Ce soir-là, Jésus entre au Cénacle avec ses disciples pour manger le repas de la Pâques. Ce repas sera chargé d'une dimension nouvelle. Jésus est placé devant un choix: soit de rester fidèle à ce qu'il est Fils bien-aimé du Père et à la mission que le Père lui a donnée, et ceci va le conduire à la mort. Ou bien abandonner la mission, se trahir lui-même et sauver sa vie. Jésus fera l'option de la fidélité. Alors sa vie se terminera demain. La mission ne fait que commencer. Il doit donc la donner à ses disciples pour la continuer.
Ce soir-là, Jésus prend du pain et du vin. Le pain est la nourriture du nomade. Le chrétien sera toujours un nomade, toujours en marche. Le pain est aussi le symbole de la "féminité." Jésus prend du vin, breuvage du stationnaire, de l'être arrêté. Il est aussi symbole de la tendresse et de la vie de Dieu. Il est en plus le signe de la "masculinité". Alors Jésus prend ces deux symboles dans ses mains: ils représentent toute sa vie, son enseignement., ses valeurs, sa mission. Ils les donnent à ses disciples en disant: mangez, buvez, et faites ceci en mémoire de moi. Venez vous nourrir à ma parole, au témoignage de ma vie, aux valeurs qui m'on fait vivre; venez vous abreuver à la vie du Père, à sa tendresse et faites ceci en mémoire de moi. C'est à dire rendez présent au coeur du monde ces valeurs, ces enseignements que je vous ai donnés. Jésus fait de nous le sacrement de sa présence de ressuscité dans le monde. L'Hostie consacrée n'est pas seulement le Christ, c'est l'être humain christifié avec Jésus.
Communier, c'est faire option -comme le Christ- pour la fidélité: fidélité à moi-même comme enfant de Dieu, fidélité à ma mission de baptisé sacrement du Christ ressuscité, fidélité aux valeurs de vie que le Seigneur m'a laissées.
Ce soir-là, Jésus brisa le pain pour le donner. Souvenons-nous que dans le récit de la création, les premiers haibtants on briser "un fruit". Ils ont prit un "entier" qui est devenu morceaux et ainsi se sont brisées les relations entre l'homme et Dieu, et les humains entre eux. Jésus brise le pain et le donne, avec ces brisures, il refait l'unité de son corps, il refait la communion entre l'homme et Dieu et les hommes entre eux. L'Eucharistie devient l'anti repas de l'Eden.
Ce soir-là aussi Jésus a pris le féminin et le masculin dans ses mains, l'homme et la femme deviennent envoyés en mission et deviennent ainsi sacrement du ressuscité. Et à l'exemple du potier, il nous façonne à son image et ressemblance pour devenir témoin de sa résurrection. Dans l'Eucharistie, Le Christ prend mon humanité avec la sienne pour la "christifier" et la présenter au Père comme un chant d'action de grâce. L'Eucharietie n'est pas le Christ qui descend dans l'humanité, mais le Christ qui prend l'humanité pour la monter avec LUI vers le Père en action de grâce, ce que nous disons dans le "par lui, avec lui .. ." qui devrait être le cri de l'assemblée vers le Père.
Ce soir-là, Jésus ne nous a pas donné un rite à faire mais une mission à vivre et à célébrer. Je ne vais pas communier " pour" mais "parce que". Je vais communier parce que je suis un être de communion, parce que je vis la communion au quotidien avec Dieu et mes frères et soeurs et que nous avons le besoin de nous rassembler pour célébrer ensemble cette communion comme communauté. La fin de l'Eucharistie n'est pas la communion mais la mission. Jésus dans ce repas pascal, repas de la fidélité a voulu refaire le CORPS du Dieu vivant et il m'a donné la mission de la réaliser. De même que Jésus Christ est le sacrement du Père au milieu des êtres humains, nous devenons le sacrement qui rend visible le Christ ressuscité au coeur du monde. L'Eucharistie est célébration de cette mission, et le pain et vin sont le symbole de cette force que Dieu me donne pour réaliser sa mission.
Ce soir-là, Jésus m'a dit: C'est dans la fidélité à cette mission que demain j'affronterai la mort et que je resterai avec toi pour vivre la même fidélité. L'Eucharistie n'est pas un rite, n'est pas une célébration, n'est pas un moment où je reçois une hostie, elle est une mission à réaliser avec la présence et la force du Ressuscité. Nous sommes envoyés faire communauté.
