la plus solennelle." Bonhoeffer. En lisant cette affirmation, je pensais à Jésus sur la croix qui peut dire: "Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font." Jésus nous apprend cette grande liberté intérieure qui lui permet d'accepter la mort dans la fidélité à son être et à sa mission. Je pensais à Jésus le jeudi saint qui ne veut pas jouer le rôle de Belle-mère, qui donne sa mission aux siens et disparait. Ils leur fait assez confiance pour accepter leur liberté et il est assez libre lui-même pour les accompagner dans leur mission.
Dans la société comme dans l'Église, différents courants s'affrontent. Il y a une part de vérité dans les uns comme dans les autres. la liberté intérieure suppose cette capacité de les accueillir et de les écouter sans être brisé dans ses convictions et sans vouloir les faire taire. Nul n'est blessé que par lui-même, disait J. Chrysostome, tou tdépend du pouvoir que je donne à l'autre. Bon sujet de méditation.
Faut lire et méditer.
Anselm Grün: Conquérir sa liberté intérieure. Ed. de l'Atelier. Ce livre date de près de 20 ans, mais il est d'une grande actualité. Conquérir sa liberté, c'est se guérir de tous ces préjugés, comportements imposés de l'extérieur qui pour la plupart nous ont fait manquer notre cible spirituelle pour nous attacher à des pratiques lesquelles ont laissé un vide douloureux et difficile à combler. Nous avons mis l'accent sur la performance et non sur la fécondité de la vie. Dans notre société actuelle et notre vie en Église, il est de plus en plus urgent de basculer vers la vie spirituelle et moins la pratique, la prière et moins les dévotions, la foi et moins les croyances afin de rester maitre de sa vie spirituelle. Bonne lecture.
Peur ou fécondité
Un Monsieur riche partit en voyage et donna des sous à ses serviteurs pour faire fructifier. Les uns les firent fructifier et l'autre l'enterra par peur de le perdre. Lc19, 11-28. Ce texte de Luc me renvoie à notre liberté intérieure. Est-ce que dans ma vie spirituelle j'agit par souci de fécondité ou par peur ou manque? Jésus nous dit en »Marc: le royaume de Dieu est en vous. Pierre nous révèle dans sa 2e lettre: "La puissance divine nous a fait don de tout ce qui est nécessaire à la vie." 2 P. 1, 3. La vie divine en nous contient tous les dons nécessaires à notre vie chrétienne. Notre façon de les utiliser et d'en vivre doit être animée par cette volonté de croissance. Faire croitre en nous ces dons au service du royaume de Dieu. Il nous est demandé de faire grandir la fécondité de notre être.
Nous sommes appelés à être positif. Trop souvent nous partons du négatif pour se convertir. Les gens de la parabole en Luc ont fai fructifier ce qu'il possédait et il s'est multiplier. L'un était négatif, il avait peur, et son don est resté sans progrès. C'est l'image de notre vie spirituelle. Nous avons l'impression souvent d'être bon chrétien si nous avons fait beaucoup de pratiques, de prières, de dévotions qui laissent trop souvent un vide parce que ce sont des choses extérieures à nous et qui ne font pas grandir. Ce n'est pas l'activisme qui compte mais la fécondité. Nous avons peut être oublié cette dimension essentielle dans notre vie d'Église. Nous mettons l'accent sur les activités extérieures, les pratiques de rituel, qui nous laissent insatisfaits, qui laissent un vide en dedans.
On me disait quand j'ai étudié la liturgie que le rite d'ouverture de la messe était là pour nous placer en présence de celui qui nous avait convoquer à la célébration. Prendre conscience ensemble de la bonté et de l'accueil comme de la grandeur du Christ Jésus qui nous invite à ce rassemblement d'action de grâce. C'était un rite d'ouverture. Rapidement il est devenu "le rite pénitentiel". Nous sommes descendus vers nous au lieu de monter en action de grâce et prendre conscience de la divinité qui nous habite et qui nous rassemble en communauté.
