Évangéliser, c'est prendre la route avec Jésus. Prendre la route, c'est aller découvrir les merveilles que le Seigneur a jeté dans le coeur et la vie du monde d'aujourd'hui. Nous parlons beaucoup aujourd'hui de RENOUVEAU de nos structures ecclésiales et religieuses. Je crois qu'il y a une syllabe de trop dans ce mot. Il me semble qu'il ne s'agit pas de re-nouveau, mais de NOUVEAU. Quand nous parlons de renouveau, nous sommes toujours au niveau des structures ecclésiales que nous voulons changer. Nous restons au niveau des structures et mon expérience me dit que ce n'est pas suffisant.
Jésus s'est situé au niveau des personnes. Il enseigne par un agir. Il remet un homme dans sa dignité d'homme et lui redonne sa place dans la société, (guérison du lépreux) et nous dit: "Faites ceci en mémoire de moi." Il relève la dame accusée d'adultère et lui dit: Va et ne manque plus ta cible. "faites ceci en mémoire de moi." Notre chemin à la suite du Cchrist nous est indiqué par le quotidien de notre monde. J'écoutais Mme Régine Laurent hier soir, elle nous ouvrait un champ de présence auprès d'un monde en souffrance. Chaque jour les nouvelles nous apportent dans notre salon le cri du monde blessé par les systèmes de tout "acabit" dressés dans notre monde. Prendre la route avec Jésus, c'est travailler ensemble à devenir pleinement humain donc plus près du divin; prendre la route avec Jésus, c'est découvrir ensemble tout ce que le Seigneur a déposé en nous comme valeurs, comme force de vie, et les laisser passer dans notre quotidien. Prendre la route avec le Christ, c'est aller dire au monde qu'ils sont aimés et qu'ils ne doivent que laisser passer cet l'amour dans le quotidien.
Le cri du peuple aujourd'hui est le cri de l'homme qui étouffe sous les structures, les lois et les pratiques et qui aspire à la liberté. Nos Églises doivent devenir des lieux de liberté, des lieux où la parole se dit en toute confiance, des lieux où les chrétiens sont heureux de participer. "Je suis venu allumer un feu sur la terre et comme je voudrais que ce feu soit déjà allumé." Jésus n'est pas venu nous convaincre de péché mais d'amour. Il n'est pas venu d'abord prendre notre nature de péché comme on se plait à le répéter; il est venu prendre notre nature remplie d'amour et de valeurs spirituelles -que les gens avaient enfouie sous des tonnes de pratiques et de lois- pour nous inviter à les découvrir et à les vivre avec lui. Prendre la route avec Jésus, c'est renouer avec notre être profond d'enfant bien-aimé du Père, découvrir ensemble que nous sommes des êtres en croissance qui manquent parfois leur cible, mais il y a toujours une reprise de croissance. Évangéliser, c'est prendre la route avec Jésus pour dire au monde qu'il est aimé d'un amour éternel.
En méditant le texte du baptême de Jésus dans les Évangiles, cela nous permet de comprendre le mode d'évangélisation de Jésus. Notons que Jésus se présente à Jean pour être baptisé. Jean propose un baptême de conversion, un baptême de performance. Jésus ne rouspète pas contre Jean pour lui dire: Tu comptes des menteries aux gens, tu fais un rite non signifiant; non, Jésus entre dans ce baptême de Jean et dans son geste fait découvrir le sens profond du baptême. Jésus évangélise par des gestes, des actions signifiantes et non par des paroles d'abord. Je suis celui qui serai. La célébration des baptêmes devraient devenir des moments forts d'évangélisation. Réapparendre que le baptême est un geste d'accueil de la communauté qui célèbre avec la famile la gratuité de l'amour du Père. Redonner une place importante à la communauté et à la famille. le Concile nous avait suggéré des célébrations communautaires. Nous faisons des célébrations collectives des baptêmes et non communautaires. Ma présence comme prêtre est au niveau du sens de la célébration. Je suis, comme pasteur, au service de la communauté qui accueille et célèbre pour donner sens ecclésial à la démarche. Je préside au baptême, à la célébration du baptême de ma communauté, comme je préside les funérailles et l'Eucharistie. Actuellement je fais un rite du baptême et je dois découvrir avec la communauté le sens à la fois de mon ministère comme le sens de la célébration des sacrements. Dans la famille, ce sont souvent les grands parents qui rassemblent et donnent sens familial à l'événement. Les grands parents sont des êtres qui donnent sens et rassemblent. De même ma présence au baptême rassemble l'Église et donne sens ecclésial à l'événement. Comme pour les disciples sur le lac, cette traversée sera probablement orageuse. C'est dans une célébration pleine de sens que nous pouvons le mieux faire découvrir le sens plénier du baptême.