Ma conviction ce matin est que les hommes et les femmes d'aujourd'hui croiront à l'Eucharistie quand elle redeviendra le repas de l'amour entre frères et soeurs; Quand on comprendra que nous devenons corps visible du Christ, Quand on comprendra que l'Eucharistie nous prend sur la route de la vie pour un moment de communion et nous renvoie sur la route de la mission pour bâtir le règne du Père qui est communion. L'Eucharistie vient célébrer ma capacité à vivre en communion avec les autres et avec Dieu. Et je termine ma méditation avec ce mot d'un savant théologien liturge: Il doit naitre le jour où nous sortirons l'Eucharistie du corset liturgique dans lequel nous l'avons enfermée.
Ce jour-là, notre Eucharistie sera celle du Seigneur.
L'Église, même si elle comprend les situations conflictuelles que doivent traverser les couples, ne peut cesser d'être la voix des plus fragiles, qui sont les enfants qui souffrent, bien des fois en silence. Aujourd,hui, "malgré notre sensibilité en apparence évoluée, et toutes nos analyses psychologiques raffinées," je me demande si nous ne sommes pas aussi anesthésiés par rapport aux blessures de l'âme des enfants (...). Sentons-nous le poids de la montagne qui écrase l'âme d'un enfant. Par conséquent, nos communautés chrétiennes ne doivent pas laisser seuls, dans leur nouvelle union, les parents divorcés. "La joie de l'amour" no 246.
Et le texte continue dans la même veine. C'est une parole de Pasteur qui sent "l'odeur des brebis." Ne serait-il pas intéressant de penser une pastorale d'accompagnement des familles et non seulement une pastorale du sacrement de mariage. Je vois le même appel dans la situation des funérailles. Les familles qui ne viennent pas célébrer les funérailles à l'église mais célèbrent au salon funéraire sont aussi des chrétiens en souffrance, en deuil qui ont besoin d'un accompagnement et de découvrir les valeurs spirituelles. Si nous nous occupons seulement des personnes qui viennent demander un sacrement, ne sommes-nous pas devenus une secte ou un ghetto religieux.
Le Pape François ajoute, "notre tâche pastorale est de renforcer l'amour et d'aider à guérir les blessures." Notre tâche pastorale n'est-elle pas au niveau des personnes et des valeurs plutôt que des rites et des célébrations. Comme le dit Mgr Rouet, le contenant ne doit pas prendre la place du contenu. Le Pape François nous parle comme un Pasteur et un Père. Il me questionne et me dérange et c'est tant mieux.
Nous avions chez-nous dans ma paroisse natale, un éleveur de puces. Il gardait ses puces dans un panier dans la maison. Comme les puces sautaient par dessus le panier et couraient dans la maison, il décida de se placer près du panier avec une palette. Chaque fois que les puces voulaient sauter trop haut, il leur frappait sur le tête. Les puces furent si bien domptées par la peur qu'elles n'osaient plus sauter. Un jour le monsieur mourut et son garçon prit la relève près des puces. Moins zélé que son père, il laissait les puces sauter à leur guise. Guéries de la peur, les puces sautaient plus haut que le panier, sautèrent hors du panier et ce fut la débandade dans la maison. Ce fut l'éclatement de la vie de ces pauvres puces.
C'est ce qui s'est passé le jour de la Pentecôte. Les apôtres par peur des juifs s'étaient réfugiés dans la salle à Jérusalem et n'osaient plus sauter en dehors. Une force intérieure leur a fait vaincre leur peur, ils se sont mis à sauter et leur saut à travers le temps s'est rendu jusqu'au Québec. La Pentecôte n'est pas l'arrivée de l'Esprit chez les apôtres, mais bien davantage la découverte et l'éclatement de cette force qui les habitait. Les apôtres par peur avait enfermé l'Esprit. Dans notre Église, nous avons encore aujourd'hui besoin de libérer l'Esprit, de laisser sauter les puces -celles qui sont encore capables de sauter- avec plus de liberté.
En d'autres mots, les forces du sacerdoce baptismal sont là latentes au coeur des chrétiens et chrétiennes d'ici; beaucoup de chrétiens ont peur de s'avancer par crainte des lois, des pouvoirs, et préfèrent rester à la maison. La Pentecôte que nous célébrerons dimanche le 15 serait l'occasion de remettre en place les trois P. du baptême et de laisser surgir les pasteurs que l'Esprit suscite dans nos communautés. Nous avons le droit de rêver.
