Jos. Deschênes
Je suis blessé.
Ces derniers jours les nouvelles nous apportent l'image d'une Église blessée et souffrante dans ses entrailles mêmes. L'histoire de la pédophilie et des sévisses à l'égard des enfants dans les orphélinats vient jeter un nuage sombre sur la vie de l'Église. Nous pouvons avoir deux réactions: détester et rejeter l'Église ou l'aimer davantage dans ses souffrances, tout dépend de ce que l'on met sous le terme Église. Il me semble qu'il faut aimer l'Église dans toutes ses dimensions. Il y a d'une part l'Église qui a brisé des vies qui est elle-même une Église blessée, et l'Église peuple de Dieu blessée dans son être profond. Il faut punir des actes, mais aimer plus profondément les acteurs. J'ai toujours conservé le visage du Père Chenu, o.p. lui qui avait été condamné par l.Église et avait perdu son droit d'enseigner et nous redisait dans ses cours son amour profond de l'Église. Je revois le visage de Ramond Dumais qui a souiffert beaucoup de l'Église mais qui est demeuré un grand amoureux de l'Église. Il faut aimer l'Église dans ses blessures et s'il faut dénoncer les actes, il faut aimer les personnes. Ce n'est pas facile, mais c'est chrétien. Ces périodes difficiles sont une semence de vérité et d'humilité. Une semence qui fera sans doute de nous moins des hommes de pouvoir et davantage des êtres de service dans l'humilité. Une semence de soufffrance qui fera germer un meilleur visage de l'Église que nous aurons nous-même préparé par nos prières et notre amour. Ce vécu de notre Église qui éclate au grand jour depuis un certain nombre d'années nous montre bien les limites et les faiblesses d'un système comme nous le révèle les systèms de la société civile. Il nous faut apprendre de nos erreurs et de nos faiblesses. J'aime cette Église blessée, nous sommes ensemble responsables du nouveau visage de l'Église.
Bienveillance.
Hier soir, dans une émission de télé, quelqu'un a utilisé le mot "bienveillance". J'ai médité ce petit mot: Qu'est-ce qu'il vient me dire? Je suis allé consulter mon bon ami le Petit Robert qui m'a dit que bienveillance vient de Bien et Veuillance de vouloir. Vouloir du bien à l'autre. Alors j'ai fini ma soirée en méditant cette réalité. Quand suis-je bienveillant? Ce midi en mangeant, mon couteau m'a parlé. Tu vois, ma mission est de couper ta nourriture en petit morceau que tu peux mastiquer et digérer. Tu ne peux pas mastiquer un gros morceau de viande ou une grosse patate. Ma mission est de préparer ta nourriture pour que tu puisses l'assimiler. Il arrive parfois que je puisse te couper un doigt, mais ce n'est pas ma mission, c'est que tu m'as mal utilisé, tu as été maladroit. Ainsi ta mission à toi, c'est de préparer la nourriture spirituelle pour que les personnes puissent la mastiquer et la digérer. Les gens ne peuvent pas avaler de gros morceaux de doctrines, d'enseignement qu'ils ne peuvent digérer. Et souvent avec un vocabulaire qu'ils ne comprennent pas. Ta mission est de préparer la nourriture spirituelle à la mesure des besoins des gens autour de toi. Si tu utilises mal ta mission, tu pourras couper les doigts des personnes et souvent la guérison est très lente. C'est cela aussi la bienveillance; accueillir l'autre, l'écouter pour savoir comment couper sa nourriture pour le bien nourrir et être certain qu'il sera nourrit selon ses besoins. Merci mon couteau.
Nous avons le choix. Mth 16, 21-27.
Dans son cheminement avec ses disciples, Jésus veut les faire passer sur une autre rive. Il les met face à leur qualité de disciple. Celui qui veut être mon disciple, marcher à ma suite, qu'il renonce à`lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive. Voila l'invitation que le Seigneur me lance aujourd'hui. Nous avons souvent vu cette demande sous l'angle de la négation de nous-même, de la dévalorisation. Mais le mot emplyé par Jésus signifie aussi: dire non, refuser.
Jésus vient nous dire que celui qui ne dit pas non à ses caprices, à son petit moi, à ses bonheurs immédiats n'est pas digne de le suivre. Il ne s'agit pas de renoncer à soi-même, mais de devenir pleinement soi-même. Jésus est plus grand que moi et m'invite à grandir avec lui et non à me rabaisser. Jésus nous invite à sorti de nous-même pour nous center sur son enseignement et mettre nos pas dans les siens. Celui qui ne regarde que son petit ego et ses caprices n'est pas digne de moi. Mais celui qui dit non à ses capcies, à ses besoins immédiats pour suivre le Christ voit son coeur se dilater, s'agrandir et tendre davantage vers le Seigneur. Renoncer à soi même n'est pas un acte d'ascèse ou de souffrance physique, mais le fruit d'une sagesse mystique qui nous élève vers une plus grande spiritualité. Renoncer à soi-même, c'est se plonger dans le Seigneur vivant en nous et marcher avec Lui.
