Hier, l'Évangile, (Lc 16, 19-31), nous faisait rencontrer le riche et le pauvre Lazare qui aurait bien voulu recevoir quelques miettes de la table du riche. Seuls les chiens venaient le soulager. les chiens dans la bible ce sont les païens, les gens qui ne respectent pas les normes religieuses du temps.
Dans notre société il existe encore des Lazare que les "chiens" viennent soulager de leur misère. Si nous suivions la mentalité des juifs qui était la nôtre il n'y a pas encore si longtemps, toutes les personnes qui oeuvrent dans les services caritatifs seraient des "chiens" venant soulager la misère autour d'eux. La majorité de ces hommes et ces femmes ont balancé toute pratique religieuse et s'écartent de beaucoup de normes de l'Église. Heureusement notre mentalité est changée.
Le riche de l'Évangile comme celui d'aujourd'hui est la personne qui n'a pas le temps de s'occuper du pauvre à côté de lui. Le chien est la personne qui prend le temps de s'arrêter auprès du pauvre pour soulager sa souffrance. Pour le "chien", la personne est plus importante que les lois ou les traditions. Le riche est cette personne trop remplie d'elle-même, de ses préoccupations, de son importance et lève le nez sur l'autre devant soi. C'est l'interrogation qui me parvient ce matin pour ma vie personnelle et aussi pour la vie de mon Église devant la quantité de personnes qui ont quitté les normes religieuses et continuent de "lécher les plaies des pauvres" sur le terrain. Je regrette que l'année de la miséricorde qui s'achève n'a presque pas fait état de ces témoins de la miséricorde sur le terrain.
"Or, comme ils parlaient et discutaient ensemble, Jésus lui-même les rejoignit et fit route avec eux; mais leurs yeux étainet empêchés de le reconnaitre." Lc 24, 15. Sur la route d'Emmaüs, les disciples pris dans leur découragement ne reconnurent pas le Seigneur mais se laissèrent accompagner. Ils n'avaient pas cru au Christ, mais en celui qu'ils avaient imaginé. Ils étaient déçus. Jésus est là comme compagnon de route et se laisse découvrir quand le moment est venu.
Voila ce que ce matin, le Seigneur me propose comme entretien pour la journée. Jésus se fait compagnon sur notre route quotidienne, nous ne le reconnaissons pas toujours, mais il attend le moment propice pour se faire découvrir. Le Seigneur ne force personne, il marche avec nous, il écoute nos douleurs comme nos joies et à partir de ce que nous vivons, il se laisse découvrir au coeur de nos vie. Voila le coeur de l'évangélisation: découvrir le Seigneur qui marche sur notre route. Mais encore faut-il se laisser accompagner par lui. Il nous faut aussi se permettre de l'écouter au coeur de la vie.
C'est découvrir le Christ tel qu'il est, tel qu'il se présente à nous et pas nécessairement celui que nous imaginons. Souvent dans nos relations humaines nous cheminons les uns à côté des autres, mais oublions de cheminer ensemble, nous trouvons que le temps passe vite, mais nous oublions de goûter le temps présent. Nous faisons trop souvent de même avec le Seigneur. Nous voulons rencontrer celui que nous imaginons et nous oublions celui qui est en nous, avec nous, qui marche avec nous. Nous cherchons le Christ dans des livres, des savants énoncés théologiques et nous oublions le compagnon de route qui marche avec nous. Sommes-nous capable de nous laisser accompagner et de découvrir celui qui met ses pas dans les miens ce matin pour vivre ma journée. Peut être que ce soir nous pourrons dire avec les disciples: Aujourd'hui mon coeur n'était-il pas tout chaud!
"Le semeur est sorti pour semer." Mth. 13, 3. La parabole en Mathieu nous parle du semeur qui sort pour semer et ne tient pas compte de la terre. Il sème partout. D'abord cette parabole vient m'inviter à sortir. Le semeur n'est pas resté dans sa maison à seulement prier. Il est sorti sur tous les terrains jeter sa semence. L'important pour lui n'est pas d'abord la qualité de la terre, mais sa générosité à donner. Il donne à pleine main. Et remarquons aussi qu'il ne critique ni ne condamne le terrain pierreux ou les ronces, il donne largement.