Chez-nous, c'était St-Octave de l'Avenir; c'était calme et paisible, la vie coulait doucement entre les heures de l'horloge et le train train quotidien. C'était la forêt qui reculait un peu plus chaque année pour faire place à la terre où ondulait les blés mûrs au soleil du mois d'aout.
Chez-nous, c'était la vache qui broute l'herbe des champs, le cop qui chante le réveil chaque matin, la grenouille qui croasse dans l'étang, c'était le silence qui ne finit plus de s'étirer entre le coucher du soleil et le chant du coq, c'était les maringouins qui arrivaient en meute goûter le bon sang des colons.
Chez-nous, c'était la messe du dimanche, le chapelet en famille, le bénédicite qu'on oubliait bien souvent. C'était la paix entre le travail et le repos. Ma mère chantait toujours comme pour rendre son travail moins pénible. Ce n'était pas la richesse, c'était le bonheur.
Chez-nous, c'était la fierté du colon qui avec la force de ses bras et le courage plein le coeur se bâtissait jour après jour un avenir. C'était aussi les voisins, l'amitié, l'entraide, les coups durs à encaisser et les joies à partager.
Chez-nous, c'était chez-nous.
Un jour, ce chez-nous nous fut enlevé par le force du pouvoir; nous n'étions plus heureux chez-nous.
Notre chez-nous fut dépossédé de ses maisons, de ses enfants, de sa vie. Des étrangers sont venus reboiser ce que nous avions défriché; 40 ans de labeur et de fierté disparaissaient sacrifiés sur l'autel du pouvoir et du rendement.
Il nous reste la montagne qui se découpe comme une caravane de dromadaires sur le bleu du ciel. Il reste cette nouvelle forêt un peu gênée d'envahir le territoire porteur d'une histoire de courage et de fierté. Il y a aussi ce lourd silence , triste comme un cortège funèbre qui semble attendre quelqu'un. Il y a encore le vent du sud qui n'a plus de cheveux à défriser. Il y a toujours les maringouins qui attendent une bonne chair à piquer.
Mais on dirait que le coeur du village ne veut pas mourir. L'église, le presbytère et le couvent sont demeurés debout témoins d'un passé tenace et sont devenus des lieux de rassemblement public.
Mais pour comprendre ce chez-nous il faut l'avoir vécu. Chez-nous reste enconre vivant dans le coeur de celles et ceux qui l'ont bâti.
`
Nous autres les québécois, "on vas." J'vas à la messe, j'vas au magasin, j'vas à confesse, j'vas à la pharmacie, j'vas aux funérailles; "on va". Et nous choississons notre messe comme on choisit son magasin. J'vas à la messe chez une communauté de religieuses, la messe est pas longue, l'aumonier est vieux et ne prêche pas longtemps. Ou bien j'vas à messe dans un petite paroisse tranquille où le curé est le "fun". J'entends souvent dire: Dans telle petite paroisse, les gens viennent à Sainte-Anne pour leur épicerie, ils sont capables de venir à la messe ici, fermons cette église. J'ai l'impression souvent que aller à la messe, aller à l'épicerie c'est un peu du pareil au même. La messe est devenue un objet de consommation comme l'épicerie que nous allons chercher là où elle se présente. De même que l'on choisit son épicerie en fonction des spéciaux qui font économiser, on choisit le lieu de sa messe en fonction souvent du célébrant. On me dira: Jos tu caricatures! Un petit peu sans doute pour inviter à réfléchir.
Aujourd'hui nous avons ajouté un mot "PAS". Je ne vais pas à la messe, je ne vais pas à confesse, je ne vais plus à l'église pour les funérailles. On ne vas "pu à la messe." Alors je me suis posé une question ce matin en sirotant mon café. Maintenant qu'on ne va plus à la messe, pourrions-nous ensemble apprendre à vivre et à célébrer la mission que le Seigneur nous a donné le jeudi saint? Nous avons 2000 ans de retard. Mgr Durocher dans son petit livre sur le tournant missionnaire nous fait découvrir que même les Actes des Apôtres ont oublié la mission du Christ à cause de la situation particulière où ils se trouvaient. Ce fut une découverte pour moi.
Jésus nous a dit: Faites ceci en mémoire de moi. Tout ce que j'ai vécu avec vous, ce que j'ai enseigné, la fidélité à ma mission et à mon être qui me conduit au Calvaire, rendez ceci présent dans le monde et je serai avec vous comme du bon pain pour vous donner la force de vivre cette mission. Je crois qu'il faudra recommencer à aller à la messe, mais la messe sur le monde, la messe qui est vécu d'action de grâce, la messe qui est mission d'amour et de miséricorde, la messe qui me donne le goût de la bonté, d'être ensemble, de célébrer et de marcher dans la liberté des enfants de Dieu, la messe qui me fait grandir comme enfant de Dieu, la messe qui est envoie dans le monde dire la grandeur de l'amour et de la bonté du Père en nous. La messe où les paroles de la consécration sont dites sur moi pour faire de moi du bon pain pour les gens qui vivent avec moi, où nous devenons nous-mêmes corps du Christ. Une messe qui fait de nous une humanité plus humaine et donc plus près de Dieu. Etc...