La course à la chefferie du Parti Québécois m'amène une piste de réflexion ce matin. Est-ce bon de se diviser en indépnedantistes et fédéralistes? Il me semble que l'option nationale n'est pas une question de politique mais de coeur. Je m'explique. Être maitre chez nous et vivre nos propres valeurs, notre langues et notre culture française et québécoise est une affaire de coeur qui doit motiver toutes personnes sans égard de sa couleur politique. J'aimerais voter pour un gouvernement qui administre sainement la province en fonction d'une philosophie politique. Notre langue, nos valeurs comme peuple français sont les mêmes pour tout le monde et devrait être un moyen de rassemblement et non de division. Ce qui divise, ce sont les modalités et non les valeurs. Il me semble qu'il ne devrait pas y avoir de fédéralistes et indépendantistes, mais des québécois qui vivent et défendent leurs valeurs comme peuple. C'est une question de coeur et non de politique, il me semble.
Je me tourne vers la religion et je fais le même constat. Nous avons tous le même Dieu, le même Père; nous nous divisons sur les modalités de vivre cette relation avec le Père. Ce n'est pas Dieu qui divise, ce ne sont pas les valeurs chrétiennes qui divisent, mais la religion. Ce sont les modalités d'où chacun part pour rejoindre le Seigneur. Ce n'est pas une affaire de pratique, de lois, d'idées mais de coeur. Il me semble que c'est passer des croyances à la foi. La foi s'adresse à une personne: Le Christ ou Dieu le Père et nous avons tous le même. Ne serait-ce pas les coyances qui divisent les personnes? Moi je rejoins Dieu dans ma fâçon de prier, l'autre à côté le rejoint dans un service caritatif, c'est quoi le problème? Ouvrons ensemble l'Évangile et soyons unis autour de l'amour du ressuscité. Voila mon rêve pour aujourd'hui.
"C'était au temps où dans le nord de la France il y avait encore des mines de charbon. On raconte qu'un jeune garçon d'une dizaine d'années allait souvent le soir attendre son père à la sortie de la mine. Il se trouvait donc là à l'attendre ... Les mineurs sortaient, le visage noirci de la poussière de charbon. L'un d'eux aperçoit l'enfant et lui demande ce qu'il fait là. L'enfant répond: J'attends mon père. Et l'homme alors de répliquer, ironiquement: Mais regarde la face de tous ceux qui sortent: ton père, tu ne le reconnaitras pas! Et le jeune de trancher: Oui, mais lui, il me reconnaitra." Tiré de Chantier de Rimouski sous la plume de René Desrosiers.
Dieu me reconnait toujours comme son enfant bien-aimé. Même si je m'en sens point digne, Dieu regarde ce que je suis d'abord et non ce que je fais. Même si mon visage est défiguré par la suie du péché, Dieu me reconnait toujours.
Quelqu'un m'a posé cette question: Qui est Jésus Christ pour toi? Oui qui est Jésus pour moi! D'abord il est le Jésus de mes parents. Ce Jésus qu'il m'ont fait connaitre dans leur témoignage de foi et de prière. C'est une présence qui a animé et soutenu mes parents et qu'ils m'ont léguée dans leur vie.
Jésus Christ n'est pas pour moi le Jésus de Nazareth, mais celui de Ste-Anne des Monts. Le ressuscité présent dans notre quotidien. Celui qui m'a donne son Esprit pour guider ma route quotidienne. Celui que je sens près de moi dans mes difficultés pour me dire continue; celui qui est avec moi dans mes joies pour les partager. C'est un compagnon de route vers le meilleur de moi-même.
Mon Jésus est celui qui est venu dire: Ma tâche est d'allumer un feu sur la terre et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé. Celui qui est venu allumer le feu de l'amour, de la miséricorde, du pardon, de la communion entre les humains. Celui qui me dit: Mes amis écoutent ma voix et demeurent fidèles a mes paroles. Celui qui donne sens à la vie et aux événements.
Mon Jésus prend racine dans la vie du Jésus de Nazareth. Celui qui a marché en Galilée pieds nus dans le sable pour dire aux êtres humains qu'ils sont aimés de Dieu le Père. Un Jésus libre qui a fait peur aux autorités qui l'ont crucifié pour le faire taire. Un Jésus qui s'est fait baptiser par Jean pour nous dire que son baptême qui sera aussi notre baptême célébrait l'amour gratuit de Dieu le Père. Le Jésus de Nazareth fut un insoumis devant les lois asservissantes, les injustices, le mépris des petits et des pauvres. Mon Jésus s'inspire de celui-là.