Chaque matin, ce semeur vient jeter dans ma vie la semence de sa parole, de son amour, de son pardon, de sa miséricorde. Il vient jeter sa parole à travers mes ronces que sont mes pensées de rancune, de non pardon, de remords; il vient jeter sa parole dans ma terre accueillante qui se laisse prétrir facilement et produire des fruits en abondance. Il vient jeter sa parole dans ma terre de chardons et d'orties où rien ne pousse. Le semeur ne regarde pas d'abord la qualité de ma terre, mais la générosité de son amour. Il donne.
On ne sait rien du semeur, il n'est pas nommmé. Il se laisse découvrir. Il me semble que le terme "semeur" convient mieux à Dieu que "créateur". Ce terme nous invite à une relation avec quelqu'un de généreux, de bon qui ne condamne pas, qui fait confiance. Dieu est un semeur de vie, semeur d'amour et de pardon. Joachim Gérémias écrivait: "l'homme moderne va dans le champ, regarde à ses pieds et voit un développement biologique. Les gens de la bible vont dans le même champ, regardent vers le haut et voient se succéder les miracles. Ce ne sont que résurrrections de la mort." Cette parabole est un trésor de confiance dans la fécondité de toute vie humaine. Merci Seigneur de jeter en nous chaque matin cette parole de vie.
En lisant les paraboles, je réalise que Dieu n'est pas nommé. Mais où est Dieu? Luc au chapitre 15 nous parle des paraboles de la fête des retrouvailles: la brebis retrouvée, la drachme retrouvée, l'enfant revenu à la maison, la parabole du semeur ne nomme pas Dieu non plus. Mais où est Dieu?
La parabole ne nomme pas Dieu mais dit Dieu dans un langage poétique. Elle nous parle d'une réalité que nous sommes invités à découvrir. Ce n'est pas un discours théologique, c'est une réalité qui se laisse découvrir.Il s'agit à mes yeux d'une vision importante pour notre vie d'Église. Nous ne savons plus comment parler de Dieu, comment présenter la catéchèse, les jeunes n'aiment pas trop mêler Dieu à toutes les sauces et dans nos célébrations nous avons peur des chants propulaires qui ne nomment pas Dieu directement. Et pourtant nos chansonniers poètes nous parlent de Dieu de belle façon sans le nommer. Parleraient-il en paraboles?
Jésus ne vient pas apporter des réponses et des certitudes. Il vient éveiller à l'existence de Dieu. Il s'adresse au coeur et non à la raison, c'est peut-être pour cela que les foules se ruent pour l'écouter. Nous, nous avons besoin d'un catéchisme avec des réponses toutes faites que nous apprenons par coeur, ce sont des connaissances et non de l'expérience. C'est l'inverse des paraboles.
Nos chansonniers populaires nous font découvrir Dieu sans le nommer, comme Jésus. Luc de la Rochelière chante: On ne réalise pas toujours nos rêves, on n'est pas ce que l'on croit être, on est seulement ce que l'on est. Et Jésus nous dit que nous sommes l'enfant bien-aimé d'un Père. Découvrir ce que l'on est, le vivre au mieux, voila la découverte de Dieu. Pourquoi avoir peur de nos chansonniers? Jacques Michel écrit: Si tu ne peux plus mordre dans la vie par ce que la vie te mord chaque jour, vient chez moi ensemble nous toruverons la lumière. C'est Jésus qui nous dit: Venez à moi vous tous qui souffrez et peinez et je vous soulagerai. Et le magnifique chant de Michel Scouarnec: Ce qui me restera de toi ...
OÙ est Dieu? Redécouvrons Dieu dans la vie, le coeur de chacun et chacune de nous, dans le quotidien et cela sans souvent le nommer. Jésus part toujours de la vie, des personnes, du quotidien pour faire découvrir le Père. Nous avons peut-être perdu Dieu à travers des énoncés théologiques, des structures, des réponses de catéchisme et pourtant le Seigneur se laisse découvrir à travers mon quotidien. Les paraboles nous placent en présence d'un être de relation: Pasteur, semeur, Père, femme et la drachme, ... Il ne s'agit pas d'une connaissance mais d'une expérience de vie. Dieu se révèle à travers une action, une expérience de vie, une présence et non à travers des mots ou des théories. C'est le chemin que notre monde veut explorer. A travers les paraboles essayons de retrouver le vrai visage de Dieu.
Ce qui nous rend heureux n'est pas ce que nous avons mais ce que nous pensons. Ce sont les idées que nous nous faisons sur la vie, le monde, les autres autour de nous qui nous rendent heureux ou pas. C'est l'Évangile de Luc 6, 39-42: "Avant de regarder la paille dans l'oeil de ton voisin regarde d'abord la poutre dans ton oeil."