C'est un rêve que j'essaie de vivre un peu à l'occasion. "Plus je vieillit, plus je me rends compte que ce qui ne vieillit pas, ce sont mes rêves."
À la veille du premier de l'an, nous formulons des voeux pour nos familles et nos amis. Je me permets de formuler un rêve pour mon Église.
Je rêve, je souhaite qu'ensemble durant la nouvelle année nous retrouvions la MISSION de Jésus Christ perdue et que nous avons remplacée par des dogmes et des doctrines. La redécouvrir dans un lent conpagnonnage avec la Parole de Dieu, celle écrite et celle qui s'écrit encore chaque jour dans notre peuple.
Je rêve, je souhaite qu'ensemble nous découvrions la vocation baptismale avec ses trois PPP -Prêtre, Prophète, Pasteur. Jésus sur la route en palestine a appelé les gens à le suivre, à se mettre à son école, à devenir ses disciples. C'est la vocation de base de toute vie chrétienne et vie d'Église.
Je rêve, je souhaite qu'ensemble nous découvrions -comme prêtre- notre mission de serviteur du royaume du Père qui vit au coeur de nos communautés chrétiennes, notre mission de serviteur de l'amour, de l'accueil, de la miséricorde, notre mission de rassembleur des chrétiens autour de Jésus Christ. je crois qu'être prêtre est moins une vocation qu'une mission. Jésus nous a appelés à être disciples et nous envoie comme témoins au coeur du monde. "Allez faites des disciples".
Je rêve, je souhaite qu'ensemble nous découvrions la force de l'Eucharistie comme source de communion, comme ciment de la communauté chrétienne, une eucharistie qui se vit au quotidien au coeur de nos paroisses et non d'abord un sacrifice sur un autel comme le faisait Abraham.
Enfin ma prière, mon rêve, mon souhait est qu'ensemble au coeur de notre monde devenu agressif et violent nous soyons des semeurs de paix, de bonheur, de joie, des semeurs d'amour comme le fut Jésus Christ et que les personnes deviennent plus importantes que les rites et les doctrines.
Notre Église du Québec depuis 50 ans a commencé à paver la route d'une nouvelle vision d'Église surgit de l'Évangile et de la société nouvelle. Notre année 2020 devrait être une année d'écoute du cri des chrétiens d'ici, cri de l'Esprit nous invitant sur la route de l'éspoir.
Apprendre à planter son propre jardin, c'est apprendre à "grandir selon la musique de son être" dirait Jean Vanier. Un jeune avait dit à sa mère: "Maman, on élève des poules mais on éduque des enfants". Éduquer quelqu'un c'est lui apprendre à planter son propre jardin. Trop souvent dans la vie, nous plantons le jardin des autres. On nous dit parfois, ce n'est pas comme cela qu'on fait, ou fait ceci ou cela et nous nous habituons à vivre selon les autres, nous sommes malheureux et la colère monte et finit pas provoquer des luttes internes et externes, ou provoque l'abandon. L'épanouissement d'une personne dépend beaucoup de sa prise en charge personnelle. Les sociétés, bien des familles et même les religions nous disent quoi penser et quoi faire au détriment des personnalités.
Jésus dira au paralytique: Prends ta vie en main et va. Il dira à la femme accusée d'adultère: Va et ne manque plus ta cible. Jésus renvoie toujours les personnes à leur propre responsabiltié, à leur talent, leur charisme, il les rend responsable de leur propre jardin. C'est à mes yeux un grand message de l'Évangile que d'apprendre aux chrétiens à vivre selon leur charisme. Jésus ne dit pas quoi faire, il renvoie les gens à eux-mêmes.
En ce temps où nous parlons d'évangélisation, d'Église en sortie, il nous est indispensable de songer éduquer à la vie chrétienne et non embrigader dans des façons de faire ou des catéchèse hors de la vie. Évangéliser est aussi permettre à chaque personne de planter son propre jardin à partir de la présence du Seigneur en eux et des charismes donnés. "Apprendre à chacun à grandir selon la musique de son être." Évangéliser, c'est apprendre à ÊTRE et à VIVRE selon la présence du divin en nous.