Nous sommes davantage dans une vie de performance que de fécondité. Nous nous attachons au nombre de prières plutôt qu'a la richesse de la prière. Parfois je vais négliger des rencontres avec les gens pour satisfaire mes règlements de ferveur. Les chrétiens sont partis avec un vide spirituel, en recherche de valeurs et de sens à la vie et nous visons le retour à la pratique et non la fécondité de la vie chrétienne au quotidien. Nous sommes toujours dans cette vie de performance et non de fécondité. Derrière cela il y a un manque de liberté intérieure qui me fait obéir à des normes et des pratiques plutôt que de rendre ma vie spirituelle féconde selon l'Évangile. Nous avons davantage appris à obéir qu'à devenir fécond. Nous avons tout ce qu'il nous faut, nous dit Saint Pierre, il s'agit de bien l'utiliser.
Une question majeure pour nous est de se libérer de ces structures intérieures héritées de notre histoire pour retrouver la liberté de l'Évangile. Apprendre à vivre, prier et célébrer non POUR mais PARCE QUE. Je ne vais pas à la messe pour avoir des grâces ou pour prier pour mes parents défunts, comme on le fait beaucoup aujourd'hui. Je vais à la messe parce que je suis un être de communion, en communion avec mes soeurs et frères et avec mon Seigneur et j'ai le goût de célébrer cette réalité. Je prie parce que je suis un être spirituel et j'entre en relation avec ce divin qui est en moi. Dans la vie ordinaire, je ne vais pas visiter mon père pour avoir de l'argent ou pour autre chose, je le visite parce que je suis son fils et que je l'aime et qu'il m'aime. Cet amour m'habite et je le fais grandir. Il en est de même dans ma vie spirituelle.
Dans le contexte de société où nous vivons, où l'accent est mis sur la performance, où chacun est jugé selon son rendement, ne serait-il pas intéressant ou urgent de développer cette dimension de fécondité dans nos vies? Ne serait-il pas intéressant de mettre moins l'accent sur le mea culpa que sur l'alléluia? Je me souviens quand j'étais jeune, le curé avait un appareil au confessionnal pour compter le nombre de confessions et le premier de l'an, il nous donnait les statistiques. Et si une année le nombre avait diminué, nous avions droit à une semonce. Le tournant missionnaire nous invite à cette démarche de libération des schémas qui emprisonnent notre liberté intérieure pour devenir fécond comme nous le dit le texte de la création: "Soyez féconds" de cette fécondité de l'esprit, du coeur, de l'intelligence pour remplir la terre d'amour et de tendresse.
Inspiré du Père Anselm Grün: Conquérir sa liberté intérieure.
Pensée spirituelle
Ne demande rien à la vie, accueille avec action de grâce ce qu'elle te donne et utilise-le au mieux. Dalaï Lama.
Chahuteur d'amour et de tendresse. Lc 23, 35-43.
Un bon Père commentant cet Évangile et la fête du Christ-Roi écrit: Le Christ, chahuteur d'amour et chahuteur de tendresse." J'ai aimé cette image et je la médite avec vous aujourd'hui. Un chahuteur est quelqu'un qui dérange, fait du bruit, et souvent est contestataire, c'est à dire, conteste un système au nom des valeurs, des personnes et de la vie. Il prend souvent la défense des sans voix et des petits de la société. Jésus a été ce chahuteur de l'amour des petits et des pauvres, il fut le Bon Pasteur. C'est ce roi que je voudrais vénérer aujourd'hui.
L'Évangile nous présente un Jésus crucifié que les gens ridiculisent. Ils se moquent d'un Dieu puissant qui fait des miracles et ne peut se libérer lui-même. "Si tu es Fils d eDieu, descend de la croix." Jésus a accepté cette situation au nom des valeurs qu'il porte et de sa fidélité à son être de Fils de Dieu et de sa mission. Dans son silence et sa réponse libératrice au condamné près de lui, dans sa résurrection au matin de Pâque, Jésus ne triomphe pas de ses adversaires. Il leur apprend la force de l'amour et de la fidélité à soi-même. Jésus dérange, il est chahuteur non par la force de ses bras, mais par la force de son amour et de son coeur. Il ne cherche pas l'extraordinaire et les coups d'éclat pour épater la galerie, mais simplement l'accueil de l'autre et le cheminement possible à vivre avec lui.