Nous jugeons les autres à partir de nos propres perceptions et idées. Comme dit Albert Einstein, le monde que nous voyons, que nous jugeons est celui que nous avons créé par nos pensées et il ne changera pas tant que nous ne changerons pas nos façons de voir et de penser. Notre jugement sur les autres se fait toujours à partir de nos valeurs ou de nos idées. Il nous est difficile de regarder objectivement la vie et le monde, d'en accepter les différences. Le problème n'est pas vraiment un problème, mais notre façon de voir en fait un problème.
Si je regarde la situation de notre Église au Québec, nous voyons un problème de non pratique religieuse, d'un manque de foi, de non engagement, etc ... Nous considérons la situation à partir de ce que nous avons connu. Le problème vient de notre perception, de nos idées de la vie de l'Église. Nous voyons la paille dans l'oeil du voisin qui ne suit plus nos idées. Le problème se bâtit à partir de nos idées et il ne changera pas tant que nos idées ne changeront pas. Jésus nous dit: Regarde la poutre dans ton oeil. Pourquoi ces hommes et ces femmes ont-ils quitter l'Église? Ton oeil voit toujours la vie chrétienne comme hier encadrée par la pratique religieuse mais le peuple chrétien est ailleurs, le train de la vie continue d'avancer. Nous devons regarder la vie, l'Église en fonction de ce qu'elle est et non en fonction de ce qu'elle était ou voudrions qu'elle soit. La vie change continuellement, si mes idées ne changent pas, je serai malheureux longtemps. Si je ne change pas mes idées pour revenir à celles de l'Évangile et de la vie, rien ne changera et je serai un chrétien malheureux longtemps.
Sr Cécile Sénéchal ( Sr Luciene de Jésus) des Srs de S. Paul de Chartres, est décédée le 6 septembre dernier. Elle était la dernière fondatrice du couvent à Ste-Octave de l'Avenir. En compagnie de trois autres rleigieuses, elle était allé ouvrir cette nouvelle maison d'enseignement en 1952. Elle faisait partie "de ces femmes de courage et de générosité qui ont accompagné nos communautés chrétiennes dans leur difficile parcours pour accéder à la modernité." (D.D.) Sr Cécile a enseigné non seulement des matières scolaires mais aussi une façon de vivre, des valeurs, une spiritualité qui ont germé et fleuri dans le coeur des jeunes de chez-nous. Elle aimait l'Église de Jésus Christ, elle aimait le mouvement cursilliste et elle a donné beaucoup au mouvement A.A. Aujourd'hui pour nous, c'est un chant de reconnaissance que nous faisons monter pour cette vie de femme donnée.
Une grande foule suivait Jésus, celui-ci se retourne et leur dit: Bande de suiveux. Je ne veux pas de foule de moutons, mais des disciples. Lc 14, 25-33. Et voila que Jésus se met à leur expliquer qu'il désire des gens qui se mette à sa suite; non pas des gens qui le suivent, mais qui se mettent à sa suite.
La foule suit Jésus parce qu'elle a vu des miracles: la multilication des pains, la guérison d'un lépreux, etc .. La foule cherche du merveilleux ou suit un gourou. la foule sera toujours une foule jamais une communauté. Nous avons connu une religion de foule au Québec, comme il n'y avait peu de disciples, l'édifice est en panne.
Alors Jésus commence à leur dire: ce que je veux, ce sont des disciples et pour être disciples, vous devez enlever ce désir de merveilleux, un désir de pouvoir ou de controle représenté par le père, un désir de garder pour soi dans des relations qui peuvent être étouffantes et vous devez asseoir votre relation sur des bases solides. Il vous faut renoncer à compter seulement sur vous mais à bâtir avec MOI.
Le disciple est un être libre qui s'appuie sur l'essentiel. Un être qui prend le temps de bien comprendre et préparer son agir, un être qui apprend à bien jouer la musique de son être et non celle indiquée ou voulue par d'autres. La question qui m'est posée: Suis-je un suiveux ou un disciple? Un disciple ne suit pas Jésus par souci de merveilleux, de sécurité, désir de pouvoir, mais se met à la suite de Jésus pour défendre les petits, les pauvres, les victimes d'une société de consommation. Le disciple se met à la suite de Jésus pour bâtir le règne d'amour et de miséricorde du Père.