Alors comme voeux des Fêtes et pour l'an nouveau, je souhaite que nous apprenion ensemble à grandir comme chrétien, que nous apprenions ensemble à planter notre propre jardin, que nous découvrions ensemble cette force divine en nous qui nous pousse en avant, que nous apprenions ensemble à devenir plus humain et donc plus chrétien. Il s'agit moins de dire aux autres quoi faire que d'apprendre ensemble comment être et comment faire. Va et ne manque plus ta cible.
Pourquoi sommes-nous sur la terre? Je n'ai pas demandé à venir. C'est la question que je me pose parfois. Partageons ensemble une petite réflexion. Si on pose la question à des enfants, les uns diront: c'est pour manger, dormir et regarder la télé; d'autres nous répondent: C'est pour aimer. J'écoutais Frédéric Lenoir partager avec des gens sur cette question et je m'arrête avec vous pour méditer.
Il me semble que nous avons été invités sur terre pour apprendre à devenir pleinement humain. Créé à l'image et ressemblance de Dieu, nous avons donc un idéal à atteindre. Nous n'y arriverons jamais mais l'important est de demeurer en route. L'important est de désirer, ce qui nous motive est le désir. Jeune ou âgés, nous devons rester en marche et conserver le désir d'avancer même à petit pas. J'ai toujours trouvé pénible de rencontrer des personnes retraitées encore en santé et n'ont rien à faire. J'ai souvent entendu des prêtres assis et attendre le téléphone pour aller dire une messe et si le téléphone ne vient pas, il rouspète et trouve le temps long. Comme des religieux ou religieuses qui se confinent dans leur couvent attendant l'heure du diner et du coucher. Je ne viens pas sur terre seulement pour faire des choses, mais d'abord pour ETRE et cela n'est jamais fini. Notre monde a besoin de témoin de la vie, de l'amour, de l'accueil, .....
Pourquoi suis-je sur la terre? Si je réfléchis bien à cette question, je me donnerai les moyens de bien vivre ma vie afin de devenir plus humain et donc près du divin. Il ne faut jamais abandonner, jamais se dire: J'ai passé l'âge; conservons la force du désir d'avancer, de rester sur la route. Je suis un être appelé à croitre jusqu'à la fin de mes jours. Je ne dois pas laisser ma bouteille à moitié vide à cause de l'âge, je dois la remplir le plus possible. Il y a tellement de belles choses qui se vivent aujourd'hui, tellement de possibilités de grandir en dedans; il ne faut pas rester sur le quai de la gare et regarder passer le train de la vie sans y monter.
Nous sommes des êtres en croissance. L'important n'est pas d'abord de corriger nos défauts mais de développer nos qualités. Ne soyons pas négatifs -lutter contre des défauts ou des péchés- mais soyons positifd, améliorer nos qualités et forces de vie. J'entendais hier soir, un jeune homme violent qui s'est dit un jour; Je suis capable de faire mieux que cela et il s'est appliqué avec de l'aide à developper ses qualités et ses désirs intérieurs et il a résussit. Il a fait grandir ses valeurs, son désir du coeur, il a remplit sa bouteille et il a réussit. Developper le désir d'apprendre, d'améliorer ce que nous sommes, devenir plus humain pour nous rapprocher du divin. Découvrir la merveille que je suis et que sont les autres autour de moi. Retraités nous sommes plus dans l'ère du devenir que du faire. Pourquoi suis-je sur la terre: Pour apprendre à aimer, devenir humain, donner; ceci n'a pas d'âge.
"Joseph, ne crains pas, prends chez toi Marie ce qui est en elle vient de Dieu." Mth 1, 18-24. En lisant ce texte, je ne peux m'empêcher de penser à toutes des femmes qui furent obligées de donner leur enfant en adoption parce qu'elles n'étaient pas mariées. Cette mentalité de rejet était très forte. Je suis intervenu quelque fois auprès de familles pour que les parents acceptent de s'ocucper de leur fille dans un moment difficile, mais sans succès. Le clou était bien rentré. Beaucoup de filles ont souffert du rejet de la famille et de la société et de l'Église. Notre état de célibataire ne nous aidait pas à compatir avec ces personnes. Cette mentalité n'est pas encore complètement disparue dans l'esprit de certains.
Jésus a pris position contre ces tabous malheureux et l'Évangile nous invite à une conversion. Non seulement Jésus s'est occupé des pauvre et des petits, il s'est ausi inscrit contre ces tabous qui font souffirr injsutement. "Ce qui vient d'elle est de Dieu". Ce qui naisait de ces femmes venait aussi de Dieu. Un enfant de DIeu est là qui ne demande qu'à être aimé. Pourquoi le punir? C'est là une dimension de la mission de Jésus dont on entend pas parler souvent. Beaucoup de choses s'écrivent sur le sujet, mais la réalité reste encore loin de l'Évangile. Notre Avent devrait nous permettre de retrouver la force du message évangélique, mais dans la liturgie nous préférons nous amuser avec des thèmes qui ne dérangent personne. Quand retrouverons-nous l'audace d'un Isaïe ou d'un Jean Baptiste, d'un Martin Luther King, etc....? Laissons-nous convertir .....