Mais mon Jésus est aussi celui qui se fait reconnaitre dans une expérience de vie non par des énoncés intelletuels ou des idées théologiques. Il a cheminé avec les disciples d'Emmaüs jusqu'au moment où ils le reconnurent. Les apôtres l'on reconnu dans des gestes de communion et de partage. Jésus est un homme pratique qui agit en faveur des hommes et c'est dans une expérience vitale que nous le reconnaissons. C'est dans le quotidien de nos vies, dans la prière, dans le méditation régulière de sa parole, dans la communion et le partage avec les gens autour de nous qu'il se fait reconnaitre. Le Jésus du matin de Pâques est un Jésus de communion et d'intimité. Ce Jésus n'est pas à chercher au dehors de nous ou dans des oeuvres extraordinaires, Il est là au coeur de nos vies et se laisse découvrir. Jésus Christ se laisse découvrir par chacun et chacune de nous dans un partage de vie dans l'amour, l'accueil et le don ... Le Jésus de Nazareth se laisse guider par l'Esprit Saint et m'invite sur la même route que lui.
Par Lui, avec Lui, en Lui, nous sommes devenus louange, honneur et action grâce au Père pour l'éternité.
Ce matin, en ouvrant ma t.v., je me posais la question: Comment va l'Église de Jésus Christ ce matin? Et l'expression m'est monté: Aller à l'église. J'ai grandi en allant à l'église, j'ai vieilli en allant à l'église, Je ne me souviens pas qu'on m'ait dit d'aller à l'Église. Aujourd'hui quand on ferme une église faute de ressource financière, nous disons aux chrétiens d'aller à l'église voisine. On va toujours à l'église et pas souvent à l'Église.
Le Christ n'est pas souvent aller à l'église. Il a célébré son baptême au Jourdain, il a célébré sa messe de Pâques dans une salle, quand il est allé à l'église ce fut pour faire la pastorale de la "mope". Après la résurrection, il envoya ses apôtres à l'Église. Nous lisons les Actes des Apôtres et ceux-ci sont constamment dans l'Église. Le Pape François nous envoie à l'Église. Notre priorité diocésaine à Gaspé nous envoie vers nos frères et soeurs, donc à l'Église.
Un théologien écrivait dernièrement que nous avions enfermé le Christ dans les tabernacles comme au tombeau, nous avions enfermé l'Église dans l'église comme au tombeau et aujourd'hui ce tombeau comme le premier est vide. Ça m'a pris 80 ans à découvrir que nous ne sommes pas envoyés à l'église mais à l'Église bâtir le règne du Père. Faut pas s'en faire, l'éternité est devant nous. Mais maintenant je dis au chrétiens d'ici: en sortant de l'église n'oublions pas d'aller à l'Église.
Nous sommes dans l'année de la miséricorde et le Pape François nous parle souvent du sacrement de la miséricorde. Je trouve cette expression merveilleuse et je me permets une petite méditation sur le sujet.
Nous pouvons être miséricordieux sans avoir à pardonner à quelqu'un, -le bon samaritain- comme nous pouvons pardonner sans être miséricordieux. J'ai connu le tribunal de la pénitence où le juge qui accordait le pardon devait tout savoir sur mes erreurs pour donner un bon jugement. D'où l'aveu détaillé des fautes. J'ai souvent dit et entendu: je me confesse souvent et c'est toujours à recommencer. C'est que le pardon agit sur les conséquences, sur mes actes: vol, injures, colère, jalousie,... Quand je vais chez le médecin pour un mal de tête, celui-ci cherche la cause de mon mal pour le guérir, travailler sur les conséquences ne donne qu'un résultat momentané et ne guérit pas. C'est ce que nous avons vécu dans le sacrement du pardon.
Il me semble que si je veux corriger un agir mauvais qui brise des relations, j'ai besoin de connaitre et de travailler à guérir la cause de cet agir. Sinon je risque de continuer toute ma vie. La miséricorde est le coeur tourné vers la misère pour guérir et conduire plus loin -le père miséricordieux en Lc 15.- La miséricorde est davantage tournée vers la personne à aider, guérir et non sur les effets, un agir mauvais. Dans le sacrement de la miséricorde, il y a toujours une dimension guérison et l'important est moins l'aveu détaillé de mes erreurs que la reconnaissance de mes blessures à guérir et qui me font mal agir.