La situation vécue en Église aujourd'hui nous fait sortir de la foule pour devenir disciple. Il ne s'agit plus d'une Église grégaire mais de disciples attirés comme par un aimant par Jésus Christ. C'est la mission donnée par le Christ au lendemain de la résurrection: Allez, enseignez, faites des disciples." Mth 28, 19. La foule est partie, l'heure est à vivre en disciple. L'heure est à préparer des chrétiens disciples du Christ au quotidien. Pour préparer des disciples, nous devons l'être nous-mêmes.
PERSONNE NE MET DU VIN NOUVEAU DANS DE VIEILLES OUTRES." LC 5, 33-39. CE TEXTE DE L'ÉVANGILE CE MATIN M'INVITE À RÉFLÉCHIR SUR NOTRE VIE CHRÉTIENNE ET D'ÉGLISE. DEPUIS LE RÉVOLUTION TRANQUILLE AU QUÉBEC, LE VIN A CHANGÉ. LA SOCIÉTÉ A ÉVOLUÉE ET DEVENUE LAÏQUE. LES GENS SONT PLUS INFORMÉS ET SONT PLUS LIBRES DE PRENDRE DES DÉCISIONS QUI LES CONCERNENT. CECI AURAIT NÉCESSITÉ QUE NOS OUTRES CHANGENT AUSSI POUR ACUEILLIR CE VIN NOUVEAU.
MA CONVICTION EST QUE CE CHANGEMENT D'OUTRES NE S'EST PAS FAIT ASSEZ RAPIDEMENT OU TROP TIMIDEMENT ET LE VIN EST RESTÉ À LA RECHERCHE D'OUTRES POUR L'ACCUEILLIR. LES VALEURS SONT RESTÉES LES MÊMES MAIS LA FAÇON DE LES ABORDER ET DE LES VIVRE S'EST MODIFIÉE. NOTRE VOLONTÉ EST DE RAMENER CE VIN DANS NOS OUTRES ET ÇA NE MARCHE PAS.
NOUS AVONS CONNU UN TEMPS AVEC DES PRÊTRES ET DES MESSES EN ABONDANCE ET MALGRÉ CELA NOS ÉGLISES SONT VIDES ET LES PRÊTRES SONT PLUS RARES. AVEC LE CHANGEMENT DE SOCIÉTÉ, CE SYSTÈME NE FONCTIONNE PLUS. LE VIN EST CHANGÉ, NOS OUTRES DOIVENT AUSSI CHANGÉES. CE MATIN, JE ME DIS, LA SEULE CHOSE DONT JE SUIS CAPABLE AUJOURD'HUI EST D'AIMER CE MONDE NOUVEAU, D'ÊTRE PRÉSENT À CE VIN NOUVEAU POUR ENSEMBLE TROUVER LES OUTRES NÉCESSAIRES POUR L'ACCUEILLIR. AIMER CE MONDE AVEC SES BLESSURES, SES PEURS, SES QUESTIONNEMENTS, L'AIMER PROFONDÉMENT AFIN QUE LES PERSONNES DEVIENNENT PLUS IMPORTANTES QUE TOUT LE RESTE. QUE L'ESPRIT ÉCLAIRE MA RÉFLEXION.
Moïse demande à Dieu: Quel est ton nom?" Et celui-ci réponds: "Je SUIS celui qui serai." Regardez-moi agir avec vous et vous saurez qui je suis. Dieu se fait connaitre à travers un agir. Quand nous disons je suis en parlant de nous, il me semble que nous reprenons la parole de Dieu et elle vraie aussi. Dieu fait partie de notre être. Il est en nous et avec nous. A travers nous, il reprend sa réponse à Moïse: Je suis. Quand je dis: Je suis, nous faisons savoir au monde qui nous sommes, nous révélons Dieu. C'est une réalité profonde dont il faut prendre conscience. Je suis, Je suis ce que je suis l'enfant bien-aimé du Père. Comme Dieu s'est révélé à travers un agir, nous nous révélons et révélons le Père à travers notre agir. Et l'agir du Père est un agir d'amour et de tendresse.
Il me semble que notre monde d'aujourd'hui nous appelle à devenir des créateurs: créateurs de vie, de spiritualité, de sens, de vérité. Dieu a créé le monde, l'être humain l'a bâti à sa façon. Jésus est venu recréé le monde à la manière du Père. Il est venu réinventer le monde en nous ramenant au sens de la vie et des choses.
Depuis Jésus Christ, le monde a organisé la vie selon des systèmes, des théories en évitant de rester au niveau du sens et de la vie. Ces systèmes nous gardent souvent à la surface des choses et de la vie de sorte que l'essentiel reste masqué et enfoui sous les pierrailles de l'accidentel. Ce que d'aucun traduise: le contenant a pris la place du contenu.