Quand Jésus parle de sa mort, il parle aussi de sa résurrection. Il veut nous faire comprendre que la mort n'est pas une fin mais un passage. Il faut comprendre aussi que la résurrection dont parle Jésus n'est pas seulement après notre sortie de la vie terrestre, elle est déjà à l'oeuvre en chacune et chacun de nous. Si la mort fait partie de notre quotidien, la résurrection aussi est présente dans notre vie.
Cette vie de ressuscité, cette vie de disciple du christ, nous conduit au texte du prophète Jérémie: Tu m'as séduit, et j''ai été séduit; tu m'as saisi et tu as réussi (...) La parole de Dieu était comme un feu brûlant dans mon coeur. (première lecture d'aujourd'hui). Être disciple du Christ, renoncer à soi-même pour le suivre, c'est se laisser séduire par le Seigneur. Le Dieu qui se révèle à nous veut nous séduire par l'amour, l'accueil, la tendresse, la bonté. Il ne prend personne de force ni par obligation. Il gagne les coeurs. Il a une telle emprise d'amour que je ne peux dire non.
Comment je peux traduire cette réalité au quotidien? Chaque fois que je manifeste de l'amour, de l'accueil un pardon à un ennemi, chaque fois que je donne un verre d'eau à quelqu'un, chaque fois que j'aide quelqu'un à guérir au lieu de le condamner, chaque fois ainsi que je renonce à ma petite satisfaction pour aimer, je me laisse séduire. La vie de disicple ou de témoin du Christ ne se fait pas à coup de volonté, je ne résistersai pas longtemps, elle se vit par un élan du coeur. Nous allons à Dieu attirés comme par l'aimant attire le fer. Que l'on soit parents, religieuses, prêtres ou adolescents, le marche avec le Christ est le fruit de la séduction intérieure. Tu m'a séduit et je me suis laissé séduire. Jésus nous donne sa passion de vivre pleinement en fils de Dieu et il nous a demandé de vivre cette réalité EN MÉMOIRE DE LUI.
Je t'ai vu.
Jésus dit à Nicodème: "Quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu." Jn 1, 45-51. Le texte ne dit pas: Je t'ai remarqué, je t'ai regardé, mais Je t'ai vu. Et Pour le Christ j'ajouterais: "Je t'ai vu avec les yeux du coeur." Le Seigneur a vu Nicodème avec ses doutes, se défauts, ses colères, des erreurs comme avec ses beautés, ses charismes, ses joies ... Pour moi, voir quelu'un c'est plus que simplement le regarder ou remarquer sa présence. Quand le Seigneur a regarder le jeune homme riche, il l'a vu avec les yeux du coeur, c'est pour cela qu'il a pu le respecter dans son cheminement. C'est avec ce même regard qu'il a vu les soldats au moment de la crucifixion et qu'il a pu dire: Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. Quand Jésus voit quelqu'un, il le voit avec son histoire, il le voit avec tout ce qui a conditionné son être et son agir.
C'est avec ses yeux que Jésus m'invite à regarder les autres. Il m'invite non seulement à les remarquer mais à les voir avec les yeux du coeur. Il nous a donné l'exemple et le jeudi sant il nous a dit: Faites ceci en mémoire de moi. Rendez présente et efficace ma façon de voir les gens, de les accepter dans leur différence et de les aimer tels qu'ils sont. Le vieux proverbe nous dit: Nous prenons plus de mouches avec une cuiller de miel qu'avec un baril de vinaigre. Il me semble ce matin que Jésus s'adresse à moi comme prêtre et à tous les bons chrétiens du dimanche d'apprendre à poser sur le momde le regard de Jésus. Un regard plein d'amour qui guérit les blessures et rassemble dans la paix. Le regard de Jésus est un regard qui fait grandir et non qui écrase, un regard qui convertit comme le regard sur Pierre au moment de son reniement. Ce regard j'ai du l'expérimenter souvent par la force des choses en paroisse et c'est pour cela que j'ai été heureux. Dans notre contexte de société, ce regard de Jésus est sans doute difficile à poser à certan moment, mais il est de plus en plus essentiel. Ô ce regard, je ne l'oublierai jamais.
Le métier à tisser.