Alors dans ma vie, je ne lutte pas contre satan qui vient me tenter pour me faire pécher mais je travaille pour réaliser au mieux mon être d'enfant de Dieu. Et le sacrement de la miséricorde est ce lieu où le Seigneur vient me rencontrer pour m'aider dans ce combat vers le meilleur de moi-même. Je m'engage sur un chemin positif. Venir à une célébration de la miséricorde, c'est affirmer ma volonté de guérir mes blessures, de me laisser réconcilier avec le Seigneur et les chrétiens autour de moi.
Quand je préside une célébration de la m iséricorde, je suis le témoin de la miséricorde du Seigneur, je viens attester l'action miséricordieuse du Seigneur. Je n'ai pas le pouvoir de pardonner, mais le service de la miséricorde. Quand je participe à une célébration, quelqu'en soit la forme, individuelle ou collective, avec mon péché j'essaie d'y amener les causes pour les guérir. Le sacrement de la miséricorde ne me laisse pas là où je suis pour recommencer demain, mais me conduis plus loin et vers le meilleur de mon être. Là nous rejoingnons le texte de Marc: 11, 1ss. où Jésus demande aux apôtres d'aller en ville détacher l'âne et de le lui amener. Jésus demande à ses disciples d'aller au coeur du monde libérer les êtres humains pour les lui amener. Libérer quelqu'un n'est pas seulement lui dire tu es pardonné, mais surtout découvrir les causes de son mal d'être et cheminer avec lui vers un meilleur.
Dans cette année de la miséricorde, accueillons le Seigneur non pas d'abord avec nos catalogues de péchés, mais au niveau d'une action salvatrice qui fait grandir mon être selon sa musique propre.
Jésus a donné le commandement de l'amour comme signe distinctif du chrétien. Ce commandement de l'amour est la marque de commerce du chrétien. quand je passe devant un édifice avec un écriteau: Familiprix, je n'ai pas l'intention d'y acheter une paire de sandale. Qui penserait commander un Steak dans une bijouterie? La marque de commerce au frontispice du magasin m'indique ce que je peux y acheter.
Je crois qu'il en est ainsi du chrétien. Quand je m'adresse à un chrétien, je m'attends à y toruver de l'accueil, de l'amour, de l'écoute et du respect pour ce que je vis. Il en est ainsi quand quelqu'un s'adresse à moi. Quand quelqu'un frappe à la porte de nos églises en quête d'un service, il s'attend d'y trouver de l'accueil et un service dans l'amour.
C'est là une façon de traduire notre relation à Dieu. En cette année de la miséricorde, c'est une façon de traduire au quotidien la miséricorde du Seigneur. Que le chrétien qui frappe à la porte de notre église sache que derrière la porte un sourire et un amour l'attend. Que le malade ou le pauvre qui a faim sache que à côté de lui, il y a un amour prêt lui porter secours. Les paraboles dans les Évangiles en sont un exemple surtout celle du bon samaritain. Devant l'autre quelque soient ses erreurs restons toujours positifs et disposés à l'accueil. Cette dimension est de plus en plus nécessaire et exigeante dans notre monde d'indifférence où la religion est moins fréquentée. Il nous faut savoir avec le Christ prendre les chemins les moins fréquentés, ils sont les plus ouverts sur la vie. Les chemins de nos galilées personnelles et de nos communautés chrétiennes. "Le signe auquel on vous reconnaitra comme me sdidciples, c'est à l'amour que vous aurez les uns pour le sautres."
"Je ne suis pas venu apporter la paix sur la terre, mais la division." Mth 10, 34. Quelqu'un a traduit: Je ne suis pas venu apporter la paix mais le COMBAT. Ce mot il me semble est juste et traduit bien toute la vie de Jésus et celle du disciple du Christ.
Jésus est venu livrer le combat de l'amour, de la liberté, du respect des personnes, de la miséricorde; il est venu mener le combat pour la vie et les personnes. Ce combat pour les valeurs fondamentales a provoqué des divisions et l'a conduit à la mort. Le disciple n'est pas plus grand que le maitre.
Nous vivons dans une société individualiste et même égocentriste où chacun tire ses avantages trop souvent au détriment des autres. Comme disciple du Christ nous devons engager le combat du partage, de la communion, de la communauté, du respect des personnes, du soutien des plus vulnérables ...
Nous vivons dans une société qu appauvrit les pauvres et enrichit les riches, où une poignée de personnes accaparent les richesses alors que la majorité souffrent de la faim. Nous devons engager le combat de la justice, du partage équitable des richesses, d'une juste rémunération des travailleurs et du respect de chacun.
Nous vivons dans une société où les personnes sont jugées d'après le rendement et pas souvent selon leur valeur. Les systèmes, les lois et les coutumes sont trop souvent plus importantes que les personnes. Nous devons engager le combat pour resituer les valeurs à leur place et revaloriser la dignité humaine.