Nous sommes appelés à devenir des créateurs de sens. Et si je regarde notre Église, nous sommes appelés à devenir des créateurs de spiritualité pour rejoindre nos frères et soeurs dans la foi. Comme le Christ a réinventer la vie spirituelle brisée par les coutumes religieuses du temps, nous sommes invités aussi à réinventer notre Église pour accompagner notre monde sur la route de la vie.
Je crois aussi que notre façon de dire notre AMOUR de l'Église sera de la recréer. Nous ne pouvons pas aimer l'Église peuple de Dieu si nous n'avons pas le courage de la conversion. Il ne s'agit plus d'inventer des pièces neuves, c'est tout le système qu'il nous faut revisiter. Ce renouveau ne vient pas du dehors mais du dedans, il vient du coeur et de l'amour que nous portons à l'Église peuple de Dieu. Je dois être, et chacun de nous devons être artisans de cette re-création.
Plus...
"Allons ailleurs, dans les bourgs voisins." Mc 1, 35,
Écrit par Jos. DeschênesCe matin, à la télévision on annonce une nouvelle émission:"Réveillez-vous." Cela rappelle le texte de Paul: "Sortez de votre sommeil." J'ouvre le livre du Pape François pour ma méditation je tombe sur le texte de Marc où Jésus invite les siens à sortir pour aller dans les villages voisins.
Le Pape François nous invite souvent à sortir et aller aux frontières, aller vers les autres. Il nous parle aussi de l'Église hopital de campagne, petite et proche des gens. Après la résurrection, Jésus invite ses apôtres à sortir et retourner en Galilée. Notre Église est une Église de sortie. Nous sommes des missionnaires. Dans le contexte de société actuelle, cette dimension est de plus en plus nécessaire.
En entendant "Réveillez-vous", je me suis senti fouetté. Je me suis demandé dans l'Église que nous sommes aujourd'hui, ne suis-je pas un peu endormi. J'aime bien les petits ronrons de la messe dominicale pas trop longue et je retourne tranquillement siroter mon café en paix. Je m'amuse à chiâler les autres ou encore parce que nous n'avons pas assez d'argent pour payer les factures. Nous sommes tous des vieux endormis dans la routine. Nous sommes endormis dans les routines, les dévotions, les croyances.
Le peuple chrétien est un peuple debout et en marche, un peuple de resusscités. Non un peu écrasé devant le tabernacle, mais en marche sur le terrain. "Sortez de votre sommeil" dit Paul. Depuis la révolution tranquille au Québec et le Concile Vatican 11, nous nous sommes refermés sur la liturgie et les sacrements un peu comme une coquille et nous sommes en train d'étouffer. Jésus marche encore aujourd'hui dans les rues de nos villages, il souffre dans les maisons avec les gens qui ont faim, ils pleurent avec les familles endeuillées, il claudique avec les infirmes, il attend notre présence pour l'aider à aller plus loin. "Réveillons-nous" sortons de notre sommeil et retrouvons le dynamisme de l'Évangile.
En terminant, ce matin, je ne peux m'empêcher de poser une question sachant que je n'ai pas raison. J'ai reçu l'invitation pour la célébration d'accueil de notre nouvel évêque à Gaspé. La photo sur la page frontispice est l'armoirie. Que représente les armoiries? Accueillons-nous un "Seigneur" ou un pasteur au coeur d'une communauté? Quelle image projetons-nous de l'Église et de son pasteur? Je suis devant une question et une grande déception.
Depuis quelques années nos communautés chrétiennes célèbrent de temps en temps des liturgies de la Parole le dimanche. En écoutant la réaction des chrétiens et même de certains prêtres, je me permets de méditer un peu cette réalité ce matin.
Un premier point qui m'apparait difficile est que nous prenons cette raélité par la négative: parce qu'il y a moins de prêtres nous faisons des liturgies de la Parole. Nous laissons l'impression d'un pis aller. Il me semble que l'objectif premier de l'Église est le rassemblement de la communauté et non la forme de rassemblement. Si nous voulons rassembler les chrétiens, offrons leur une forme de rassemblement qui les intéresse et les rassemble. Lucien Deiss parle d'une fête de la Parole. La formation à donner aux animateurs de fête de la Parole est une formation biblique non comment faire des rites.