Notons que le larron reçoit une parole de bonté parce qu'il se situe avec Jésus au niveau de la personne, au niveau du coeur alors que les autres se situent au niveau du pouvoir. La force et le pouvoir de Jésus se manifeste dans cette parole: "Aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis." Dans ce moment ultime de sa vie, Jésus manifeste la force de son amour dans la rencontre de l'autre comme il l'a fait avec les disciples d'Emmaüs au matin de Pâque. C'est dans l'auccueil du frère et de la soeur, dans son écoute que Jésus révèle la grandeur de son être et de sa mission. Il révèle toute la profondeur de son être de Bon Pasteur.
Dieu n'est pas extérieur à nous. Il fait partie de notre vie. Nous sommes habités du divin. C'est pourquoi il n'agit pas sans nous. C'est dans la façon dont nous nous accueillons les uns les autres que nous manifestons la grandeur de la présence et de l'amour de Dieu. Le Seigneur nous attend dans la façon dont nous acuceillons l'autre à côté de nous. Si parfois Dieu nous semble silencieux, c'est que nous sommes en dehors de nous comme les gens devant la croix du Christ. Nous le cherchons à l'extérieur alors qu«'il est en dedans. Alors que les gens attendent un geste de puissance, Jésus répond par un geste d'amour et de tendresse au larron qui veut le rencontrer.
Dieu nous veut debout et en marche, partis à la rencontre de l'autre pour découvrir ses besoins et apporter le baume de l'amour et de la miséricorde. Dieu deviendra chahuteur dans notre monde le jour où nous accepterons de le suivre sur la route des hommes et non sur la route de la royauté. Le jour où Dieu deviendra bruyant et dérangeant sera sans dout le jour où nous accepterons d'être chahuteur de la miséricorde et de la tendresse à son exemple. La fête du Christ-Roi est la fête de ce Pasteur qui chahute au coeur de nos vies et qui nous demande de le vénérer et de l'adorer dans le coeur des femmes et des hommes qui luttent au quotidien pour donner à manger à ceux qui ont faim et soulager la détresse des personnes accablées par la souffence et l'injustice.
Chaque fois que je viens célébrer l'Eucharistie en communauté avec mes frères et soeurs, je viens -comme le larron de l'Évangile- rencontrer ce Bon Pasteur qui me donne la force d'être chahuteur de l'amour, de la tendresse et des relations humaines dans un monde qui grelotte par l'individualisme et l'indifférence. Nous sommes invités à être des chahuteurs, des dérangeurs, des bruyants au nom des valeurs de l'Évangile et de la vie. Au sortir de notre célébration, nous sommes invités à prendre la route avec le Christ pour vivre l'Eucharistie au quotidien.
Un mot de la France.
PROMESSE D'ÉGLISE, Tel est le titre qui coiffe l'expérience née en France et regroupant actuellement 40 organismes et associations de fidèles accompagnés de deux évêques français Ce mouvement d'Église veut donner suite à la lettre au peuple de Dieu du Pape François écrite en 2018. Dans cette lettre le Pape faisait référence aux scandales de la pédophilie qui a traversé l'Église. Il dénonçait ces abus et faisait un lien avec les abus de pouvoir et de conscience. Il appelait les chrétiens à réagir contre le cléricalisme dont nous sentons une remontée inquiétante aujourd'hui. Il mettait de l'avant certains thèmes comme l'égale dignité des pabtisés, la relation de confiance entre les prêtres et les chrétiens, la volonté de faire évoluer la gouvernance de l'Église et la synodalité. Alors des chrétiens et des mouvements religieux se sont mobilisés pour répondre a cette demande du Pape dans un engagement de réflexion et d'.action accompagnés d'Évêques et de théologiens.