Tu lui donneras le nom "Emmanuel" c'est à dire: Dieu avec nous. Hier soir, j'écoutais une émission où des parents d'enfants souffrants d'autisme parlait de leur vécu, des soins donnés à ces personnes et de leur préoccupation pour l'avenir losqu'ils ne pourront plus s'en occuper. D'autre part, j'entendais aussi la solidarité en faveur de la famille dont le père vient de périr dans un accident de la route; et combien d'autres exemples autour de moi dans mon milieu et dans le monde. Je réfléchissais au texte de l'Évangile où Joseph doit révéler un Dieu avec nous.
Je me disais: nous avons enlevé la religion dans l'espace public, mais non pas Dieu. Ces gens à la télé n'ont pas nommé Dieu, ils l'ont révélé par leur agir. Et je pensais à Moïse à qui Dieu a dit sur le Sinaï:`Je suis celui qui serai, regardez-moi agir avec vous et vous découvrirez qui je suis. Une prière d'action de grâce monte en moi chaque fois que j'entends ces émissions venir me dire Dieu dans mon salon. Ces personnes, sans doute pour la plus part sans le savoir, nous révèlent cette puissance divine qui nous habite sans la nommer. C'est le chapitre 25 de Mathieu: Ce que vous faites au plus pettis d'entre les miens, c'est à moi que vous le faites. Les manifestations religieuses, les célébrations sont moins nombreuses dans l'espace publique mais on dirait que Dieu se rit de nous en se révélant dans l'agir des chrétiens d'ici sans se donner de nom. "Je suis là tout simplement avec vous dans votre quotidien." Un jour peut être apprendrons-nous à célébrer cela ensemble.
Je viens de recevoir une lettre pastorale des nos Évêques de l'Inte-Est, soit les diocèses de Gaspé, Rimouski et Baie-Comeau concernant les célébrations de la Parole en paroisse. Depuis un certain nombre d'années, par suite de la diminution des célébrations eucharistiques, nous avons vu naitre des célébrations de la Parole. Nous partons de loin et la Parole de Dieu n'a pas été trasitée selon son importance dans nos célébrations en latin et les sermons où il n'y avait pas de référence à la Parole. Cette lettre pastorale nous arrive pour un nouvel élan dans une situation qui dérange et questionne. On y fait la promotion de la Parole de Dieu et de l'importance de veiller à la qualité de la célébration qui doit faire prier et nourrir la vie de foi et l'engagement chrétien. J'espère que les bulletins paroissiaux y feront écho.
Dans sa lettre de présentation, Mgr Grondin de Rimouski écrit: "Je souhaite ardemment que le tournant missionnaire de nos communautés chrétiennes retrouve son dynamisme à partir du Christ et, donc d'une rencontre persoennelle et communautaire renouvelée qui a sa source dans la Parole de Dieu. Le climat de laïcité et de redéfinition des appartenances appelle plus que jamais les baptisés à vivre des relations vraies et transformantes, porteuses de vie et d'une espérance qui soutiennent note témoignage d'amour et d'engagement à la suite de Jésus que les Écritures nous révèlent.
Et plus loin dans le texte on nous dit: "En Jésus le Christ, Dieu nous parle (...) C'est la manière de Dieu de se livrer en personne aux amis que nous sommes. C'est le fondement de toute célébration de la Parole." Dans son exhoration apostolique sur la Parole de Dieu dans la mission de l'Église le Pape Benoit XV1 nous a rappelé que les Écritures sont le sacrement de la Parole. Elles révèlent Celui qui nous parle. elles nous font entrer dans son mystère. (...) Si on savait toute la grandeur d'une célébration de la Parole, nous comprendrions qu'elle n'est pas une suppléance à une absence de célébration eucharstique ni une célébration à rabais." Lettre de nos Évêques. La diminution de célébration eucharistique n'est pas la raison pour vivre des célébrations de la Parole, (comme si c'est mieux que rien, ou encore quand on n'a pas de pain, on se contente de galettes,) mais c'est l'occasion de découvrir la valeur et la richesse de ces célébratiosn au coeur de nos communautés chrétiennes.
Pour les chrétiens, il est difficile de goûter ces célébrations habitués à l'Eucharistie obligatoire et aux sermons tonitruants de certains dimanches qui résonnent encore à nos oreilles. Nous avons un long compagnonnage avec la Parole à parcourir afin que ces célébrations prennent toute leur valeur. Jésus est présent dans sa Parole d'une présence réelle comme dans l'Eucharistie. Mais comme nous le dit Paul V1, cette présence n'est pas sacramentelle.