Le métier à tisser était presqu'aussi présent dans la maison chez nous que le table de la cuisine. Chaque hiver le métier faisait partie de notre vie quptidienne. J'ai vu ma mère travailler avec patience et amour sur cet instrument et fabriquer des pièces à son image: couvertures, napperons et linges à vaisselle se sont tour à tour empilés dans le coin de la cuisine attendant leur preneur. sur le métier, il y avait d'abord un fil de trame bien tendu et avec patience ma mère passait la "navette" parmi ces fils pour fabriquer le tissu selon son modèle. Selon la couleur du fil utilisé et les changements du mouvement des "lames," ma mère fabriquait des tissus variés et chauds. Ce modèle, elle l'avait d'abord dans le coeur et dans la tête. Ce travail est devenu pour moi une parabole.
Dans ma vie comme dans la vie de toute communauté chrétienne, il y a un fil de trame bien placé qui est le tissu de base de notre vie. Ce fil il m'est donné, je dois l'utiliser tel qu'il est. Chaque jour il nous faut passer la "navette" de notre quotidien pour fabriquer le tissu de notre vie. Ce fil m'appartient et la finalité de mon tissu de vie sera mon oeuvre. Dépendemment de la couleur de mon quotidien et du dessin que je suis capable de fabriquer, le résultat aura la couleur de ma vie. Il me faut de l'attention pour ne pas casser un fil de trame ceci compromettrait la valeur du tissu. Il nous faut de la patience, de l'amour pour agencer chaque jour le travail et le conduire à bonne fin. Le "ros" vient tasser chaque brin tout près des autres, c'est tissés serré, comme les liens de famille, liens aussi dans les comunautés chrétiennes. Si les fils ne sont pas bien tassés les uns près des autres, le tissu est lâche et ne sera pas chaud en hiver. Si les fils de mon quotidiens ne sont pas bin tassés le tissu de ma vie manquera de solidité et résistera mal aux intempéries de la vie. Il en est ainsi du tissu de nos communautés chrétiennes.
Cette parabole m'a souvent aidé dans ma vie en paroisse. Tisser des liens entre les personnes, fabriquer un tissu humain tissé serré, c'est ce que j'ai essayé de faire dans les parroisses ou j'ai oeuvré. J'ai parfois cassé des fils de trame ou je me suis trompé de couleur, mais j'ai essayé de retomber sur mes pieds assez rapidement pour que le tissu humain ne soit pas trop affecté. Dans notre monde actuel, cette parabole prend à mes yeux une importance capitale. Les relations humaines sont de plus en plus difficles tant dans les familles que dans les communautés chrétiennes, il nous faut beaucoup de patience et d'amour pour tisser chaque jour la vie chrétienne au niveau de l'Évnagile. C'est à mes yeux aujourd'hui l'urgence de l'évangélisation de savoir passer la "navette" avec amour et patience pour fabriquer le tissu évangélique dans nos communautés chrétiennes. Il nous faut savoir respecter le fil de trame et ne pas vouloir le casser pour qu'il prenne nos idées. Nous allons réaliser le tissu de notre vie comme de nos communautés que nous avons dans le coeur et dans la tête. Et parfois nous voulons le réaliser sans tenir compte du fil de trame et la pièce est mal fichue. Je dis merci à ma mère de m'avoir donné un peu de sa sagesse de vie.
Boucar...
Boucar Diouf: Pour l'amour de ma mère, Ed. La Presse. Boucar nous raconte à la fois la vie de son pays, les traditions qu'ils vivent, il nous raconte sa vie au Sénégal et à travers ces récits, il rend un bel hommage à sa mère qui fut et demeure très précieuse dans sa vie. Il nous apprend à faire une lecture positive de notre vie même à travers des difficultés et des modes d'apprentissage pas toujours adéquats. Devenu québécois, il apprécie le mode de vie d'ici sans pour autant déprécié celui de son enfance. Lecture intéressante pleine de saveur et de vie qui nous fait mieux découvrir le rôle indispensable des mamans dans la vie familliale. Merci Boucar. Bonne lecture.
50 ans.
Ce matin, je lis dans le journal un résumé de la triste histoire du Parc Forillon. J'étais à Gaspé à l'époque et cela m'a rappelé la non moins triste histoire de la fermeture des paroisses de l'arrière pays dont ma paroisse. Un jour des messieurs en cravate sont arrivés chez nous pour nous dire que nous n'étions pas heureux et qu'il fallait partit. À Forillon fallait partir. Un parc c'est pas pour le monde, c'est pour la forêt et les animaux sauvages. Chez nous ce n'étais plus chez nous. Mgr Ouellet, notre évêque lors de ce sévénements écrit: "Après bien des interrogations personnelles, je me suis résigné à cette tragédie en me cachant derrière les certitudes offertes par le programme d'Aménagement Régional. Plus tard, j'ai compris que ces certitudes n'étaient qu'un leurre." Ces départs nous ont fait prendre conscience de l'importance des racines humaines. Un triste silence de plomb avec son frère l'oubli se sont étendus sur ce territoire jadis grouillant de vie et de cris des enfants. Les gens sont restés marqués pour la vie par ces gestes barbares et demeurent méfiants devant les systèmes.