Ces chrétiens au lieu d'entrer chez eux en silence ont décidé de prendre la route de la réflexion et ils ont fait une intervention à l'assemblée des Évêques de France le 6 novembre dernier. Leur souci est de contribuer " à ce que l'annonce de l'Évangile reste une bonne nouvelle audible et crédible dans notre société." Ne serait-ce pas là un clin d'oeil de l'Esprit qui agit au coeur de notre Église et qui nous donne un regain d'espoir? Le renouveau de l'Église viendra surement de ces efforts sur le terrain de baptisés qui aiment assez l'Église pour prendre des risques et devenir à l'exemple du Christ des chahuteurs de l'Évangile et de la tendresse de Dieu. Nous en reparlerons.
Pourquoi sommes-nous ici?
Vendred dernier, j'étais assis dans l'église paroissiale regardant se dérouler les funérailles d'un homme engagé dans le milieu. L'église était presque remplie. La question m'est venue: Pourquoi suis-je ici? Pourquoi tout ce monde est-il ici? J'étais là par amitié pour cet homme et sa famille, j'étais là par reconnaissance de tout ce qu'il avait réalisé dans notre milieu parroissiale et diocésain. j'étais là comme chrétien pour être en communion avec cet homme dire merci de son passage au milieu de nous. Il était un homme de communication, un rassembleur et la communauté était là. Je me disais: quand nous avons des raisons de nous rassembler, les gens sont là. J'ai tout de même regretté que notre célébration ne tienne pas compte du vécu de cet homme, de l'héritage qu'il laisse derrière lui à ceux et celles qui lui succèdent pour le célébrer; e nous avons fait un rite chargé de sens mais complètement inadapté.
Ce matin, je participais à un déjeuner communautaire avec de bons oeufs, jambon et roties. La joie trottait sous le toit de la salle et se déroulait dans un partage bruyant et communicatif. J'y suis allé non seulement pour manger, mais aussi et surtour pour rencontrer les gens, fraterniser et raffermir des liens. La majorité des gens présents étaient là aussi pour les mêmes raisons. Près de moi, un monsieur qui garde des personnes blessées dans leur santé, faisait manger quelqu'un qui ne pouvait le faire lui-même. C'était beau. Cependant la forme de rassemblement était ajustée aux besoins des personnes er permettait la communion entre nous. Lors d'un porchain déjeuner, nous serons encore là.
Pourquoi le repas eucharistique ne rassemble pas et ne donne pas le goût de revenir? Est-ce que ce que nous mangeons n'a pas autant de valeur que les oeufs et les patates? Pourquoi ces rassemblements ne donnent pas le goût de "revenez-y?" Pourquoi notre foi n'est=-elle pas assez forte pour se créer des rassemblements qui rassemblent? Nous sommes fait à l'image et ressemblance de Dieu et Dieu est créateur, alors .....
La nature parle.
Victor Hugo écrivait: "C'est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas." C'est la cri du Livre de la Sagesse, chap. 13, "Plongés au milieu de ses oeuvres, ils poursuivent leurs recherches et se laisse prendre aux apparences: ce qui s'offre à leurs yeux est si beau." Je lisais une recherhce faite pas un théologien d'une part et un philosophe non chrétien d'autre part. Les deux arrivent à la même conclusion, le théologien le nomme Dieu et l'autre ne sait pas. La nature est le lieu privilégié pour découvrir cette puissance infinie qui habite la vie ou qui est Vie. C'est là que j'ai fait l'expérience du Divin en moi. J'écoute la rivière qui me révèle la source divine qui m'habite, et chose étonnante, l'eau des rivières souvent a un goût différent à cause des terres où elle coule. Par suite de la variété des êtres humains la façon de révéler le Seigneur sera différente; ce qui fait la beauté de la vie. La nature est une magnifique école de vie, ce serait malheureux de ne pas l'écouter.