Nous vivons dans une société qui manque de leaders, de pasteurs, de témoins. Ces gens n'osent se lever par peur d'être étouffés. Nous devons engager le combat afin de retrouver et soutenir les leaders et pasteurs de nos milieux dans leur volonté de changer les choses.
Nous pourrions allonger encore la liste mais chacun peut le faire en fonction de son milieu. Ce combat, à mes yeux, est la mission donnée par Jésus le jeudi saint au soir. "Je vous ai donné l'exemple pour que vous fassiez de même." Jn 13. La fin de l'Eucharistie est ce combat du Christ par amour. Comme disait le jeune améridien, rien ne changera dans la société et dans l'Église si je ne me change pas moi-même au point de départ. Il nous faut méditer ce combat de Jésus; ce combat était la passion de sa vie. Et comme disciple, ai-je le droit d'avoir une autre passion, de mener un autre combat? En cette année de la miséricorde, il est temps d'ouvrir toute grande cette porte de la miséricorde au quotidien, d'enlever nos pantouffles parce qu'il est loin d'être terminé ce chantier du règne de Dieu.
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Nous voulons un curé, c'est le cri que certains chrétiens nous lancent aujourd'hui. Nous n'avons plus de prêtres. Les plus jeunes ne se formalisent pas du manque de curés. Moi je dis: Avons-nous encore besoin de curés? Peut-être pas? Ne montez pas aux barricades, je caricature. Je suis prêtre depuis près de 50 ans et nos églises sont vides... alors ne nous prenons pas trop au sérieux ....
Les raisons sont multiples pour ce manque de prêtres, je ne peux pas les analyser. En ce dimanche des vocations je me permets de méditer un peu sur ce qui m'apparait important pour une redécouverte du ministère presbytéral. Le ministère presbytéral n'existe pas pour lui-même écrivait Jean-Paul 11, il est au service des ministères du baptême exercés par le peuple de Dieu. Il existe pour permettre aux ministères du baptême de s'exercer pleinement. D'ailleurs le texte du Concile sur le ministère et la vie des prêtres l'explique bellement.
Donc, je crois que la base est le baptême avec ses trois P: Prêtre, Prophète, Pasteur, participation au sacerdoce du Christ. Le sacerdoce baptismal qui se déploie en différents ministères dont le ministère presbytéral est la "footing" de toute vie d'Église et d'engagement pastoral. Dans nos paroisses nous avons compté uniquement sur le presbytérat et les chrétiens se sont désintéressés de la vie de leur Église. Ils n'étainet que des serviteurs. A mes yeux, c'est toute la pastorale du baptême qu'il nous faut revoir et ajuster à une vision d'Église plus missionnaire et prophétique.
Paul V1 écrivait que les jeunes ne suivent plus les maitres, mais veulent des témoins. Nous pourrions écrire aujourd'hui: Les chrétiens ne suivent plus les curés, mais les pasteurs. Aujourd'hui, n'ayant plus de responsabilité, il m'est davantage possible d'écouter les chrétiens et de réaliser qu'ils veulent des pasteurs qui accompagnent la vie et non des curés qui organisent la vie. Je comprends mieux aujourd'hui que j'ai voulu organiser la vie avec les secteurs, les programmes en pastorale et la vie nous a glissé entre les doigts. Nous avons oublié de faire des disciples et nous avons mandaté des envoyés. Comme le dit Mgr Rouet nous avons mis l'accent sur le contenant et avons oublié le contenu.
Aujourd'hui je médite beaucoup le chapitre 34 du prophète Ezéchiel avec le chapitre 10 de Jean. Ça brasse un peu la cage. Le Pape François nous rejoint au plus creux de notre vie en nous invitant à être des pasteurs. Le vrai Pasteur de l'Évangile nous envoie sur le chemin de l'écoute, de l'amour, du pardon, de la vie en général pour apporter la lumière qui fait vivre.
Le premier cri que nous lance l'Évangile et les chrétiens: Nous avons besoin de pasteurs et pour ce faire nous devons d'abord être des disciples. Faites des disciples. Faites-nous faire l'expérience du Christ ressuscité et ensuite nous avancerons avec LUI. Nous avons intérêt je crois à faire un "méa culpa" sur notre propre estomac et pas seulement sur celui des chrétiens qui ont quitté la pratique sacramentelle ou de la société qui ne veut plus rien savoir de Dieu. "Je suis le Vrai Pasteur, les gens écouteront ma voix." Il me faut d'abord commencer par moi, écouter la voix de Jésus Christ qui me parle en ce dimanche du Bon Pasteur, qui m'invite à une communion profonde avec lui dans la méditation de sa parole et la prière.