Nous avons besoin de découvrir ensemble l'importance de la Parole de Dieu. Jésus Christ est présent dans sa Parole d'une présence réelle comme dans l'Eucharistie. Il est présent dans la Parole sous l'apparence des mots comme dans l'Eucharistie sous l'apparence du pain. Nous communions au même Christ dans la Parole que dans l'Eucharistie. La Parole est créatrice, elle créée la communauté en vue de l'Eucharistie qui soude la communauté dans le mystère du Christ. "C'est par la force de l'Évangile que l'Esprit Saint rajeunit l'Église et la renouvelle sans cesse, affirme Vatican 11.
Jésus avant de multiplier les pains s'est assis et enseigna longuement la foule. Mc 6, 34. Il ne peut y avoir d'Eucharistie sans une Parole vivante qui éclaire. L'Eucharistie est célébration d'alliance avec Dieu et c'est la Parole qui nous met en état d'alliance pour célébrer. Il m'apparait néfaste de présenter la célébration de la Parole parce qu'on ne peut avoir d'Eucharistie.
Je crois qu'il nous faut dépasser la pratique de la messe quotidienne et l'obligation de la messe dominicale, dépasser aussi la vision de l'Eucharistie sacrifice sanglant de la croix, pour retrouver la grâce de célébrer l'Alliance et faire la fête autour de la Parole.
Lucien Deiss: Célébration de la Parole, Desclée. Ce livre date de 1991 mais a, je crois, une grande actualité.
Dans une conférence à l'ouverture de la 28e assemblée plénière du Conseil pontifical pour les laïcs, le Cardinal président a cité le Pape François: "C'est l'heure des laïcs" et le Pape a ajouté: "Mais on dirait que l'horloge s'est arrêtée." En lisant ce matin le rapport du congrès de jeunes libéraux concernant la place des femmes dans la politique, j'ai eu l'impression que là aussi l'horloge s'est arrêtée.
Dans l'Église comme dans la société, les gens veulent plus de justice et d'équité entre les personnes de sexe et de couleur différentes. Briser les structures d'un système, briser les mentalités du patriarcat n'est pas chose facile. Sentant la difficulté trop grande, les gens préfèrent baisser les bras et laisser la machine faire son ronron en paix.
Jean Vanier, parlant du pasteur, disait que l'Église est un peuple de moutons qui doivent bêler en même temps et de la même façon afin de ne pas déranger. Jésus est venu instaurer un combat, celui de la justice, de l'équité, du respect de l'autre dans ses différences. Jésus était de la tribu de Juda et non de Lévi. Ce combat est toujours actuel malgré deux millénaires de chrsitianisme. Le Pape François ne souhaite pas que l'on éteigne le feu prophétique des chrétiens dans l'Église qui est toute entière ministérielle.
L'image que l'on projete de l'Église est toujours celle d'une organisation. Regardons les célébrations solennelles, le premier rang est aux évêques, le second aux prêtres, ensuite les diacres puis les laïcs. Nous donnons toujours l'image d'une Église cléricale alors notre parole pour une Église où les chrétiens ont une place tombe toujours à faux. L'image que l'on projete à plus d'impact que nos paroles. Aurons-nous le courage de remettre l'horloge en marche?
Une communauté vivante est celle qui prend soin des personnes les plus vulnérables de son milieu. Une communauté qui vise le rendement, la richesse, le pouvoir au détriment des personnes pauvres et vulnérables est certes une communauté sous la respiraiton artificielle. Autour de la Gaspésie comme dans d'autres régions surement s'étalent tout au long de la route une panolie de services communautaires qui veulent redonner la fierté ou le goût de vivre à ceux et celles que trop souvent nos pouvoirs publics laissent sur le bord de la route.
Ces services ne sont pas seulement d'ordre financiers, mais aussi d'ordre humain. Dans notre contexte de société où le travailleurs est jugé à son rendement et abandonné comme une vieille guenille s'il n'est plus rentable, la vie devient pour plusieurs un cauchemar. Le support psychologique est nécessaire pour que ces personnes retrouvent leur dignité et le goût de continuer. On ne crée pas de travail là où il y a du capital humain prêt à travailler, mais on veut déplacer ces forces vives vers les lieux ou le système capitaliste crée l'emploi. Ainsi nos régions se vident de leurs meilleurs ressources. Les services communautaires mis en place par la bonne volonté et réunion des forces du milieu permet de contrer les effets trop néfastes sur la vie créé par notre système néo libéral.
Je vous invite à lire le dernier no de la Revue A Bâbord.