Aujourd'hui dans l'Église nous fermons des fabriques, des églises changeront de mission, demain ce sera les communautés qui disparaitront. Ces mêmes personnes pour la plupart devont encore faire des deuils. Des gens venus d'ailleurs par la force des choses devront changer la situation. Il serait important de conserver l'histoire des fermetures au fond du coeur pour mieux comprendre les réactions des chrétiens d'ici. Il y a deux valeurs importantes a considérer: d'abord cette blessure au fond de l'être humain et le sentiment d'appartenance à une communauté. Ce que l'on appelle "l'esprit de clocher" ne serait-il pas surtout un esprit d'appartenance, ce serait plus positif, me semble-t-il. Mgr Ouellet écrivait encore: "Et encore une fois le silence enveloppa l'arrière-pays relocalisé en vill.e." Nous devrons veiller avec amour à ce que le silence ne vienne pas enveloppé nos communautés paroissiales comme il a enveloppé l'arrière-pays. C'est ma prière quotidienne.
Méditons
Une personne n'est vraiment disparue que lorsque les vivants l'ont oubliée. C'est pourquoi il vaut mieux multiplier les actes de bonté pour rallonger le temps du souvenir. Maman Diouf.
L'argent est souvent comme l'aiguille qui coud, mais parfois aussi conne le couteau qui tranche et sépare la famille.
Les princes de la rue.
J'ai décpouvert hier soir, la fondation les "Princes de la rue" qui s'occupe des jeunes décrocheurs pour leur redonner leur dignité et les remettre sur les rails. Ces jeuens décrocheurs souvent blessés par la vie et dont personne ne s'occupe. Ajourd'hui je suis émerveillé par tant de mouvements, fondations variés qui s'occupent des blessés de la vie. La charité chrétienne n'est pas morte et l'Église non plus. Le souffle de l'Esprit est toujours là au coeur de la vie. Ces oeuvres sur le terrain sont à mes yeux des "fous du roi" qui viennent nous questionner comme société et comme Église. Ces oeuvres organisent des activités en fonction des besoins des jeunes et savent leur redonner confiance en eux et en la vie. Pourqupi avec l'Évangile ne pourrions-nous pas en faire autant?
Le fou du roi.
Le fou du roi à l'époque était une personne que le roi gardait auprès de lui pour questionner et éclairer ses décisions. souvent le roi était accaparé par des adulateurs qui influençaient ses décisions et le fou veillait à éclairer le roi. Les rois sont disparus mais le fou du roi est encore très utile. Il y a une critique positive très importante et encore nécessaire aujourd'hui. Notre monde est érigé en systèmes: système économique, politique , d'éducation, de santé et religieux. quand on parle de système, nous parlons généralement de pouvoir. Et le pouvoir aime les personnes qui répètent ce qu'ils ont appris, le pouvoir se laisse rarement questionner, il écrase, comme on disait au Séminaire, "on casse les gens." L'autorité se laisse questionner et fait grandir les personnes au lieu de les casser. Le fou du roi est encore nécessaire pour questionner le pouvoir et l'aider à devenir autorité si cela est possible.
L'école est un lieu privilégié d'éducation en vue de préparer des "fous du roi", non des gens qui répètent seulement ce qu'ils ont appris, mais capables de questionner et de rétablir l'équilibre dans les décisions. Le pouvoir développe généralement une critique négative alors que l'autorité développe davantage une crtique positive. L'Église, les communautés chrétiennes sont des lieux privilégiés pour développer une attitude d'autorité. Nous vivons dans une Église blessés au Québec. Les églises se vident, la pratique liturgique baisse rapidement, nous sentons de l'indifférence et même du rejet à certains moment; il y a un malaise profond. Le fou du roi nous permettra de dépasser les effets pour s'ocucper de la cause. Le fou du roi nous permettra de nous laisser questionner dans nos propres décisions et façons de faire pour mieux s'ajuster sur la vie, pour mieux écouter les personnes et comprendre la raison de leur agir. La communauté chrétienne qui vit de l'Évangile est un lieu privilégié pour accompagner les gens avec leurs blessures et les faire grandir. Il nous faut prier pour faire naitre des "fous du roi" dans nos communautés, des gens qui viennent questionner notre façon de faire et nous oliger à retrouver la mission du Christ que nous avons perdue. Notre pasteur François est dans cette ligne de questionnement et n'a pas peur de se laisser questionner, c'est ainsi qu'il gagne le coeur des chrétiens dans le monde.