Je me permets aussi en ce dimanche des vocations de regarder autour de moi dans les communautés paroissiales s'il n'y aurait pas de nouveaux pasteurs différents de ce que je suis. Je vois des femmes et des hommes qui luttent contre la pauvreté, contre la violence, l'intimidation, viennent au secours des plus défavorisés sur tous les plans. Ne serait-ce pas là une nouvelle façon du Seigneur d'envoyer des ouvriers à sa vigne? Est-ce que ma mission ne serait pas d'aller faire découvrir la présence de l'Esprit au coeur de cet engagement chrétien? Je crois aussi que nous avons besoin de l'Esprit pour laisser surgir ces pasteurs que le Seigneur envoie dans nos communautés et pas toujours conformes au modèle voulu. Le Seigneur ne serait-il pas en train de nous faire comprendre que c'est LUI qui mène.
"Je suis le Bon Pasteur, mes brebis écoutent ma voix et me suivent." Jn 10. Devant cette affirmation de Jésus, je me suis posé une question ce matin: Que signifie écouter la voix du Bon Pasteur?
En sirotant mon café, j'ai vu passé la voiture de "Partageance" allant porter des vêtements et de la nourriture à des familles dans le besoin, j'ai vu rentrer des bénvoles à la maison d'accueil pour femmes victimes de violence, j'ai vu des personnes aller à l'église pour la célébration, j'ai entendu décrocher le téléphone à "Convergence" en vue d'écouter et d'aider des hommes violents. Et je me suis dit: Serait-ce cela écouter la voix du Bon Pasteur? "Ce que vous faites au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous le faites." Mth. 25. Est-ce que les gens qui ne fréquentent plus les sacrements mais font oeuvre de miséricorde au quotidien écoutent la voix du Bon Pasteur?
Une autre question m'est venue: Nous sommes dans l'année de la miséricorde, comment aujourd'hui en 2016, vais-je traduire au quotidien ma relation au christ ressuscité? Comment vais-je traduire concrètement cette vie spirituelle qui m'anime? Faudra-t-il m'inspirer de la vie du Frère André, de la vie de Sr Faustine, et de celle des chrétiens qui m'entourent? Comment ces chrétiens on traduit pour leur temps leur vie spirituelle?
Le pasteur n'est pas un être efficace mais un être fécond. Un être qui fait naitre la foi et l'accompagne dans sa croissance. Notre monde reprend le cri de Jésus sur la croix: "J'ai soif." Est-ce que comme pasteur j'écouterai cette voix? Ce sont des questions que je porte aussi à mon Église que je trouve "pantouflarde."
Depuis Pâques, la liturgie nous fait promener dans le livre des Actes des Apôtres. Nous suivons les apôtres dans leur expérience du ressuscité. C'est un témoignage de l'action de l'Esprit Saint au coeur de l'Église naissante. Nous avons là une source d'inspiration pour notre action pastorale actuelle.
Les apôtres suivis par S. Paul ont voulu faire naitre des communautés de croyants. La base de l'Église est la communauté. Ces communautés étaient animées par des presbytres et les différents ministères y étaient développés. Créer des communautés sous le souffle de l'Esprit Saint, développer les différents ministères des baptisés est essentiel au renouveau de notre Église et le livre des Actes est une source d'inspiration pour aujourd'hui où les communautés ont disparues.
Une des caractéristiques des communautés est l'expérience du ressuscité. Personne ne peut être témoin ou envoyé s'il n'a d'abord été disciple, s'il n'a d'abord fait une expérience spirituelle profonde. La vie chrétiernne n'est pas d'abord une question de connaissance, de pratique mais d'expérience du Christ vivant en nous. Quelqu'un qui a fait une expérience du Christ est un passionné, Saint Paul en est un exemple. C'est le champ de la nouvelle évangélisation.
Une seconde caractéristique de ces communautés est la dimension missionnaire. Les apôtres animés du souffle de l'Esprit Saint ont voulu faire connaitre le Christ ressuscité; ils ont voulu partager leur joie et leur foi. Cette expérience du Christ devient le moteur qui nous pousse à témoigner. Nous ne sommes pas des colporteurs ou des vendeurs mais des témoins. Dans notre contexte d'Église où la presque totalité des chrétiens sont passés de la pratique à l'indifférence, la dimension missionnaire devient une nécessité incontournable pour l'avenir de la vie chrétienne. les apôtres sont sortis du ghetto religieux où ils s'enfermaient pour s'ouvrir au monde. N'avons-nous pas le même chemienement à vivre?