S. Jérôme au 5e siècle écraivait: "Pour nous j'estime que l'Évangile est le corps du Christ et que les Saintes Écritures sont sa doctrine. Quand le Seigneur parle de manger sa chair et de boire son sang, cela peut s'entendre certes du mystère de l'Eucharistie. Cependant, son vrai corps et son vrai sang, ce sont aussi la Parole des Écritures et sa doctrine."
La Parole de Dieu est d'une importance capitale dans la vie du chrétien et de l'Église. Depuis plus de cinq cent ans, nous l'avons mis de côté ce qui a pour conséquence que nous sommes sacramentalisés et non évangélisés. Vatican 11 timidement a voulu lui redonner ses galons, mais la route est longue et difficile. J'accompagne des groupes de partage biblique depuis une dizaine d'années et les effets se font reconnaitre doucement dans les changements de mentalité, de vision de l'Église et de la vie chrétienne. L'avenir est en avant.
Plus...
L'Évangile de Luc que nous lisons à la liturgie d'aujourd'hui, nous présente une modèle d'évangélisation pour notre temps. Marie dès qu'elle prend consience qu'elle est habitée par le Fils de Dieu part rapidement vers Élisabeth partagée sa joie. Le texte de Luc nous dit qu'elle se rendit avec empressement. Le texte ne dit pas qu'elle va présenter Jésus à Jean Baptiste, cela ne semble pas son but. C'est dans la rencontre des deux femmes que Jésus va saluer Jean dans le sein de sa mère. C'est à L'occasion d'une rencontre d'amitié, de fraternité, de partage et de joie que Jésus agit. Les deux enfants existent, sont présents mais on les voit pas.
Le premier pas de l'évangélisation ne serait-il pas dans ces rencontres d'amitié, de partage où l'on crée des liens et où on sème la joie et l'amour? Nous dès que nous pensons évangélisation, nous pensons rencontre de catéchèse d'une part ou bien des rencontres ou le but est d'évangéliser. Je crois de plus en plus que l'évangélisation va passer à travers nos rencontres journalières si elles sont chargées de l'amour du Christ, et si le Christ nous habite au lieu des connaissances sur Lui.
Marie est partie avec empressement. Et moi? Est-ce que cette présence du Christ en moi est assez forte et importante pour que je parte en hâte partager ma joie avec d'autres. Non pas leur donner des connaissances ou de la théorie sur Jésus, mais porter la joie d'une présence et une joie contagieuse. J'écoutais à la télé des personnes qui partagent du temps avec les enfants blessés qui ont besoin d'amour, des gens à la retraite qui donnent du temps aux personnes seules et souvent abandonnées. Ces gens semblaient tellement heureux; ne serait-ce pas cela aussi évangéliser? Évangéliser, ne serait-ce pas descendre des oreilles au coeur? Le texte de Luc 1, 39-48 m'apparait une source de méditation pour un agir évangélique. Le Christ est ressuscité, il est présent mais on ne le voit pas comme Marie et Élisabeth, c'est à travers nous qu'il passe et souvent à notre insu. Notre mission ne serait-elle pas d'abord de laisser passer Jésus?
Ce soir, une émission de télé le vrai monde m'a ramené des souvenirs délicieux que je ne peux m'empêcher de partager. Grégory charles pésentait des étrangers venus travailler ou vivre ici et il y avait des vietnamiens. Et je suis retourné 35 ans en arrière. J'avais accueilli au presbytère des soldats vietnamiens qui avaient fuit l'armée au temps ou leur pays était envahi par les communistes. On les applait les "boot people".
Je les vois encore descendre de l'avion à l'aéroport de Mont-Joli; ils n'ont pour seul bagage que le linge qu'ils portent: une chemise mince, un pantlaon et des souliers pas de bas. Pour nous la température était bonne, mais eux grelottaient comme feuille au vent d'automne. Nous sommes arrêtés en route pour leur acheter des vêtements chauds afin qu'ils soient confortables. Un stagiaire vietnamien qui se préparait à devenir prêtre logeait au presbytère et cette présence m'a facilité les premiers jours d'apprentissage.
L'un est demeuré un an avec moi et l'autre deux ans. Les cours de français à l'école des adultes leur a permis de se débrouiller rapidement. Ils nous racontaient des choses vécues dans l'armée communiste. Un soir qu'ils étaeint en route vers le Laos, l'armée avait compé en forêt près des frontières du Laos et ils entedaient les cris des prisonniers vietnamiens que l'on dépeçaient vivants afin d'apeurer les autres et qu'ils rebroussent chemin. Ils se disaient: demain, ce sera peut-être notre tour. L'armée les poussait toujurs en avant. ALors en faveur de la nuit, ils ont fuit l'armée vers un camp de réfugies en Thaïlande. C'est de là qu'ils sont arrivés au Canada.