La lecture des Actes des Apôtres nous apprend aussi combien il est long et difficile de nous engager sur le chemin de l'évangélisation. Nous en parlons depuis 40 ans et la route n'est pas très engagée encore. Les apôtres ont vécu des événements spéciaux qui les ont questionnés. Le baptême de l'Éthiopien par Philippe questionnait l'accueil des étrangers, la vision de Pierre au chap.10 aussi; les apôtres étaient ainsi forcés à sortir de leurs traditions pour aller plus loin. La situation vécue actuellement dans notre Église devrait être aussi un événement marquant qui questionne notre agir pastoral. Si les chrétiens ont délaissé massivement nos églises et ses pratiques religieuses, c'est que cela ne correspond plus à leurs besoins. Avant les sacrements, avant la pratique, il a l'expérience du Christ qui n'est pas faite. La route de l'évangélisation n'est pas encore ouverte. Cette action pastorale se réalisera par une méditation assidue et profonde de la Parole de Dieu qui nous conduira à la prière communautaire, une prière vécue et non des mots, et exprimée en une action pastorale missionnaire. J'en vois aujourd'hui en certaines paroisses des effets vécus.
Je souhaiterais aujourd'hui que nous faisions moins de lecture dans les célébrations et que nous apprenions à proclamer une Parole porteuse d'un message. L'important n'est pas les mots, mais le message que les mots véhiculent. Est-ce que la lecture de la Parole de Dieu deviendra le coup de fouet qui provoquera l'évangélisation? Il est permis de rêver.
Une source d'inspiraton:Communauté et Mission, Marcel Dumais. Bellarmn. Un livre de chevet pour les équipes de pastorale paroissiale.
Dimanche le 3 avril, l'Église universelle vivait le "dimanche de la miséricorde." Dans ma région, les chrétiens se sont rassemblés en trois groupes différents dans l'après midi. Je me suis permis d'écouter les participants de ces groupes pour en tirer une leçon qui pourrrait nourrir ma spiritualité.
Un groupe se réunissait autour d'un "bingo" pour ramasser de l'argent pour la frabrique paroissiale. L'objectif était du financement pour l'église. Un autre groupe était a l'église pour un temps de prière. Les gens ont prié, passé la porte de la miséricorde et réfléchit sur la spiritualité de Sr Faustine. A l'occasion du diner, quelqu'un a présenté comment se vivait concrètement la miséricorde chez nous dans les services offert selon les besoins du milieu. Un autre groupe était rassemblé à Exploramer pour une activité de financement pour assurer l'avenir de ce petit musée maritime. Les organisateurs n'étaient pas d'abord au niveau financement mais de l'importance de conserver cette activité pour le bien du milieu.
En écoutant parler les gens qui ont participé à ces activités, je me disais: Les trois rejoignaient la miséricorde mais il a manqué un lien dans les trois. L'activité a Exploramer était un moment de communion, de fraternté et les organisateurs ont proposé des valeurs. Les bénévoles ont eu une présence d'une grande richesse. La question que je me pose: Comment faire découvrir que l'Esprit du Seigneur anime ces gens et leur permet de continuer contre vents et marées ?
Le rassemblement à l'église était très spirituel mais manquait à mon sens de dimension concrète. En parlant de soeur Faustine, il faut se demander comment elle a concrétisé sa spiritualité. On ne peut l'imiter mais s'inspirer de sa vie pour rendre concrêt ici aujourd'hui l'Évangile de Jésus Christ. Le logo de l'anné de la miséricorde montre le Christ portant le blessé sur ses épaules est la visée concrète de notre spiritualité. La personne qui a présenté les services du centre de bénévolat a montré comment se vit la miséricorde chez nous et notre mission est de montré la force de l'Esprit qui anime cette vie.
Il me semble que la vie et la spiritualité sont comme deux rails de chemin de fer qui ne veulent pas se rencontrer. Dans l'Évangile de Jean, Jésus dit aux apôtres de pêcher à droite, de jeter le filet là où il y a du poisson. L'année de la miséricorde nous invite à pêcher à droite là où les gens vivent, travaillent, luttent, fêtent pour ensuite célébrer ensemble. Ma gande question: Est-ce que l'année de la miséricorde va rester entre les 4 murs de l'église?