Un jour, l'un D'eux reçoit une lettre du Viet Nam, il dit: c'est ma mère. Il disparait dans sa chambre. Il n'avait pas reçu de nouvelles de sa famille depuis cinq ans et il ne savait pas ce que cette lettre lui réservait comme nouvelle. Mais tout était bien chez lui. L'un est parti à Vancouver chez des amis pour travailler et l'autre est allé à Montréal pour travailler avec des amis vietnamiens.
J'ai gardé de cet événemenmt deux leçons importantes. D'abord la joie dans les yeux de ces jeunes qui se sont sentis libres et aimés. Réalités qu'ils avaient perdues depuis l'invasion communiste de leur pays. Je les ai aimés comme s'ils étaient ma propre famille. Une deuxième leçon fut la grande générosité des gens d'ici qui m'ont aidé financièrement. Des marchands de vêtements les ont habillés pour l'hiver. Ce fut un moment de bonne rigolade quand ils se sont vus dans le miroir habilés pour le pôle nord. Un matin, j'étais dehors près du presbytère, une voiture s'arrête et le monsieur me donne une enveloppe: C'est pour t'aider à prendre soin de tes garçons, me dit-il. Et il repart. J'ouvre l'enveloppe, elle contenait dix billets de cent dollars. Cette générosité des gens d'ici, j'en ai été témoin et même profité très souvent dans ma vie en paroisse.
Quand ces souvenirs remontent en moi, c'est l'occasion d'un moment d'action de grâce. Le Seigneur m'a comblé et j'ai mieux compris qu'il y a plus de joie à donner qu'à recevoir. Accueillir des gens d'ailleurs, c'est difficile à la fois pour nous et pour eux. La seule voie possible est d'accepter la différence et de nous aimer comme ça. Un vieux proverbe disait: Il est plus facile de sortir un gars de la campagne que de sortir la campagne du gars. La même chose est vraie pour un vietnamien, un africain.... Mes vietnamiens ont du apprendre à vivre en québécois mais ils sont restés vietnamiens.
Ce matin, six décembre, où le souvenir du drame de la polytechnique revient nous hanter, je me permets de méditer une page d'Évangile qui me nourrit depuis quelques jours. Elle est inspirée du livre du Père Arnold: Dieu derrière la pote, P.177 ss.
Nous parlons beaucoup de l'option de Jésus pour les pauvres et les mal gommés de la société. Cependant Jésus a fait une option fondamentale pour la place des femmes dans la société, il a bousculé les traditions patriarcales de son temps et nous n'en parlons presque pas. L'Évangile de Luc est un exemple percutant à ce niveau. Le drame de la polytechnique serait peut être une occasion pour se tourner vers ces passages de l'Évangile.
Le texte de l'Annonciaiton dans Luc est percutant. Marie décide seule devant la parole de l'ange d'accepter le projet de Dieu. Elle est fiancée, mais ne s'occupe pas de Joseph. Il est peinturé dans le coin. Ceci est inconcevable dans leur tradition, c'est briser une tradition patriarcale séculaire. Si nous clignotons vers Mathieu, c'est Joseph qui est mis en évidence et Marie est la petite soumise. La décision de Marie en Luc devrait provoquer pour elle l'exclusion sociale et religieuse et même la mort. Cette décision de Marie l'élève au même rang de dignité que les hommes. elle devient servante du Seigneur comme le furent Abraham et Moïse ... Ceci nous conduit à une nouvelle conception du féminin et empêche de réduire la femme au foyer pour élever des enfants. elle n'est pas seulement épouse et mère, elle est FEMME d'abord, elle est une personne humaine créée à l'image de Dieu. Nous avons sans doute trop réduit Marie à un rôle de priante, les mains jointes et les yeux fermées. Elle est la femme forte de l'Évangile qui brise les tabous du patriarchat et secoue dans sa base même le préjugé masculin.
L'épisode de la "prostituée" qui entre chez Simon pour baigner les pieds de Jésus, Lc 7, 36, nous questionne aussi. Nous avons mis l'accent sur le pardon que Jésus accorde à cette femme. Pourquoi n'y verrions-nous pas une amante qui vient briser les tabous masculins. elle est un témoin de l'amour qui se permet de briser les traditions patriarcales pour nous enseigner notre relation avec le Seigneur. Là où les hommes voient une prostituée, Jésus voit une amante qui dit son amour sans gêne et nous conduit sur ce même chemin. Jésus accueille cette femme et lui redonne sa dignité de femme et de personne humaine et Il nous dira le jeudi saint: Faites ceci en mémoire de moi.
Une autre occasion forte est la présence des femmes au tombeau le matin de Pâques. Alors que les disciples sont enfermés à Jérusalem comme un groupe d'adolescents peureux, les femmes vont au tombeau découvrir et révéler la résurrection face au scepticisme de ces messieurs possesseurs de la vérité. Lc 24, 22-23. Écoutons-les: "Certaines femmes qui sont des nôtres sont venues nous dire que des anges leur avaient dit que Jésus Était ressuscité." Mais peut -on se fier à des paroles de femmes? Jésus a pris une option fondamentale pour la place de la femme dans l'Église et la société ....
La visite de Jésus chez Marthe et Marie en est un autre exemple significatif. Marie est assise au pied de Jésus. C'est la place et l'attitude du disciple pas celle des femmes mais celle de l'homme. la place des femmes est celle de Marthe qui prépare le repas et fait le service. Marthe veut rester à la sacristie pour préparer la liturgie alors que Marie devient disciple et témoin du Christ. Jésus veut redonner la dignité de disciple à cette femme et à toutes les autres après elle. La meilleure part que Jésus annonce est cette dignité de disciple inaugurée par Jésus de Nazareth. Cette dignité de disciple n'était réservée qu'aux hommes.
Si nous apprenons à lire l'Évangile dans cette optique, nos mentalités pourraient chager, du moins je le souhaite. J'ai eu une femme comme mère; dans mon ministère, j'ai été marqué par des présences de femmes comme compagne de travail, J'ai découvert un intérêt pour la Bible grâce au travail de biblistes féminins qui ont ouvert des chemins nourrisants et motivants. Quand je relie des écrits contemporains dans la société et dans l'Église, je suis un peu gêné pour toutes ces femmes. Si je regarde ce qui se passe aujourd'hui encore dans notre monde, dernièrement nous avons suivit un reportage sur Mme Casgrain la première députée au Québec, le souvenir du six décembre 1989, sont encore des questions posées à notre mentalité ecclésiale. Où est passé le message de Jésus?
Hier soir, à ue émission télé, une jeune femme est venue porter témoignage de son vécu. Enfant de la DPJ, elle a vécu une enfance difficile, maintenant guérie de ses blessures, elle vient s'engager pour aider les enfants malheureux à vivre une enfance plus souriante. Elle s'est engagée avec une fondation à côté des services communautaires à donner de l'amour aux enfants malheureux. Elle sait de quoi elle parle quand elle affirme que les enfants on d'abord besoin d'amour. Abandonnée à la DPJ, alors qu'elle criait maman, celle-ci lui répond: Je ne suis plus ta mère. Comment un coeur d'enfant peut recevoir une telle sentence. Ce matin, je veux dire MERCI à l'esprit Saint de susciter de ces pasteures et pasteurs dans notre société pour panser les coeurs endoloris. Quand je prie pour les vocations, c'est pour celles-là que je prie d'abord. Cette dame, hier soir, est un exemple parmi tant d'autres qui surgissent aujourd'hui dans notre monde et dont on ne parle jamais.
Ce matin, c'est la grande guignolée des médias. Ce grand mouvement de solidarité à la veille de Noël avec les familles dans le besoin est aussi un signe que l'amour et la ccompassion sont toujours bien vivantes au coeur de notre monde. Là aussi je dis MERCI à l'Esprit Saint de faire naitre ces coeurs généreux qui vont poser des étoiles dans les yeux des enfants à Noël.
Cependant, je n'ai pu m'empêcher de me regarder dans le miroir. J'ai été un peu gêné. Comme prêtres, nous sommes obligés de mettre l'accent sur l'argent pour chauffer nos églises. Les paroissiens se divisent souvent face aux regroupements des fabriques. Comme retraité, j'entends rarement parler du soutien des familles endolories par la pauvreté, la souffrance, les deuils. Nous parlons beaucoup plus des rites à respecter. Quand je vois tout ce qui se fait dans la société pour améliorer la qualité de vie des gens, je me pose des questions sur notre présence ecclésiale. Est-ce que le fait que nous sommes célibataires logés dans de beaux édifices ne nous a pas éloignés et rendus étangers à la vie des familles? Le Pape François invite à écouter le cri des pauvres, à être contemplatifs du monde; quand j'entends la dame hier soir, je me dis: c'est cela qu'elle fait. Elle le fait parce qu'elle connait le problème. Pour moi, elle et tous ceux et celles qui lui ressemblent, vivent l'Eucharistie et la mission donnée par le Christ le jeudi saint au soir, alors que moi, je me contente de l'adorer et de la célébrer. Si je suis un retraité qui s'amuse à vieillir, je suis aussi un retraité fortemant questionné par notre vie d'Église et je crois, que nous prêtres, avons peur d'aborder les vrais problèmes.
Je suis là ce matin dans mes mercis et mes questions.